Le président égyptien Hosni Moubarak, qui a délégué jeudi ses pouvoirs à son vice-président sous la pression de la rue, a quitté Le Caire pour Charm el-Cheikh, dans le Sinaï, a indiqué vendredi à l'AFP le porte-parole du Parti national démocrate (PND, au pouvoir). Le président dispose d'une résidence dans cette station balnéaire de la Mer Rouge.
Selon la télévision Al Arabiya, Hosni Moubarak serait parti de la capitale avec sa famille depuis une base aérienne militaire.
Soutien de l'armée
L'armée égyptienne a promis vendredi d'organiser des élections présidentielles libres et justes à la fin de l'année. Dans son communiqué, l'armée égyptienne reconnaît le transfert de pouvoir du président Hosni Moubarak à son vice-président, annoncé jeudi soir, soutenant ainsi la transition pacifique prônée par le raïs.
Cette annonce a attisé la colère des manifestants, qui ont quitté la place Tahrir pour se rendre devant le palais présidentiel, furieux d'apprendre que Hosni Moubarak resterait à la tête du pays jusqu'à la fin de son mandat en septembre prochain. "A bas Hosni Moubarak", criaient les manifestants. Une pancarte portant le même message a été attachée au fil barbelé qui bloque l'une des entrées du palais présidentiel.
Forte mobilisation
A la mi-journée, le nombre total de manifestants dans la capitale égyptienne atteignait le million, selon un responsable égyptien de la sécurité. A Alexandrie, le nombre de manifestants était estimé à quelque 400'000 à 500'000, selon un photographe de l'AFP.
Beaucoup arboraient une attitude de défi après la déception de la veille provoquée par l'annonce du chef de l'Etat qu'il déléguait ses prérogatives au vice-président tout en s'accrochant au pouvoir, déclenchant la fureur des manifestants. Face à la pression populaire qui ne faiblit pas, Hosni Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans, a déclaré jeudi soir lors d'une allocution télévisée qu'il déléguait ses pouvoirs à son vice-président Omar Souleimane, mais sans démissionner.
Les protestataires, qui réclament aussi bien le départ du président que celui de son vice-président, espéraient que la mobilisation soit d'une ampleur sans précédent depuis le début du mouvement de contestation le 25 janvier. Des grèves lancées ces derniers jours et suivies par des dizaines de milliers de travailleurs en Egypte augmentent les chances de manifestations monstres vendredi, jour férié en Egypte.
Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent le plus souvent dans le calme. Des heurts se sont produits entre policiers et manifestants les premiers jours, puis entre pro et anti Moubarak le 2 février. Les violences ont fait environ 300 morts selon un bilan de l'ONU et Human Rights Watch.
agences/cab