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Une année après le séisme, Haïti a pleuré ses morts

Des centaines de personnes se sont recueillies en mémoire des victimes du séisme du 12 janvier 2010. [KEYSTONE - J Pat Carter]
Des centaines de personnes se sont recueillies en mémoire des victimes du séisme du 12 janvier 2010. - [KEYSTONE - J Pat Carter]
Les Haïtiens se sont recueillis mercredi en souvenir des victimes du séisme qui a dévasté Port-au-Prince, un an jour pour jour après la catastrophe, dont le pays ne s'est toujours pas remis. Il est en pleine tourmente politique et frappé par le choléra.

A 16h53 précises (22h53 en Suisse), heure à laquelle la
secousse de magnitude 7 a
dévasté la capitale haïtienne le 12 janvier 2010, des centaines de personnes se
sont recueillies, main sur le coeur, devant le palais présidentiel en ruines.

Après la minute de recueillement, des policiers ont remonté
devant le palais le drapeau qui était en berne depuis un an en mémoire des plus
de 220’000 victimes. Mais un homme d'une trentaine d'années est resté à genoux
devant le palais national, qui reste entouré d'un immense camp de sinistrés.
"Donnez-moi la force de continuer avec mes trois enfants",
implorait-il. "Je ne voulais pas rester chez moi. Je voulais sortir,
être ailleurs", témoignait Béatrice Paul, une jeune femme de 30 ans qui
est restée bloquée 24 heures sous les décombres et a perdu un bébé et un bras
dans le séisme.

Préval, ministres et Clinton

Le président haïtien René Préval et sa femme, en compagnie du Premier ministre (à droite), ont rendu hommage aux victimes. [Ramon Espinosa]
Le président haïtien René Préval et sa femme, en compagnie du Premier ministre (à droite), ont rendu hommage aux victimes. [Ramon Espinosa]

Plus tôt, plusieurs milliers de personnes, portant leurs
plus beaux habits et la Bible
à la main, s'étaient rassemblées pour une messe en plein air devant la
cathédrale de Port-au-Prince, qui n'est plus qu'un tas de décombres.
"C'est un jour pour la réflexion, une journée pour la prière", a
déclaré Roger Jean, 64 ans, disant s'adresser "au Seigneur avec une prière
spéciale pour Haïti, pour qu'Haïti change, pour qu'Haïti vive encore". Roger
Jean a perdu sa femme et trois enfants dans le séisme, "mais la vie
continue", dit-il.

Le président René Préval a posé la première pierre d'un
mémorial qui sera érigé en face du palais présidentiel "pour ne jamais
oublier les victimes", a-t-il déclaré. Vêtu d'un costume sombre, il a
assisté à une cérémonie du souvenir en compagnie de membres du gouvernement et
de l'ancien président américain Bill Clinton, très impliqué dans la
reconstruction du pays.

Suggestion

Des célébrités comme la star américano-haïtienne du hip-hop
Wyclef Jean étaient également présentes. "Ce malheur doit nous réunir pour
reconstruire Haïti", a dit M. Préval, visiblement ému et appelant les
Haïtiens à rester solidaires. Un an après la tragédie, Haïti n'a pas pansé ses
plaies.

L'économie et les infrastructures sont paralysées, une
épidémie de choléra apparue en octobre et qui a fait 3759 tués continue de
sévir et plus de 800 000 personnes survivent toujours dans des campements de
fortune.

Rapport attendu

Les donateurs internationaux ont promis près de 10 milliards
de dollars, dont seule une fraction a été dépensée, en attendant que la
situation politique née du premier tour de la présidentielle du 28 novembre se
stabilise. Le Premier ministre Jean-Max Bellerive a indiqué que son
gouvernement recevrait jeudi le rapport de l'Organisation des Etats américains
(OEA) censé résoudre la crise.

Selon une copie du rapport consultée par l'AFP, l'OEA
recommande l'exclusion du deuxième tour du candidat du pouvoir, Jude Célestin,
arrivé en deuxième position d'après les résultats contestés annoncés début
décembre par le Conseil électoral haïtien. Bilan en hausse évoqué La date du
second tour, qui verrait alors s'affronter l'ex-Première dame Mirlande Manigat
et le chanteur populaire Michel Martelly, n'est en tout cas toujours pas fixée.

Chiffres plus élevés que l’ONU

Le Premier ministre Jean-Max Bellerive a assuré mercredi que
le séisme avait fait 316’000 tués, 350 000 blessés et plus de 1,5 million de
sans-abri, des chiffres bien plus élevés que ceux de l'ONU, qui font état de
plus de 220’000 tués et 1,2 million de sans-abri.

Il a également estimé que le nombre de personnes vivant
toujours dans des camps était plus près de 400 000 que de 800 000 comme l'a
récemment affirmé l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

ats/cht

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