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Le pire désastre du Brésil en 40 ans

Teresopolis a été la ville la plus durement touchée. [REUTERS - Bruno Domingos]
Teresopolis a été la ville la plus durement touchée. - [REUTERS - Bruno Domingos]
Sous les torrents de boue qui ont dévasté la région montagneuse située près de Rio, les secouristes ont découvert jeudi toutes les heures de nouvelles victimes ensevelies. Le bilan provisoire s'établit désormais à 432 morts. La présidente Dilma Rousseff a survolé les lieux du pire drame en 40 ans dans le pays.

A Teresopolis, une ville de villégiature située à 100 km de Rio, le bilan est de plus de 175 morts et de 39 dans la ville voisine de Petropolis, ont annoncé les porte-parole de ces deux mairies à l'AFP. Treize corps ont aussi été découverts dans la petite ville de Sumidoro.

"Les gens viennent identifier les corps qui sont entassés dans le garage du commissariat de Teresopolis. Il y a de nombreux cadavres et l'odeur est insoutenable", a rapporté le photographe de l'AFP. Dans cette seule ville de Teresopolis, on comptait plus de 2200 personnes ayant perdu ou ayant dû abandonner leurs maisons, selon la mairie. Celles qui n'ont pas trouvé refuge dans leur famille sont hébergées dans un gymnase. La Marine est en train d'installer un hôpital de campagne à proximité.

Un nouveau-né retrouvé sain et sauf

Rare signe d'espoir, au milieu des décombres de Nova Friburgo, au nord de Rio de Janeiro, les pompiers ont célébré une renaissance. Un bébé de six mois a en effet été secouru indemne après être resté quinze heures enseveli sous la boue, blotti dans les bras de son père. Ce dernier a également été sorti, vivant, une demi-heure plus tard.

La pluie, qui en quelques heures dans la nuit de mardi à mercredi, a provoqué des glissements de terrain et enseveli des centaines de maisons, avait repris jeudi matin. "Il pleut beaucoup, le sol est saturé d'eau et il y a des risques de nouveaux éboulements", a rapporté un photographe de l'AFP à Teresopolis. Les services météorologiques prévoient encore des précipitations pour les prochains jours.

La présidente s'est rendue dans la région

La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a survolé jeudi en hélicoptère puis parcouru à pied des zones dévastées par les pluies et promis "une action ferme". Rousseff était accompagnée du gouverneur de l'Etat de Rio, Sergio Cabral, et a parlé aux habitants après un survol de la région avec le ministre de la Défense, Nelson Jobim. La présidente a en outre déjà débloqué 780 millions de reais (450 millions de dollars) pour secourir les sinistrés.

Cette tragédie est la pire de ces dernières décennies au Brésil. Elle dépasse celle de Caraguatatuba (littoral septentrional de Sao Paulo) en 1967 quand près de 300 personnes avaient péri à la suite de pluies diluviennes.

La catastrophe s'est produite dans le décor majestueux de montagnes couvertes de végétation tropicale à une centaine de kilomètres au nord de Rio où, depuis de longues années, les riches Cariocas prennent leurs quartiers d'été.

afp/ats/jzim

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Urbanisation sauvage en cause

La pire catastrophe des dernières décennies au Brésil, survenue dans la région montagneuse près de Rio, est le résultat de l'urbanisation sauvage et d'un rare phénomène naturel aggravé par des pluies de plus en plus violentes avec le changement climatique, selon les experts.

La tragédie survient dans un contexte de pluies et de sécheresses plus intenses au cours des dernières années qui coïncident aujourd'hui au Brésil avec le phénomène météorologique de La Nina et que certains scientifiques attribuent également à une exacerbation du changement climatique.

Le secrétaire de l'Etat de Rio à l'Environnement, Carlos Minc a pour sa part déclaré au quotidien O Globo que "ce qui s'est passé est un mélange de catastrophe naturelle et d'irresponsabilité historique de plusieurs maires dont certains ont même encouragé la construction immobilière sur les versants" des montagnes.