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Scènes de liesse en Egypte suite à la démission de Moubarak

La foule exulte de joie après l'annonce du départ de Moubarak. [Mohammed Abed]
La foule exulte de joie après l'annonce du départ de Moubarak. - [Mohammed Abed]
Le président égyptien Hosni Moubarak a quitté ses fonctions et remis le pouvoir à l'armée vendredi, après 18 jours de contestation populaire, provoquant une explosion de joie dans le pays sur lequel il régnait depuis trois décennies. Une démission largement saluée à l'étranger.

"Compte tenu des conditions difficiles que traverse le pays, le président Mohammed Hosni Moubarak a décidé d'abandonner le poste de président de la République et chargé le conseil suprême des forces armées de gérer les affaires du pays", a déclaré le vice-président Omar Souleimane dans une brève allocution télévisée.

Dans la soirée, la puissante armée égyptienne (lire encadré) a assuré qu'elle ne souhaitait pas se substituer à "la légitimité voulue par le peuple". L'annonce de la démission de Hosni Moubarak, 82 ans, est intervenue alors que plus d'un million de personnes manifestaient contre le raïs à travers l'Egypte.

Foule en délire

Les centaines de milliers de manifestants réunis place Tahrir au Caire ont explosé de joie à l'annonce du départ du président, au pouvoir depuis 1981. "Le peuple a fait tomber le régime!", scandait une foule en délire sur cette place devenue symbole du mouvement de contestation déclenché le 25 janvier et qui a fait au moins 300 morts, selon l'ONU et Human Rights Watch.

Les manifestants hurlaient de joie et agitaient des drapeaux égyptiens. Certains se sont évanouis sous le coup de l'émotion. "L'Egypte d'aujourd'hui est une nation libre et fière", a déclaré la figure la plus en vue de l'opposition, Mohamed ElBaradei, sur Twitter. "La vie recommence pour nous (...) Mon message au peuple égyptien est que vous avez gagné la liberté (...) Faisons-en le meilleur usage", avait-t-il déclaré plus tôt sur Al-Jazeera.

Les Frères musulmans ont salué "l'armée qui a tenu ses promesses" et le "combat" des Egyptiens. "Félicitations à l'Egypte, le criminel a quitté le palais", a souligné de son côté sur Twitter Waël Ghonim, un cybermilitant devenu icône du soulèvement. "Je pleure parce que je suis heureuse", a lancé une manifestante, Loubna Darwiche, 24 ans, tout en tempérant: "il reste beaucoup à faire". "Nous aimons l'armée mais c'est le peuple qui a mené cette révolution et c'est lui qui doit la contrôler".

En fuite vers Charm el-Cheikh

Un peu plus tôt, le Parti national démocrate (PND) de Hosni Moubarak avait indiqué que le chef de l'Etat avait quitté Le Caire pour la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, dans le Sinaï, où il dispose d'une résidence. Au 18e jour de la mobilisation populaire, un million de personnes manifestaient au Caire, selon un responsable de la sécurité, tandis qu'elles étaient entre 400'000 et 500'000 à Alexandrie, selon un photographe de l'AFP.

Hosni Moubarak sur le départ? [Keystone - EPA - STR]
Hosni Moubarak sur le départ? [Keystone - EPA - STR]

Plus de 3000 personnes étaient notamment rassemblées aux abords de la principale résidence de Hosni Moubarak, dans le quartier de Heliopolis, dans la périphérie du Caire, tandis que plus de 2000 autres se trouvaient à l'extérieur du bâtiment abritant la télévision d'Etat, sur les rives du Nil.

Alors que les manifestations se déroulaient le plus souvent dans le calme depuis le 3 février, une personne a été tuée et 20 blessées vendredi lors de heurts à Al-Arich, dans le Sinaï égyptien, entre manifestants et policiers, selon un responsable des services de sécurité. Le manifestant a été tué lors d'un échange de tirs entre policiers et protestataires qui tentaient de libérer des détenus dans un poste de police. Selon des témoins, un millier de manifestants ont lancé des bombes incendiaires sur le poste de police et mis le feu à des véhicules.

