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Egypte: Hosni Moubarak dissout le gouvernement

Le président Moubarak assure qu'il aimerait quitter le pouvoir, mais il "ne peut pas". [KEYSTONE]
Fustigé par la rue, le président Moubarak s'est adressé à son peuple tard vendredi pour promettre des réformes. - [KEYSTONE]
Après quatre jours de heurts, le président égyptien Hosni Moubarak a annoncé la dissolution du gouvernement avec effet immédiat, dans une allocution à la TV dans la nuit de vendredi à samedi. Durant la journée, au moins 20 personnes ont été tuées dans les heurts.

S'exprimant pour la première fois depuis le début des violences, Hosni Moubarak a annoncé en direct à la télévision, qu'il limogeait son gouvernement et qu'il formerait un nouveau cabinet dès samedi. Il a aussi promis de "nouvelles mesures" pour la démocratie.

"Aujourd'hui, je m'adresse à vous en tant qu'Egyptien, pas en tant que président", a déclaré Hosni Moubarak. Il a aussi affirmé qu'il allait protéger l'Egypte et que "les difficultés ne doivent pas être réglées par la violence ou le chaos".

Des affrontements ont eu lieu toute la journée dans le pays, causant la mort de cinq personnes au Caire treize à Suez et deux Mansoura (nord), selon des sources médicales. Certains sources évoquent plus de mille blessés. Des centaines de milliers de personnes sont à nouveau descendues dans les rues du pays.

Commissariats, sièges de parti et voitures incendiés

Bravant le couvre-feu, des centaines d'Egyptiens sont sortis dans les rues vendredi soir, brûlant de nouveau des véhicules. [AFP - MOHAMMED ABED]
Bravant le couvre-feu, des centaines d'Egyptiens sont sortis dans les rues vendredi soir, brûlant de nouveau des véhicules. [AFP - MOHAMMED ABED]

Auparavant, le chef d'Etat avait annoncé un couvre-feu de 18h à 7h et prié les forces armées, en coopération avec la police, d'appliquer le couvre-feu, maintenir la sécurité et protéger les établissements publics et les propriétés privées. Des chars ont alors commencé à patrouiller au Caire, mais certains militaires ont été aperçus en train de fraterniser avec les manifestants. D'autres n'ont toutefois pas hésité à foncer sur la foule avec des véhicules lourds.

Toute la journée, les violences se sont succédé et les policiers, qui semblaient parfois avoir du mal à contenir les manifestants, ont tiré des gaz lacrymogènes, des balles caoutchoutées en l'air et eu recours à des canons à eau pour les disperser.

Au Caire, le siège du Parti national démocrate au pouvoir en Egypte a été incendié, ainsi que des commissariats et de nombreux véhicules. Le siège du gouvernorat est également en feu à Alexandrie, deuxième ville du pays. Dans ces villes, plusieurs rues ont été bloqués par les manifestants. Dans tout le pays, des affiches du Parti national démocrate ont été arrachés par les manifestants, qui suspendaient des drapeaux égyptiens.

ElBaradei assigné à résidence

Mohamed ElBaradei a participé au début de la manifestation de vendredi dans la capitale égyptienne. [KEYSTONE - Lefteris Pitarakis]
Mohamed ElBaradei a participé au début de la manifestation de vendredi dans la capitale égyptienne. [KEYSTONE - Lefteris Pitarakis]

Dans l'après-midi, l'opposant Mohamed ElBaradei, qui avait participé aux manifestations après la prière du vendredi au milieu d'un lourd dispositif de sécurité a été assigné à résidence à son domicile de la banlieue du Caire, devant lequel des policiers étaient positionnés. Le Prix Nobel de la paix était rentré en Egypte jeudi après un mois à l'étranger, se disant prêt à diriger une éventuelle transition démocratique.

Face à l'escalade, le chef de la commission parlementaire des Affaires étrangères et membre du parti de Hosni Moubarak, Moustapha al-Fekki, a appelé à "des réformes sans précédent" pour éviter une "révolution".

