Les images diffusées par les télévisions russes montraient de nombreux corps étendus dans le hall de l'aéroport envahi par une épaisse fumée, alors que les témoins parlaient de scènes de carnage.
"Selon des données préliminaires, 35 personnes sont mortes", a annoncé le Comité d'enquête de Russie, qui a ouvert une enquête pour "acte de terrorisme", précisant qu'il s'agissait "a priori" d'une attaque suicide. Une certaine confusion entourait jusqu'alors le bilan, plusieurs ministères donnant des chiffres différents concernant l'attentat qui a eu lieu à 16H32 (13H32 GMT).
Les forces de sécurité étaient averties
Le vice-ministre de la Santé, Maxim Topiline, a fait état de 86 personnes hospitalisées dont une quarantaine dans un état grave ou très grave, selon Interfax. L'agence Interfax, citant une source policière, a indiqué qu'au moins un Britannique avait été tué. Par ailleurs, selon le ministère de la Santé, au moins un Français et un Italien ont été blessés. Une actrice slovaque, un ressortissant serbe de 62 ans, un Allemand et un Britannique de 60 ans figurent également parmi les blessés, selon les agences russes.
Une source policière a par ailleurs confié à l'agence Interfax que la tête de l'auteur présumé de l'attentat - "de type arabe" - avait été trouvée sur les lieux du drame. "On a retrouvé la tête d'un homme de type arabe âgé de 30-35 ans. Il a probablement déclenché l'engin explosif", a déclaré cette source. Les autorités russes accusent régulièrement des mercenaires arabes de soutenir sur le terrain la rébellion qui mine le Caucase russe depuis le début de la première guerre de Tchétchénie en 1994.
D'autres sources policières ont indiqué aux médias russes que les forces de sécurité étaient averties de l'imminence d'un attentat dans l'un des aéroports de Moscou. Interfax, citant une source policière, a évoqué la piste tchétchène. "Les enquêteurs étaient à la recherche de trois suspects, mais ceux-ci ont réussi à s'introduire sur le territoire de l'aéroport", a indiqué une source à Ria Novosti.
Un lieu stratégique
Les enquêteurs n'étaient pas encore en mesure de déterminer si l'attentat était l'oeuvre d'un ou de plusieurs terroristes. Un témoin sur place a affirmé avoir entendu deux explosions successives.
L'explosion a eu lieu dans la salle des arrivées internationales, là où les familles et les chauffeurs de taxi attendent les voyageurs. Domodedovo est le principal aéroport russe en terme de voyageurs, avec environ 22 millions de passagers en 2010. Au total, 77 compagnies y travaillent dont British Airways et la Lufthansa.
Les avions qui se sont posés à Domodedovo peu avant l'explosion venaient du Caire, de Tokyo, de Dusseldorf et de Londres. Deux avions partis de Genève, l'un appartenant à Swiss, l'autre à la compagnie russe Aeroflot, s'étaient posés plus tôt. Swiss a indiqué n'avoir aucune indication que des voyageurs suisses aient pu être touchés par l'explosion.
Le président russe Dmitri Medvedev a réagi moins de deux heures après la tragédie en ordonnant la mise en place d'un "régime de sécurité spécial" dans les gares et les aéroports du pays. Dmitri Medvedev a aussi estimé que les mesures de sécurité n'avaient pas été appliquées correctement. "Ce qui s'est passé montre que les lois censées être mises en oeuvre sont loin de fonctionner correctement", a-t-il jugé.
Mesures de sécurité accrues
Selon des sources policières, la bombe était d'une puissance de cinq à sept kilogrammes de TNT. "J'ai entendu tout d'un coup un grand fracas, comme si quelque chose tombait. Personne n'a rien compris à ce qui se passait", a raconté Elena, une hôtesse de l'air de la compagnie allemande Lufthansa, "tout le monde était en état de choc". "Quelque chose de terrible s'est produit ici. Des dizaines de personnes sont évacuées sur des brancards, des chariots", a déclaré à la radio russe City FM un témoin, Andreï, qui se trouvait sur place au moment du drame.
A la suite de cet attentat, la police a renforcé les mesures de sécurité dans les transports publics de la capitale russe, en particulier dans le métro. Deux stations du métro de Moscou ont été visées en mars 2010 par des attentats suicide qui ont fait quarante morts. Cette attaque avait été revendiquée par la rébellion qui lutte contre les forces russes dans les républiques du Caucase du Nord (Tchétchénie, Ingouchie, Daguestan...)
Après la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) entre forces russes et indépendantistes, la rébellion s'est progressivement islamisée et a de plus en plus débordé les frontières tchétchènes pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord.
agences/cer
Medvedev diffère son départ pour Davos
Suite à l'attentat suicide à l'aéroport Domodedovo, le président russe Dmitri Medvedev a différé son départ initialement prévu mardi pour le Forum économique mondial (WEF) de Davos. "Dmitri Medvedev devrait se rendre directement à Davos le mercredi 26 janvier", a déclaré le conseiller de l'Ambassade de Russie, Mikhaïl Makarov.
Sa rencontre avec Micheline Calmy-Rey est annulée. Il était prévu que le président russe rencontre la présidente de la Confédération mardi en début de soirée à Zurich, avant de gagner la station grisonne où il doit prononcer le discours inaugural.
La communauté internationale condamne
De nombreux pays ont fermement condamné l'attentat de Domodedovo et fait part de leur solidarité avec la Russie.
Le chef de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit "horrifié" par l'attentat suicide et condamne cet acte "injustifiable", a déclaré un porte-parole.
Barack Obama a parlé d'un acte "révoltant", alors que le chef de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen, s'est dit "choqué". "Il s'agit d'une menace commune à laquelle nous devons faire face unis. L'OTAN exprime sa solidarité avec le peuple et le gouvernement russes", a déclaré le secrétaire général de l'alliance atlantique.
L'Union européenne s'est dit "scandalisée" par l'attaque. Nicolas Sarkozy a lui condamné l'attentat "odieux", dénonçant un "acte terroriste barbare et lâche". Le gouvernement allemand a qualifié l'attaque d'"acte barbare, lâche et injustifiable", tout comme l'Italie, qui assure le gouvernement russe de sa "pleine solidarité dans la lutte contre le terrorisme".
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, s'est lui aussi déclaré "choqué" et a annoncé que ses services vérifiaient l'éventuelle présence de Britanniques parmi les victimes.