Tergiversations au sommet

Ailleurs dans le monde, des explosions de joie ont notamment eu lieu à Gaza et Tunis, où un mouvement de contestation similaire avait provoqué la chute le 14 janvier du président Zine El Abidine Ben Ali. "C'est formidable! Deux dictateurs sont tombés en moins d'un mois!", exultait Noureddine, 23 ans, tandis que son copain Ahmed demandait: "A qui le tour maintenant?"

Jeudi soir, Hosni Moubarak avait annoncé qu'il déléguait ses prérogatives au vice-président Omar Souleimane, mais qu'il restait de droit président jusqu'à la fin de son mandat en septembre, une annonce qui avait provoqué la colère des manifestants qui réclamaient son départ immédiat.

Le président avait aussi annoncé l'amendement de cinq articles controversés de la Constitution concernant la présidentielle. L'armée égyptienne, colonne vertébrale du régime, s'était portée "garante" dans la matinée des réformes promises par Hosni Moubarak.

L'armée a les cartes en main

Le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui, 75 ans, désormais nouvel homme fort du pays, a salué dans la soirée la foule devant le palais présidentiel. Mohamed Tantaoui est à la tête du Conseil suprême des forces armées, une commission de dirigeants militaires qui a pris la direction du pays.

Le ministre égyptien de la Défense Mohamed Tantaoui est le nouvel homme fort du pays. [REUTERS - � Ho New / Reuters]
Le ministre égyptien de la Défense Mohamed Tantaoui est le nouvel homme fort du pays. [REUTERS - � Ho New / Reuters]

Dans son communiqué, lu par un militaire à la télévision d'Etat, le conseil suprême des forces armées "salue le président Mohammed Hosni Moubarak pour ce qu'il a donné à la nation en temps de guerre et en temps de paix et pour son attitude patriotique qui a fait prévaloir les intérêts supérieurs de la nation".

"Tenant compte des revendications de notre grand peuple qui souhaite des changements radicaux, le conseil suprême des forces armées étudie (ces revendications) et publiera des communiqués qui préciseront les mesures qui vont être prises".

Dans la matinée, ce conseil avait assuré qu'il garantirait "une élection présidentielle libre et transparente" et promis de mettre fin à l'état d'urgence, en vigueur depuis 1981, "dès la fin des conditions actuelles".

afp/os

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Réactions unanimes à l'étranger

Le président américain Barack Obama a affirmé que l'Egypte "ne sera plus jamais la même", après ces événements, et appelé l'armée à assurer une transition "crédible" vers la démocratie. La Maison Blanche a également appelé l'Egypte à honorer les accords de paix avec Israël.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton s'est félicitée que Hosni Moubarak ait "écouté la voix du peuple égyptien", tandis qu'Israël espérait que la période de transition se fera "sans secousse", selon un responsable gouvernemental.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton s'est félicitée que M. Moubarak ait "écouté la voix du peuple égyptien", tandis qu'Israël espérait que la période de transition se fera "sans secousse", selon un responsable gouvernemental.

La démission du président Moubarak est "un changement historique", a déclaré de son côté la chancelière allemande Angela Merkel, appelant toutefois le futur régime égyptien à respecter "la sécurité d'Israël" et le traité de paix avec ce pays.

Il faut "aller vers un gouvernement civil et démocratique" en Egypte, a souligné pour sa part le Premier ministre britannique David Cameron.

Le président français Nicolas Sarkozy a salué la décision "courageuse et nécessaire" de Moubarak et souhaité que les nouvelles autorités organisent des élections "libres et transparentes".

"La voix du peuple égyptien a été entendue", s'est réjoui pour sa part le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, alors que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, a salué un "changement historique".