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Hu Jintao reçu en grande pompe à Washington

Les deux présidents n'ont pas évoqué le très récent prix Nobel de la paix 2010, Liu Xiaobo, qui a fâché Pékin. [Jason Reed]
Les deux présidents n'ont pas évoqué le très récent prix Nobel de la paix 2010, Liu Xiaobo, qui a fâché Pékin. - [Jason Reed]
Les droits de l'homme se sont invités mercredi à la visite d'Etat du président chinois à Washington. Hu Jintao et son homologue américain Barack Obama ont affiché la volonté de dépasser les "frictions" commerciales sur fond de juteux contrats. Les Etats-Unis avaient déroulé le tapis rouge pour cette visite.

"La Chine reconnaît mais aussi respecte l'universalité des droits de l'homme, mais en même temps nous pensons que nous devons tenir compte des différentes circonstances nationales en la matière", a déclaré Hu Jintao lors d'une conférence de presse commune avec le président Obama.

"Beaucoup à faire pour les droits de l'homme"

"La Chine est un pays en développement avec une population très importante et qui traverse une phase de réformes cruciale", a-t-il ajouté. Il a aussi admis, après avoir été plusieurs fois sollicité par les journalistes américains, que "beaucoup rest(ait) à faire en Chine" sur ce dossier. Il a encore promis d'améliorer la situation.

Hu Jintao [REUTERS - Jason Reed]
Hu Jintao [REUTERS - Jason Reed]

De son côté, Barack Obama a assuré avoir été "très franc" pour signifier à Hu Jintao les opinions américaines "sur l'universalité de certains droits, de la liberté d'expression, de religion et d'association".

Il a aussi souhaité "le dialogue entre la Chine et le dalaï-lama pour résoudre les divergences en préservant l'identité religieuse du peuple tibétain". Dans le même temps, plusieurs centaines de militants de cette cause manifestaient devant la Maison Blanche. En revanche, le nom du dissident chinois emprisonné et prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo n'a pas été prononcé pendant la conférence de presse.

Huitième rencontre en deux ans

Barack Obama rencontrait Hu Jintao pour la huitième fois en deux ans. Il a participé avec lui à un sommet avec des chefs de grandes entreprises américaines et a dit espérer que les deux pays pourraient laisser derrière eux les "frictions" du passé et "nous détacher des vieux stéréotypes".

Hu Jintao a pour sa part promis que son pays allait stimuler sa demande intérieure et sa consommation, traiter les entreprises américaines dûment immatriculées en Chine sur un pied d'égalité, et salué "l'avenir prometteur" du commerce entre les deux pays. Washington a d'ailleurs annoncé la signature par la Chine de contrats évalués à 45 milliards de dollars (43 milliards de francs) avec des entreprises américaines, dont une commande de 200 avions Boeing d'une valeur totale estimée à 19 milliards.

Ces paraphes répondent au souhait de Barack Obama de voir les Américains profiter davantage de l'expansion économique de la Chine. Selon des statistiques officieuses, ce pays pourrait en effet avoir connu une croissance à deux chiffres en 2010. Lors de la conférence de presse, Obama n'a pas passé sous silence les points de discorde, comme la sous-évaluation de la monnaie chinoise, réclamant à nouveau un "ajustement". Il a toutefois salué "la souplesse accrue de la Chine en matière de changes" et la disposition de Pékin à lutter contre le vol de propriété intellectuelle.

Messieurs Hu et Obama ont aussi mentionné leurs points de convergence, en particulier sur les dossiers nucléaires nord-coréen et iranien. Le président chinois a en outre déclaré souhaiter davantage de coopération entre les armées chinoise et américaine. Les dirigeants doivent se retrouver en soirée pour un très protocolaire dîner d'Etat, seulement le troisième en deux ans de présidence Obama.

ats/mej

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Un seul but: "une relation normale"

Invitée sur la chaîne ABC à dire si les deux géants du début du XXIe siècle étaient amis ou ennemis, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a expliqué que "si nous déroulons le tapis rouge pour le président Hu, c'est qu'il nous semble que nous pourrons mieux répondre à cette question en avançant".

"Mon espoir, c'est que nous ayons une relation normale", a-t-elle ajouté. De son côté, le chef de la majorité démocrate au Sénat et allié de Barack Obama, Harry Reid, a laissé transparaître la méfiance de bon nombre d'Américains envers la Chine en qualifiant Hu Jintao de "dictateur", avant de se rétracter.