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Fuite du président Ben Ali: réactions en chaîne

Des Tunisiens de France ont célébré le départ de Ben Ali devant l'ambassade de Paris.
Des Tunisiens de France ont célébré le départ de Ben Ali devant l'ambassade de Paris.
Les réactions s'enchaînent après la fuite du président tunisien Ben Ali. La France ne souhaite pas sa venue, tandis que les Etats-Unis appellent à organiser des élections libres "dans un proche avenir". Des Tunisiens expatriés laissent quant à eux éclater leur joie.

La France "ne souhaite pas" la venue sur son sol du président tunisien en fuite Zine El Abidine Ben Ali, a-t-on indiqué vendredi soir de source proche du gouvernement, expliquant notamment cette position par le risque de mécontentement de la communauté tunisienne dans l'ex-puissance coloniale. Il n'y "aucune chance" pour que le président Ben Ali atterrisse sur le sol français, a même précisé cette source.

Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans, a quitté vendredi la Tunisie après une contestation sans précédent de son régime qui a été réprimée dans le sang. Son avion survolait vendredi peu avant 20 heures l'espace aérien maltais "en direction du Nord", selon un porte-parole du gouvernement maltais.

Les Etats-Unis saluent le courage du peuple

Le président américain Barack Obama a salué vendredi le "courage et la dignité" du peuple tunisien et appelé le gouvernement à organiser des élections "libres et justes" dans "un proche avenir". "Je condamne et déplore le recours à la violence contre des citoyens qui ont exprimé de façon pacifique leur opinion en Tunisie et je salue le courage et la dignité du peuple tunisien", a fait savoir le pensionnaire de la Maison Blanche, saluant "une lutte courageuse et déterminée pour des droits universels".

"Nous nous souviendrons longtemps des images du peuple tunisien cherchant à faire entendre sa voix", a-t-il affirmé. "J'encourage toutes les parties à garder leur calme et à éviter des violences, et appelle le gouvernement tunisien à respecter les droits de l'homme et à organiser dans un proche avenir des élections libres et justes qui reflètent la volonté réelle et les aspirations des Tunisiens", a-t-il ajouté.

L'Union européenne s'est quant à elle prononcée vendredi pour une solution démocratique "durable" en Tunisie et a appelé au calme après le départ du pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali.

Joie teintée de prudence

"Il était temps", "Enfin!": en France, dans les cafés ou près de leur ambassade à Paris, des Tunisiens laissaient éclater une joie teintée de prudence. "On est contents qu'il soit parti, cela fait 23 ans qu'on attend ça", a expliqué un Français d'origine tunisienne qui, comme la plupart des personnes interrogées par l'AFP, a refusé de donner son identité. "C'est tout le système qui doit partir", a-t-il ajouté.

Toujours réfugié en Arabie saoudite, l'ancien président Ben Ali est une nouvelle fois condamné par contumace. [Jacky Naegelen]
Toujours réfugié en Arabie saoudite, l'ancien président Ben Ali est une nouvelle fois condamné par contumace. [Jacky Naegelen]

Environ 200 personnes se sont spontanément réunies à proximité de l'ambassade de Tunisie à Paris, brandissant des drapeaux tunisiens, mais sans pancarte ni slogans. La police interdisait aux manifestants l'accès à la rue conduisant à l'ambassade.

"Vers le chemin de la démocratie"

Dans le quartier populaire parisien de Barbès, où la communauté tunisienne est très représentée, la joie le disputait encore à la méfiance. "Il est parti, tant mieux! Il était temps. Il a volé beaucoup d'argent. On va vers le chemin de la démocratie. J'espère que les dirigeants qui viendront comprendront que la présidence, ce n'est pas pour l'éternité", a déclaré Abdel Bensalah, 50 ans, un épicier originaire de Tunis.

"Espérons que cela change en bien et espérons que ce ne soit pas un autre comme lui qui arrive", a commenté Adel, 27 ans, qui s'apprêtait à aller fêter la nouvelle avec des compatriotes sur l'emblématique avenue parisienne des Champs-Elysées.

Manifestations prévues dans plusieurs villes

A Marseille, dans le sud-est de la France, des Tunisiens ont aussi fêté le départ de Ben Ali. "Ce qui se passe est historique: un chef arabe tombe sous la pression de son peuple, on peut être fier d'être tunisien", a témoigné Kamel Yousfi, enseignant en mathématiques tunisien.

Des rassemblements de Tunisiens sont prévus samedi dans plusieurs villes de France. Le président Ben Ali a quitté vendredi la Tunisie après une contestation sans précédent de son régime qui a été réprimée dans le sang. L'intérim de la présidence tunisienne est assuré par le Premier ministre sortant, Mohammed Ghannouchi.

Les Egyptiens se joignent aux célébrations

Des dizaines d'Egyptiens se sont joints vendredi soir au Caire à un groupe de Tunisiens qui célébraient le départ du président tunisien, appelant l'Egypte à suivre l'exemple de la Tunisie, selon un journaliste de l'AFP. "Ecoutez les Tunisiens, c'est votre tour les Egyptiens", scandaient les manifestants, qui se sont précipités devant l'ambassade de Tunisie, dans le centre du Caire. Un important dispositif de sécurité entourait les manifestants, qui ont entonné l'hymne national tunisien.

"Une grande partie des manifestants sont égyptiens. Nous sommes venus pour montrer notre solidarité", a déclaré l'un des manifestants, Mohammed Farag, âgé de 30 ans. Les Egyptiens se plaignent des mêmes difficultés économiques que les Tunisiens, et leur président Hosni Moubarak, 82 ans, fait régulièrement l'objet de critiques pour ne pas avoir levé l'état d'urgence depuis son arrivée au pouvoir il y a 29 ans.

agences/jzim

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Ghannouchi verra samedi les représentants des partis politiques

Le Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi, qui assure l'intérim du président Zine el Abidine Ben Ali, a annoncé qu'il allait rencontrer samedi les dirigeants des partis politiques en vue de former un gouvernement.

"Demain sera une journée décisive", a-t-il dit dans une interview téléphonique avec une chaîne de télévision privée. "Je rencontrerai les représentants des partis politiques afin de former un gouvernement qui, je l'espère, répondra aux attentes."