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Blagues belges pour réclamer un gouvernement

Benoît Poelvoorde va-t-il se retrouver avec une barbe aussi fournie qu'en 2006 lors du festival de Cannes?
Benoît Poelvoorde va-t-il se retrouver avec une barbe aussi fournie qu'en 2006 lors du festival de Cannes?
Descendre dans la rue, camper "virtuellement" sous les fenêtres des responsables politiques ou se laisser pousser la barbe jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement voie le jour: les Belges multiplient les initiatives pour dire leur exaspération face à une crise qui n'en finit pas.

Sept mois jour pour jour après les élections législatives du
13 juin, les partis flamands et francophones se disputent toujours sur le degré
d'autonomie à accorder aux régions, que les premiers veulent la plus poussée
possible, empêchant la constitution d'une nouvelle coalition gouvernementale.

Lors de la précédente crise politique, en 2007, des milliers
de drapeaux aux couleurs de la
Belgique avaient fleuri aux fenêtres. Une manifestation pour
l'unité du royaume avait à l'époque rassemblé quelque 30’000 personnes dans la
capitale.

Etrange apathie

Depuis juin, la population est cette fois restée étrangement
apathique, comme égarée par les méandres de négociations byzantines et
observant avec une circonspection croissante le ballet des "conciliateurs"
et autres "médiateurs" défilant chez le roi Albert II sans parvenir à
retrouver la voie du compromis.

Il faut dire que les Belges sont habitués aux longues
périodes nécessaires à la formation de gouvernement, le système électoral à la
proportionnelle ne permettant jamais de dégager de majorités claires. Le fait
que le gouvernement sortant, qui gère depuis des mois les affaires courantes,
ait évité les décisions douloureuses pour le portefeuille, malgré la pression
croissante des marchés financiers, explique également la longue indifférence de
la population.

Mais il semble que l'absence de gouvernement à Noël et le
passage du cap des 200 jours sans gouvernement a constitué un déclic. "Les
signes de ras-le-bol se multiplient", soulignait le quotidien Le Soir
cette semaine.

Benoît Poelvoorde en tête

Avec le sens de la dérision et du surréalisme qui
caractérise le pays, l'acteur vedette Benoît Poelvoorde a relayé mardi un
appel, jusque-là confidentiel, incitant les Belges à ne plus se raser jusqu'à
ce qu'un nouveau gouvernement soit formé. Il est encore trop tôt pour dire si tous les compatriotes de
Poelvoorde et d'Hergé ressembleront bientôt au capitaine Haddock, mais son cri
du coeur, visible sur internet, a déjà fait le tour du monde.

Plus cynique et dans la veine de "C'est arrivé près de
chez vous", le film qui avait lancé Poelvoorde en 1992, un célèbre
caricaturiste, DuBus, a publié sa propre photo le montrant tenant un chat en
joue avec un revolver, barré du slogan: "Si vous ne formez pas un gouvernement,
je le tue".

Le site www.camping16.be et ses tentes virtuelles ont déjà plus de 65'000 résidents.
Le site www.camping16.be et ses tentes virtuelles ont déjà plus de 65'000 résidents.

Un autre site décompte lui avec ironie le nombre de jours qui séparent encore le royaume du
record mondial d'absence de gouvernement. Actuellement détenu par l'Irak (289
jours), il pourrait bien être égalé par la Belgique le 30 mars. Le site www.camping16.be
propose quant à lui de planter une tente virtuelle devant le "16, rue de
la loi", adresse du bureau du Premier ministre. Ce camping sauvage compte
déjà plus de 65’000 "résidents", trois jour à peine après son
lancement.

Un jeune Flamand, Kris Janssens, dénonce pour sa part
l'incurie des élus dans un mini-clip hilarant. "N'y a-t-il pas une loi qui
oblige ces parlementaires à former un gouvernement ?", ironise-t-il
notamment sur youtube.

Enfin, des jeunes appellent les "Belges et
sympathisants" à manifester pour un gouvernement le 23 janvier à
Bruxelles, vêtus de blanc, comme lors de la "Marche blanche" qui avait
rassemblé en 1996 quelque 300’000 personnes pour dénoncer les crimes du
pédophile meurtrier Marc Dutroux.

afp/cht

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