A Washington, le président des Etats-Unis Barack Obama a jugé que ce transfert de pouvoirs n'était pas satisfaisant. "Le gouvernement égyptien doit tracer un chemin crédible, concret et sans équivoque vers une démocratie réelle et (ses membres) n'ont pas encore saisi cette occasion", a ajouté Barack Obama en mettant en garde contre tout recours par les autorités à la violence.
La cheffe de la diplomatie de l'UE a de son côté estimé que le moment pour un changement en Egypte était "maintenant". "Le président Moubarak n'a pas encore ouvert la voie pour des réformes plus rapides et plus profondes", a déploré la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères Catherine Ashton après que le président Moubarak eut refusé d'annoncer sa démission.
"Nous allons porter une attention particulière à la réponse du peuple égyptien dans les prochaines heures et jours", a-t-elle dit. "Je vais rester en contact avec les autorités égyptiennes pour dire la nécessité d'une transition démocratique ordonnée, sensée et durable", a-t-elle dit.
"Pas comme en Iran"
A Paris, le président français Nicolas Sarkozy a souhaité que l'Egypte trouve le chemin de la démocratie et "pas de la dictature religieuse comme en Iran". Il a précisé que le retrait du président Hosni Moubarak au profit de son vice-président était devenu "inéluctable". "Je souhaite de tout coeur que la démocratie naissante (en Egypte, ndlr) prenne le temps de se doter de formations politiques, de structures, de principes, pour trouver le chemin de la démocratie et pas de la dictature religieuse, comme en Iran", a souligné Nicolas Sarkozy.
Il faisait référence à la révolution qui a détrôné le Chah d'Iran en 1979 et aboutit à la dictature islamique de l'ayatollah Khomeiny.
Du côté allemand, le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle s'est montré déçu par le discours du président égyptien. Selon lui, ce "n'était pas le pas espéré vers l'avant". Il a dit craindre que ce discours ne contribue pas à pacifier la situation en Egypte, alors qu'il se trouvait à la représentation allemande aux Nations Unies à New York. "Les inquiétudes de la communauté internationale sont plutôt plus grandes après ce discours qu'avant", a-t-il déclaré. Guido Westerwelle a appelé les manifestants à renoncer à la violence. "Nous misons sur un changement pacifique", a-t-il dit. Ces manifestants ont le droit de voir réaliser leurs aspirations "pour la liberté, la démocratie et l'avenir et le changement", a-t-il ajouté.
A Londres, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a appelé jeudi à une "transition urgente mais ordonnée" en Egypte. "Nous étudions actuellement de très près ce que le président et le vice-président égyptiens ont dit", a déclaréWilliam Hague à la radio publique BBC. "Tout ce que nous voulons au RoyaumeUni, c'est que (les Egyptiens) puissent résoudre leurs différends d'une façon pacifique et démocratique", a-t-il ajouté.
ats/cab
"Le pays va "exploser"
L'opposant égyptien Mohammed ElBaradei a estimé jeudi soir sur le site de micro-blogs Twitter que l'Egypte allait "exploser".
Il a déclaré que l'armée devait intervenir pour "sauver le pays".
Plus tôt dans la journée, Mohamed ElBaradei avait appelé à laisser la place à un conseil de trois personnes et un gouvernement d'union nationale, dans des interviews à des publications américaine et autrichienne.
Dans un entretien accordé au magazine américain "Foreign Policy", Mohamed ElBaradei a jugé que la transition dont est chargé le vice-président égyptien Omar Souleimane n'apportera pas la démocratie au pays, à moins qu'"on ne cesse de leur botter l'arrière-train".
La fureur des manifestants
Au Caire, le discours télévisé de Hosni Moubarak, très attendu, a provoqué la déception et la fureur parmi les 200'000 manifestants réclamant depuis le 25 janvier son départ immédiat, place Tahrir.
Des centaines de manifestants ont brandi leurs chaussures en direction de l'écran sur lequel était retransmis le discours du président, geste insultant et méprisant dans le monde arabe, en chantant "A bas Moubarak! Dégage, dégage!".
D'autres ont appelé à une grève générale immédiate en réclamant que l'armée, déployée en force autour des manifestants, prenne position: "Armée égyptienne, il faut faire un choix, le régime ou le peuple!".