"Moi,
j'évite de parler de ce scénario", a répondu Bart de Wever, arrivé en tête
des élections de juin 2010 en Flandre (nord), au journal La Libre Belgique qui
lui demandait s'il était "temps de négocier un divorce".
"Tout
le monde pense que je veux ça, mais je crois que ce n'est pas bon parce qu'on
va perdre de la prospérité si on se lance dans une aventure que personne ne
sait comment elle va se terminer", ajoute-t-il. "Nous ne sommes pas la Tchécoslovaquie,
nous avons Bruxelles. Nous sommes des frères siamois et le lien, c'est
Bruxelles. Dire qu'on peut couper, c'est simpliste et dangereux",
poursuit-il.
La
capitale belge est la seule région bilingue du pays, même si sa population est
essentiellement francophone. Et le sort des communes situées à sa périphérie,
sur le territoire de la
Flandre néerlandophone mais avec des habitants
majoritairement francophones, est l'un des points centraux de la crise
actuelle.
Nervosité des marchés
Alors
que la crise de la dette n'est toujours pas terminée en zone euro, Bart De
Wever semble soucieux de calmer la nervosité des marchés financiers, qui
commencent à s'inquiéter de la situation belge. Lui-même avait été accusé de
mettre de l'huile sur le feu en fin d'année dernière, quand il avait déclaré à
l'hebdomadaire allemand Der Spiegel que la Belgique était "l'homme malade de
l'Europe".
"Depuis
sept mois, nous avons toujours fait un monitoring sur les marchés. S'il y a un
propos qui a eu un effet réel, c'est celui du PS qui a commencé à parler de
+plan B+", pour se préparer à un éventuel échec des négociations
politiques et un éclatement du pays, affirme toutefois Bart De Wever samedi.
"Ce
serait utile qu'on arrête d'encourager l'hystérie économique. Il faut faire
l'inverse et indiquer au monde extérieur que, peut-être, il n'y a pas de
gouvernement dans le sens strict, mais qu'il y a un capitaine sur le bateau et
qu'il a le soutien du Parlement", estime-t-il. "Si on veut calmer les
marchés, il faut commencer à économiser", ajoute-t-il.
Gouvernement d'union nationale mal perçu
Vendredi,
les principaux partis flamands en Belgique, en particulier le mouvement
indépendantiste N-VA, ont accueilli fraîchement l'idée francophone de
constituer un gouvernement d'union nationale pour surmonter la grave crise que
connaît le pays.
Le chef du parti socialiste francophone (principale formation
de Wallonie), Elio Di Rupo, avait proposé jeudi soir un tel gouvernement
constitué de toutes les grandes forces politiques nationales pour se consacrer
aux questions sociales et économiques en priorité, alors que la Belgique est dans le
collimateur des marchés financiers.
agences/cht
La plus longue crise politique d'Europe
Mercredi, on apprenait la démission du médiateur royal entre Flamands et francophones. Le socialiste flamand Johan Vande Lanotte a fait un constat d'échec amer de trois mois de vaines tentatives pour trouver un accord entre les deux grandes communautés nationales sur l'avenir du pays.
"J'ai informé le roi qu'il n'a pas été possible de sortir de cette impasse et qu'il n'y a pas de perspective réelle de progrès", avait-il dit à la presse, en critiquant le manque "d'ouverture d'esprit" des sept partis politiques --trois francophones et quatre flamands-- avec lesquels il négociait.
En conséquence, la formation d'un véritable gouvernement à la tête du pays, introuvable depuis les élections législatives de juin 2010, est encore repoussée. La Belgique reste donc dans l'immédiat administrée par un cabinet chargé d'expédier les affaires courantes.
En la matière, le pays a déjà battu le 8 janvier le record d'Europe de la plus longue crise politique, détenu par son voisin néerlandais, qui avait mis 208 jours pour former un gouvernement en 1977. Il se dirige à présent vers un record du monde peu glorieux, détenu par l'Irak, à qui il avait fallu 289 jours pour former un cabinet en 2009.