"Des consultations avec tous les partis politiques et les composantes de la société civile qui ont accepté d'y participer, nous ont permis de former un gouvernement provisoire", a déclaré Mohammed Ghannouchi avant d'égrener la liste de son nouveau gouvernement en direct à la télévision publique.
Les principaux caciques de l'ancien régime Ben Ali ont été écartés des postes-clé qu'ils occupaient dans le gouvernement de transition, à savoir les ministères de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances.
Préparer des élections
La mission du nouveau gouvernement sera d'organiser des élections "pour que le peuple choisisse en toute liberté", a ajouté Mohammed Ghannouchi, en appelant les Tunisiens "à retourner au travail".
Le "gouvernement s'engage à ce que les élections soient organisées sous le contrôle d'une commission indépendante en présence d'observateurs internationaux pour en garantir la transparence", a-t-il ajouté.
Craignant de se faire confisquer leur révolution, des milliers de Tunisiens ont exigé depuis une semaine les têtes des anciens serviteurs de Ben Ali, depuis la formation du premier gouvernement de transition, le 17 janvier, trois jours après la fuite de l'ancien dictateur en Arabie Saoudite.
Les manifestants exultent mais crient "Ghannouchi dégage!"
"Tunisie libre, Ghannouchi dehors!": une explosion de joie a accueilli jeudi soir l'annonce du départ des principaux caciques de Ben Ali du gouvernement de transition remanié. Mais les manifestants exigent toujours la tête du Premier ministre. "Ghannouchi est le chef du gang, il doit tomber!", crie un manifestant venu de Kairouan, dans le centre du pays.
La puissante Union générale des travailleurs tunisiens a elle annoncé qu'elle acceptait le maintien de Ghannouchi et de deux autres ministres de l'ancienne équipe Ben Ali détenteurs de ministères purement techniques.
"On ne soutient pas Ghannouchi mais on l'a accepté pour la stabilité du pays", a indiqué un dirigeant syndical sous couvert de l'anonymat. Une autre source de l'UGTT a précisé que des syndicalistes allaient tenter de convaincre les milliers de manifestants réunis dans les bureaux du Premier ministre d'accepter ce nouveau gouvernement de transition dans lequel les anciens membres de l'équipe Ben Ali "sont minoritaires".
afp/boi
Tunis demande au Canada d'arrêter un beau-frère de Ben Ali
La Tunisie a formellement demandé jeudi à Ottawa d'arrêter Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ex-président Ben Ali, confirmant pour la première fois officiellement que cet homme d'affaires, considéré comme le parrain d'un clan mafieux, se trouvait bien au Canada.
Les autorités canadiennes n'ont pas encore réagi à cette demande, mais elles ont annulé le statut de résident permanent canadien de Belhassen Trabelsi et de sa famille, invoquant la non-observation par ces derniers des obligations qui s'y rapportent, a appris l'AFP de source gouvernementale.
Les médias canadiens affirmaient depuis le week-end dernier que le frère de Leïla Trabelsi, épouse de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali, était arrivé à Montréal avec son épouse, ses quatre enfants et la gouvernante de ces derniers.
En juin 2008, l'ambassade des Etats-Unis à Tunis écrivait, dans un câble révélé par WikiLeaks, que Trabelsi était "réputé pour avoir été impliqué dans la corruption de grande ampleur, du remaniement de la Banque de Tunisie à l'expropriation de biens et l'extorsion de pots-de-vins".