"Je refuse que la condition délimitant l'âge du candidat à la présidentielle soit touchée", a-t-il déclaré dans un discours télévisé, alors que les victimes des violences se chiffrent par dizaines. L'âge maximal pour se présenter à la présidentielle est fixé à 75 ans par la Constitution tunisienne et M. Ben Ali a actuellement 74 ans.
Liberté d'information et baisses de prix
Au pouvoir depuis 23 ans, Ben Ali a aussi ordonné aux forces de l'ordre de ne plus faire usage d'armes à feu contre les manifestants. Il a par ailleurs annoncé une baisse des prix du pain, du lait et du sucre, et promis la liberté "totale" de l'information et de l'internet. Dans un aveu d'un caractère exceptionnel, le président tunisien a également admis avoir été "trompé" sur l'analyse de la crise sociale qui agite la Tunisie depuis près d'un mois et affirmé que l'enquête qu'il a ordonnée serait indépendante et établirait les "responsabilités de chacun".
C'est la troisième fois que Ben Ali prend la parole à la télévision depuis le début des troubles le 17 décembre. La Tunisie est le théâtre de vives contestations depuis qu'un vendeur ambulant s'est immolé par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid (centre) - le diplômé de 26 ans a succombé quelques semaines plus tard à ses blessures.
Le mouvement a fait des dizaines de morts
Entre temps, le mouvement s'est propagé à plusieurs régions du pays, atteignant mercredi le centre de Tunis. Les chiffres du gouvernement font état de 23 morts depuis le début des violences, tandis que des témoins et les syndicats évoquent au moins une cinquantaine de morts.
Contactée jeudi à Paris par l'Associated Press, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) a dit avoir recensé 66 morts: sept personnes qui se sont suicidées et 59 qui ont été tuées lors de manifestations, "la plupart" par balles, dont une Suissesse.
L'Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) a indiqué pour sa part avoir reçu des informations faisant état "d'exécutions sommaires lors de raids nocturnes" dans plusieurs villes de Tunisie.
Pressions internationales
Sur le plan international, le gouvernement français a haussé le ton jeudi face au régime tunisien, sous la pression des bilans humains qui ne cessent de s'alourdir et des critiques de l'opposition. Le Premier ministre François Fillon a dénoncé pour la première fois la répression par les forces de sécurité du président Ben Ali.
Navi Pillay, Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, a appelé la Tunisie à ouvrir une enquête sur les violences policières présumées. L'Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) a de son côté indiqué jeudi avoir reçu des informations faisant état "d'exécutions sommaires lors de raids nocturnes" dans plusieurs villes de Tunisie, en proie à de violents affrontements. La Suisse, les Etats-Unis, les Pays-Bas et le Portugal ont déconseillé jeudi les voyages non essentiels en Tunisie.
agences/jzim