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Les divers scénarios du "vendredi du départ"

Après les heurts de jeudi, le "Vendredi du départ" fait craindre de nouvelles violences sur la place Tahrir au Caire. [Goran Tomasevic]
Après les heurts de jeudi, le "Vendredi du départ" fait craindre de nouvelles violences sur la place Tahrir au Caire. - [Goran Tomasevic]
Vendredi, baptisé "jour du départ" par les manifestants anti-Moubarak, verra le monde tourner les yeux une nouvelle fois vers la place Tahrir, au Caire. Divers scénarios sont envisagés, dont un scénario de transition sur lequel plancherait Washington.

Scénario 1: Moubarak reste

Hosni Moubarak tiendra-t-il la ligne qu'il a tentée d'imposer mardi, à savoir le maintien au pouvoir jusqu'aux prochaines présidentielles qui auront lieu  en septembre ? Sans le soutien massif de l'armée, face à la détermination des manifestants et au vu des appels internationaux pour passer la main, cette position est difficile. Il entend toutefois la maintenir pour éviter le chaos, a-t-il plaidé dans la seule interview accordée à des journalistes étrangers, pour la chaîne ABC.

Dans un entretien hors caméra, Hosni Moubarak a confié à la journaliste d'ABC souhaiter démissionner.
Dans un entretien hors caméra, Hosni Moubarak a confié à la journaliste d'ABC souhaiter démissionner.

Hosni Moubarak aimerait quitter le pouvoir mais qu'il ne peut le faire par crainte du "chaos" qui s'installerait alors dans son pays, explique-t-il. Au dixième jour d'une contestation sans précédent de son pouvoir, le raïs a déclaré qu'il "en avait assez d'être président et qu'il aimerait abandonner le pouvoir maintenant, mais qu'il ne peut le faire de peur que le pays ne sombre dans le chaos". Tels ont été les propos de la journaliste d'ABC Christiane Amanpour, après avoir rencontré le président pendant 30 minutes au palais présidentiel du Caire, lourdement protégé par l'armée.

Hosni Moubarak a ajouté qu'il ne voulait pas voir "les Egyptiens se battre entre eux" et "avoir été très mécontent de ce qui s'est passé hier", tout en mettant les violences sur la place Tahrir du Caire sur le compte du mouvement islamiste des Frères musulmans.

Interrogé sur les appels des Etats-Unis en faveur d'une transition rapide du pouvoir (cf. scénario 2 ci-dessous), Hosni Moubarak a révélé qu'il avait déclaré à son homologue américain Barack Obama: "Vous ne comprenez pas la culture égyptienne ni ce qui se passerait si je devais démissionner".

Scénario 2: Moubarak démissionne dans la continuité

Des responsables américains ont annoncé jeudi soir qu'ils discutaient avec des dirigeants égyptiens des moyens d'une transition du pouvoir. Le "New York Times" rapportait jeudi que l'administration Obama négociait avec des responsables égyptiens une proposition pour une démission immédiate de Moubarak.

La Maison Banche n'a pas confirmé les informations du "Times" mais a reconnu que le dialogue était engagé avec les Egyptiens pour tenter de résoudre la crise qui dure depuis 10 jours. Tommy Vietor, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison blanche, a indiqué que Barack Obama a déclaré que le temps est venu d'entamer "une transition pacifique, ordonnée et profonde grâce à des négociations exhaustives crédibles". "Nous avons discuté avec les Egyptiens des divers moyens de faire avancer ce processus, mais toutes ces décisions doivent être prises par le peuple égyptien", a-t-il ajouté.

Selon un haut membre de l'administration, plus d'une option serait actuellement en discussion. Suivant une proposition évoquée par le "Times" qui cite des responsables américains et des diplomates arabes, Moubarak remettrait son pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par le vice-président Omar Souleimane avec le soutien de l'armée.

Scénario 3: le régime s'effondre

Difficile d'exclure un scénario à la tunisienne avec le départ brutal de Ben Ali et la chute de tous les caciques. En cela, vendredi sera une journée-test cruciale pour mesurer la détermination des anti-Moubarak à vouloir faire table rase du régime.

3 février 2011: la place Tahrir, au Caire, a pris des airs d'un véritable champ de bataille. [AP Photo - Khalil Hamra]
3 février 2011: la place Tahrir, au Caire, a pris des airs d'un véritable champ de bataille. [AP Photo - Khalil Hamra]

Les organisateurs de la manifestation espèrent mobiliser, comme le 28 janvier, un million de personnes après la prière musulmane hebdomadaire, en début d'après-midi. Après avoir rejeté l'appel du régime "illégitime" au dialogue, la confrérie islamiste des Frères musulmans, honnie par le pouvoir, a estimé que les appels aux négociations "n'influeront pas sur les rassemblements de masse prévus vendredi pour faire tomber le régime".

L'opposition, composée également de partis laïques et de mouvements issus de la société civile comme la Coalition nationale pour le changement qui s'est formée autour du prix Nobel de la Paix Mohamed ElBaradei, a fait du départ immédiat de Hosni Moubarak une condition pour négocier avec le régime.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, sur la place Tahrir, des milliers de manifestants ont de nouveau bravé le couvre-feu nocturne, campant sous des tentes et se réchauffant autour de feux, après une journée de heurts intermittents entre opposants et partisans de Hosni Moubarak.

ther avec les agences

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Un jeudi très tendu

Au moins huit personnes ont été tuées et plus de 800 blessées mercredi et jeudi matin dans de violents heurts entre les deux camps. Plus de 300 personnes ont péri la première semaine de la contestation, selon un bilan non confirmé de l'ONU.

Des dizaines de journalistes étrangers ont été battus, interpellés ou intimidés ces deux derniers jours, et aucune télévision n'a diffusé d'images en direct depuis la place Tahrir dans la nuit de jeudi à vendredi.

Jeudi, des centaines de partisans du régime armés de matraques, de couteaux et certains de pistolets, ont empêché pendant plusieurs heures l'entrée sur la place de renforts ou ravitaillement aux opposants qui y sont retranchés.

L'armée, épine dorsale du régime, surveille sans intervenir. Elle n'est intervenue que rarement pour disperser les protagonistes ou tenter de sauver des personnes agressées.