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Le parquet de Milan veut juger le Cavaliere

Le parquet de Milan soupçonne Silvio Berlusconi d'avoir eu des relations sexuelles avec la jeune Ruby et l'avoir fait libérer. [Riccardo Antimiani]
Le parquet de Milan soupçonne Silvio Berlusconi d'avoir eu des relations sexuelles avec la jeune Ruby et l'avoir fait libérer. - [Riccardo Antimiani]
Le parquet de Milan a annoncé mercredi avoir demandé le jugement immédiat du premier ministre italien Silvio Berlusconi dans le cadre du "Rubygate". Les magistrats veulent le poursuivre pour recours à la prostitution de mineure et abus de fonction.

Dans un communiqué du parquet distribué à la presse, le parquet a indiqué avoir "transmis au juge des enquêtes préliminaires la requête de jugement immédiat sur la base de l'évidence de la preuve".

Silvio Berlusconi fait l'objet depuis le 21 décembre d'une enquête dans le Rubygate pour avoir rémunéré les prestations sexuelles d'une mineure et pour avoir commis un abus de fonction en la faisant libérer après une interpellation.

Si la demande des procureurs devait aboutir, cette procédure accélérée pourrait commencer avant l'été et le Rubygate viendrait s'ajouter à trois procédures pénales contre le Cavaliere (lire ci-contre).

Un délai de 5 jours

Le Rubygate fait la une des quotidiens italiens depuis des semaines avec la publication de dizaines de transcriptions de conversations téléphoniques entre une brochette de jeunes femmes et les organisateurs de soirées débridées dans les résidences de Silvio Berlusconi.

L'enquête porte sur le recours par le Cavaliere aux services sexuels de Ruby, la jeune Marocaine Karima El Mahroug, quand elle était mineure entre février et mai 2010 et sur son intervention pour la faire libérer après son interpellation la nuit du 27 au 28 mai pour un vol présumé.

La juge des enquêtes préliminaires, Cristina Di Censo, qui doit statuer sur la requête du parquet, dispose d'un délai de cinq jours qui peut être prolongé. Sinon, elle peut renvoyer les actes au parquet qui peut redemander un procès par la voie ordinaire, plus longue. La magistrate devra aussi décider si le tribunal de Milan est compétent pour juger.

Vers un tribunal des ministres?

Les procureurs lui ont envoyé un "mémoire" dans lequel ils contestent que Silvio Berlusconi ait pu commettre ces délits en tant que Premier ministre. "Il n'y a pas eu de délits ministériels", ont-ils écrit. Les avocats du Cavaliere défendent la thèse inverse affirmant que le président du Conseil aurait appelé pour faire relâcher Ruby, convaincu qu'elle était "la nièce du (président égyptien Hosni) Moubarak", pour préserver de bonnes relations avec l'Egypte.

L'opposition de gauche s'est gaussée de ces arguments, signes, pour elle, de l'"incompétence" du Cavaliere, censé vérifier l'identité de Ruby. "Le parquet de Milan viole la Constitution", a affirmé Niccolo Ghedini, avocat de Silvio Berlusconi, en estimant que le Rubygate est du ressort du "tribunal des ministres", un juridiction spéciale devant être mise en place pour juger le Premier ministre pour toute infraction commise dans le cadre de ses fonctions.

Au cas où la juge Di Censo déciderait un procès immédiat, Me Ghedini, également député du parti PDL (centre-droit) de Silvio Berlusconi, compte contester la compétence du tribunal de Milan au cours d'un vote à la Chambre des députés, où la coalition au pouvoir est majoritaire.

La presse se déchire

Le journal de gauche Repubblica a critiqué cette stratégie d'enlisement en estimant que "la décence commence avec la redécouverte que la justice est égale pour tous". A l'opposé de l'échiquier, le quotidien de la famille Berlusconi, Il Giornale, a dénoncé "l'ultime saloperie" que représenterait un procès immédiat, affirmant que les magistrats "espionnent depuis des mois la vie privée" du Cavaliere pour sortir "quelque chose de piquant" même quand ce n'est pas un délit pour le "discréditer".

afp/sbo

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Plusieurs procès en cours

Le chef du gouvernement italien a eu de nombreux démêlés judiciaires depuis son entrée en politique en 1993 mais n'a jamais été condamné définitivement.

Il a été condamné à trois reprises en première instance en 1997 et 1998 à un total de 6 ans et 5 mois de prison ferme pour corruption, faux en bilan et financement illicite d'un parti politique. Il a depuis été acquitté ou a bénéficié de la prescription de ces délits.

Sivlio Berlusconi fait actuellement l'objet de deux nouveaux procès, l'un pour corruption de témoin (Mills) et l'autre pour fraude fiscale dans l'acquisition de droits de retransmission télévisée (Mediaset) ainsi que de poursuites pour abus de confiance (Mediatrade).

Les trois dossiers avaient été gelés au printemps 2010 après l'adoption d'une loi lui accordant l'immunité pénale pendant 18 mois. Cette protection lui a été partiellement retirée le 13 janvier et il doit justifier au cas par cas qu'il a un "empêchement légitime" pour être absent aux audiences.

Le procès Mediaset reprendra le 28 février, le 5 mars aura lieu une audience préliminaire sur Mediatrade pour décider ou non d'un procès puis le 11 mars correspondra au redémarrage du procès Mills.