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Le cadre de Google devenu symbole de la révolution

Wael Ghonim s'est adressé à la foule sur la place Tahrir mardi soir. [Dylna Martinez]
Wael Ghonim s'est adressé à la foule sur la place Tahrir mardi soir. - [Dylna Martinez]
Accueilli en héros mardi soir sur la place Tahrir du Caire, Wael Ghonim, l'employé de Google détenu par le régime durant 12 jours, est devenu une icône de la contestation en Egypte. Le jeune homme de 37 ans incarne également une forme de contre-pouvoir né grâce aux nouvelles technologies. Portrait.

Responsable marketing de Google pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Wael Ghonim était loin d'imaginer qu'un jour il serait acclamé par des milliers de manifestants  - dont certains en larmes - sur la place Tahrir au Caire. C'est pourtant ce qui s'est produit mardi lorsqu'il s'est joint aux opposants d'Hosni Moubarak après avoir passé 12 jours en détention.

"Je ne suis pas un héros, vous êtes les héros. C'est vous qui êtes assis ici sur la place", a-t-il lancé à la foule, tel un politicien en plein meeting électoral. L'homme de 37 ans, qui se dit inspiré par Bill Gates, Warren Buffett, Steve Jobs ou Mohamed ElBaradei, sait comment mobiliser les foules. Car avant de s'adresser de vive voix aux manifestants réunis sur la place Tahrir, c'est sur internet qu'il a commencé son travail de militant, préférant les nouvelles technologies à la presse traditionnelle - de nombreux médias étrangers ont tenté de le contacter via Facebook ou Twitter, mais il a décliné toutes les demandes d'interview jusqu'à ce jour.

A l'origine de la mobilisation sur Internet

Travaillant pour le compte de Google à Dubaï, aux Emirats arabes unis,  le jeune cadre s'est montré très actif sur Twitter  - plus de 35'000 "followers" à ce jour - et a lancé la page Facebook «Nous sommes tous Khaled Saïd» - plus de 600'000 amis -, du nom d’un jeune homme battu à mort par la police. Ce mouvement a joué un rôle-clé dans le lancement de la contestation et le 25 janvier, Wael Ghonim a décidé de rentrer en Egypte pour prendre part à la première des manifestations géantes exigeant le départ d’Hosni Moubarak. Deux jours plus tard, il a été arrêté et remis aux services de sécurité de l’Etat, puis détenu pendant 12 jours «les yeux bandés».

Après son arrestation, la mobilisation n’a pas tardé. Ses amis et ses proches se sont donné le mot sur Twitter. Son employeur Google, décidément très actif depuis le début de la révolte égyptienne, a même créé une page sur son blog en arabe pour inciter les Egyptiens à lui communiquer toute information concernant son employé. C'est finalement le ministre de l'Intérieur Mahmoud Wagdi qui aurait oeuvré à sa libération. "Je ne le remercie pas. Ce qu'il a fait, c'était son devoir parce que je suis un jeune qui aime l'Egypte et un fils d'Egypte", dira Wael Ghonim après sa remise en liberté.

Interview chargée d'émotion

Lundi soir, l'interview chargée d'émotion et de sanglots qu'il a donnée à la chaîne Dream 2 a ému des millions de personnes. Son statut d'icône a immédiatement pris forme. "Ceci est la révolution des jeunes d'Internet, qui est devenue la révolution des jeunes d'Egypte, puis la révolution de l'Egypte entière", a-t-il déclaré, avant d'ajouter lors d'une conférence de presse improvisée sur la place Tahrir: "J'aime à appeler ça la révolution Facebook, mais après avoir vu les gens ici, je dirais que c'est la révolution du peuple égyptien. C'est formidable".

Moment fort de cette interview, Wael Ghonim s'est effondré lorsque la chaîne a diffusé des images des jeunes tués pendant les manifestations. "Je veux dire à toute mère, tout père qui ont perdu un fils, je m'excuse, ce n'est pas de notre faute, c'est de la faute de toute personne qui était au pouvoir et s'y est accrochée", a-t-il déploré en sanglotant, avant de se lever précipitamment et de quitter le studio.

Patrick Suhner avec les agences

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