"Si la population veut que je mène la transition, alors je ne la décevrait pas", a déclaré Mohamed ElBaradei devant des journalistes à l'aéroport de Vienne, avant d'embarquer.
L'opposant égyptien, prix Nobel de la paix et ex-chef de l'agence internationale de l'énergie atomique, veut participer à de nouvelles manifestations prévues vendredi. "Ma priorité immédiate est de voir une nouvelle Egypte et de voir cette nouvelle Egypte (naître) grâce à une transition pacifique".
Mohamed ElBaradei ne dispose pas d'un parti reconnu, mais il a formé un mouvement, l'Association nationale pour le changement, qui plaide pour des réformes démocratiques et sociales et soutient les manifestations. Mohamed ElBaradei est la plus connue des personnalités d'opposition à soutenir publiquement le mouvement de protestation.
Le pouvoir se dit ouvert au dialogue
Le parti au pouvoir a pour sa part déclaré qu'il était ouvert au dialogue avec les jeunes qui manifestent, sans toutefois faire de propositions concrètes. Le secrétaire général du Parti national démocratique Safwat El-Sherif, a par ailleurs appelé à la retenue les forces de sécurité et les protestataires lors de la grande manifestation prévue au Caire vendredi.
Ce proche du président Moubarak n'a cependant évoqué aucune concession qui pourrait être faite aux manifestants en ce qui concerne la direction du pays ou des mesures de lutte contre la pauvreté et le chômage. "La minorité n'imposera pas sa volonté à la majorité", a dit Safwat El-Sherif.
Une septième victime
Sur le terrain, les manifestations, les plus importantes depuis 30 ans, contre le pouvoir se sont poursuivies jeudi, pour le troisième jour consécutif. Un manifestant a été tué par balle par la police lors d'accrochages dans la localité de Cheikh Zouwayed, dans le nord du Sinaï, ont indiqué des témoins. Depuis mardi, les manifestations ont fait sept morts et provoqué un millier d'arrestations en Egypte.
Des accrochages ont aussi opposé plusieurs centaines de manifestants aux forces de l'ordre dans les villes d'Ismaïliya et Suez, dans le nord-est de l'Egypte. Les protestataires ont mis le feu à une caserne de pompiers à Suez après avoir lancé des cocktails molotov sur la police. Les policiers ont eu recours aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau pour les disperser. Au moins 75 personnes ont été arrêtées.
Les jeunes militants pro-démocratie, inspirés par la révolte tunisienne qui a chassé du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali, ont appelé à de nouvelles manifestations jeudi et après les prières hebdomadaires de vendredi.
agences/boi