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L'Iran opposé au jugement contre Jafar Panahi

Le réalisateur Jafar Panahi a vu sa condamnation confirmée par une cour d'appel. [AFP - Atta Kenare]
le réalisateur Jafar Panahi a été condamné en décembre dernier à six ans de prison. - [AFP - Atta Kenare]
Le gouvernement iranien est opposé à la condamnation par la justice du cinéaste Jafar Panahi à une lourde peine de prison et une interdiction de travailler, a déclaré le chef de cabinet du président Mahmoud Ahmadinejad.

"Nous n'approuvons pas le fait que Jafar Panahi ne puisse pas travailler pour une longue période" en Iran, a déclaré le chef de cabinet Esfandiar Rahim Mashaie, cité notamment par le quotidien réformateur Shargh. "Le jugement contre lui a été prononcé par la justice, et le gouvernement et le président ne partagent pas cet avis".

Interdiction de réaliser des films

Jafar Panahi, 50 ans, a été condamné en décembre dernier à six ans de prison pour "participation à des rassemblements et propagande contre le régime" après avoir commencé à réaliser un film sur les manifestations antigouvernementales ayant suivi la réélection contestée du président Ahmadinejad en juin 2009. La justice lui a également interdit de réaliser des films ou de quitter le pays pendant 20 ans.

Actuellement en liberté sous caution, le réalisateur a fait appel de ce jugement qui a suscité une vague de réprobation internationale. Connu pour ses critiques sociales grinçantes, il est l'un des cinéastes de la "nouvelle vague" iranienne les plus connus à l'étranger.

Il a notamment reçu le Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000 pour "Le cercle" et l'Ours d'argent à la Berlinale en 2006 pour "Hors-jeu". Il a été primé deux fois à Cannes ("Le ballon blanc", Prix de la Caméra d'or 1995, et l'"Or pourpre", Prix du Jury Un Certain Regard en 2000), où son siège de juré avait été symboliquement laissé vide lors de la cérémonie d'ouverture du dernier Festival en mai 2010, alors qu'il se trouvait en prison. Il avait été arrêté le 1er mars à son domicile de Téhéran avec seize autres personnes, dont sa femme et sa fille, qui ont pour la plupart été libérées.

Chef de cabinet controversé

Esfandiar Rahim Mashaie est considéré comme la personnalité la plus proche du président Ahmadinejad, dont le fils a épousé sa fille. Il est depuis des années la bête noire des ultra-conservateurs religieux du régime, qui dénoncent régulièrement ses déclarations jugées trop libérales et non conformes aux dogmes islamiques en matière de culture, religion ou libertés civiles.

Le quotidien ultraconservateur Kayhan a vivement critiqué mercredi les propos de M. Mashaie sur Jafar Panahi, l'accusant d'avoir "remis en cause la sentence contre un accusé actif dans le mouvement de sédition" (terme utilisé par le pouvoir pour qualifier les opposants à la réélection du président Ahmadinejad). "M. Mashaie doit dire quel jugement à son avis aurait dû être prononcé contre Panahi. Aurait-on dû lui donner de l'argent en cadeau (...) ou un certificat de mérite?", écrit le quotidien.

Plusieurs polémiques ont opposé au cours des derniers mois l'exécutif au pouvoir judiciaire dominé par les ultra-conservateurs, à propos de condamnations de proches de la présidence ou de la libération de l'Américaine Sarah Shourd notamment.

afp/jzim

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