Les Frères musulmans, principale force de l'opposition qui avaient au départ appuyé du bout des lèvres les manifestations, ont annoncé leur participation aux protestations. Au moins vingt membres de la confrérie été arrêtés, a annoncé l'avocat de cette formation.

Moyens de communication coupés

Des portraits du président Moubarak ont été brûlés, déchirés et piétinés. [AFP - BULENT KILIC]
Des portraits du président Moubarak ont été brûlés, déchirés et piétinés. [AFP - BULENT KILIC]

Les principaux moyens de communication ont également été coupés. Tous les opérateurs de téléphonie mobile présents en Egypte "ont reçu l'ordre de suspendre leurs services dans certaines zones sélectionnées", a affirmé le géant britannique des télécommunications Vodafone.

Le réseau internet, et notamment les sites de socialisation Facebook et de micro-blogging Twitter, largement utilisés par les militants pour appeler à contester, subissent aussi de fortes perturbations.Depuis l'aube, des internautes ont fait état de l'impossibilité de se connecter à l'internet, tandis que d'autres signalaient des lenteurs et des coupures intermittentes.

Il s'agit des plus importantes protestations depuis l'arrivée au pouvoir en 1981 de Hosni Moubarak, 82 ans, qui n'a pas commenté publiquement ce mouvement de contestation. Le président égyptien est critiqué notamment pour n'avoir jamais levé l'état d'urgence en place depuis près de 30 ans.

agences/boi

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Berne déconseille l'Egypte

Le Département fédéral des Affaires étrangères déconseille aux voyageurs d'effectuer un séjour touristique ou autre au Caire et dans les villes d'Alexandrie, de Suez et d'Ismailia.

Berne estime qu'il faut "s'attendre à d'autres manifestations et des violences au Caire et dans les grandes villes de province".

Plusieurs voyagistes suisses ont aussi renoncé aux excursions prévues au Caire et autour des pyramides. Les voyageurs en partance pour Le Caire peuvent annuler leur réservation, sans frais supplémentaire, auprès de Kuoni, Hotelplan et Tui Suisse. Cette procédure est valable jusqu'au 15 février 2011.

La plupart des clients des trois voyagistes ne résideraient pas au Caire même mais surtout dans les stations balnéaires égyptiennes.

Sur 720 clients concernés chez Hotelplan, 17 ont choisi le Caire. Chez Kuoni, neuf touristes sur six cents sont actuellement dans la capitale égyptienne. Enfin, chez Tui Suisse, sur 400 clients seule une poignée d'entre eux se trouveraient dans la capitale égyptienne.

La présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey s'est elle dit préoccupée par l'escalade de la violence en Egypte. Elle appelle le gouvernement égyptien à respecter les libertés d'expression et de rassemblement.

Un blocage des fonds du président Moubarak ou des hauts dirigeants de son parti n'entre pas en ligne de compte pour l'instant, a-t-elle précisé.

De multiples réactions internationales

Les appels internationaux se multiplient face aux événements en Egypte, même parmi les alliés du président Moubarak.

Hillary Clinton a haussé le ton et demandé au gouvernement égyptien de réfréner ses policiers. La cheffe de la diplomatie américaine a aussi appelé à "mettre en oeuvre les réformes économiques, politiques et sociales nécessaires".

La diplomate en chef de l'UE Catherine Ashton a appelé les autorités égyptiennes à libérer "immédiatement et sans condition" tous les manifestants ayant été arrêtés.

Depuis le Forum mondial de Davos, la chancelière allemande Angela Merkel et
le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ont appelé à éviter de nouvelles violences et à respecter les libertés de rassemblement et d'information.

Toujours depuis les Grisons, le Premier ministre britannique David Cameron a appelé à des réformes. "Il y a de manière évidente des raisons de mécontentement pour la population et il faut y répondre", a-t-il ajouté.

Alors que la France a aussi appelé à la retenue, à Paris, 300 à 400 personnes se sont réunies aux Halles pour soutenir les manifestants.