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Haïti: le dauphin de René Préval sur la sellette

Jude Célestin, proclamé second du premier tour, serait désavoué par l'Organisation des Etats américains. [Ramon Espinosa]
Jude Célestin, proclamé second du premier tour, serait désavoué par l'Organisation des Etats américains. - [Ramon Espinosa]
L'Organisation des Etats américains (OEA) préconise que Jude Célestin, le candidat du pouvoir, quitte la course à la présidentielle haïtienne, dans un rapport dont a eu vent un diplomate de l'ONU lundi. Le Président sortant, René Préval, refuse de son côté d'abdiquer en faveur d'un gouvernement de transition.

Le texte très attendu est un rapport d'évaluation du premier tour contesté de la présidentielle. Il a été rédigé par dix experts de l'OEA, arrivés en Haïti fin décembre, et qui devaient remettre ce rapport lundi aux autorités locales.

Interrogé par des journalistes, le président sortant René Préval s'est refusé à tout commentaire sur ce rapport qui prône l'élimination de Jude Célestin, considéré comme très proche de lui. "Je ne vais pas commenter les recommandations relayées par la presse. Je n'ai pas encore reçu ce rapport, il n'est pas officiel", a déclaré René Préval

La mission de l'OEA est d'avis que le chanteur Michel Martelly, arrivé en troisième position, demeure dans la course, selon cette source diplomatique qui a tenu à conserver l'anonymat. "Il sera très difficile pour Préval d'ignorer cette recommandation", a déclaré cette source.

Le pour cent qui fâche

L'annonce des résultats du premier tour de la présidentielle du 28 novembre avait provoqué des violences dans le pays, amenant René Préval à commander ce rapport à l'OEA, considérée comme un arbitre impartial à même de calmer le jeu.

Selon les résultats proclamés début décembre par le Conseil électoral, l'ex-première dame Mirlande Manigat était arrivée en première position avec 31% des voix, devant Jude Célestin (22%).

Michel Martelly, qui conteste ces résultats, était arrivé de justesse en troisième position avec 21% des voix et n'avait donc pas été qualifié pour le second tour, au grand dam de ses partisans qui avaient manifesté violemment dans l'ensemble du pays. Un deuxième tour est en principe prévu dimanche, mais le délai semble impossible à tenir.

Selon des sources diplomatiques, les ambassadeurs des pays amis d'Haïti (Etats-Unis, Brésil, Canada, France...) comptent appeler René Préval rapidement après la remise du rapport de l'OEA afin de discuter de ses conclusions.

Un an après, tout reste à faire

Face au risque de nouvelles violences après la publication du rapport de l'OEA, l'ambassadeur des Etats-Unis, Kenneth Merten, a émis l'espoir que "tout le monde garde la tête froide".

Le processus électoral chaotique que connaît Haïti n'aide pas le pays à se relever, à deux jours du premier anniversaire du séisme qui a tué plus de 220'000 personnes. Un an plus tard, la reconstruction ne progresse que très lentement.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations, plus de 800'000 Haïtiens vivent toujours dans des camps de réfugiés dans des conditions très difficiles. A cela s'ajoute une épidémie de choléra qui a tué 3732 personnes, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé publique.

Lundi, la présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre américaine des représentants, la républicaine Ileana Ros-Lehtinen, a indiqué qu'elle se rendrait mardi en Haïti.

afp/jeh

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René Préval rejette toute solution transitoire

Le président haïtien René Préval a indiqué lundi soir qu'il ne pouvait plus quitter le pouvoir le 7 février 2011 parce qu'avant cette date "on n'aura pas un président élu".

Selon la constitution haïtienne, le président est élu pour 5 ans et laisse le pouvoir le 7 février de la cinquième année de son mandat.

Cependant, le président René Préval qui avait prêté serment le 14 mai 2006 a fait valoir qu'il pouvait continuer afin de boucler le quinquennat en raison des problèmes posés par les résultats contestés du premier tour des élections le 28 novembre 2010.

Il a rappelé en ce sens qu'une loi votée le 4 mai 2010 lui permettait de rester au pouvoir au-delà de la date du 7 février si les élections ne se tenaient pas à temps pour lui permettre de partir.

"Si le processus électoral se poursuit, si les élections se font le 15 févier, je pars le 15 février, en mars ou en avril jusqu'au 14 mai", a-t-il indiqué.

Il a une nouvelle fois mis en garde contre la mise en place d'un gouvernement provisoire qui, selon lui, serait néfaste pour la stabilité, pour la reconstruction et les investissements.

René Préval a enfin regretté que depuis 25 ans, "un seul président a pu terminer son mandat, qu'un seul président va terminer son deuxième mandat".

"Ce n'est pas normal que tous les présidents d'Haïti finissent toujours soit en exil soit en prison", a-t-il conclu.