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Nuit d'euphorie sur la place Tahrir, au Caire

On commence à évacuer les débris des manifestations des derniers jours. [Tara Todras-Whitehill]
Au Caire, on commence à évacuer les débris des manifestations des derniers jours. - [Tara Todras-Whitehill]
Des milliers d'Egyptiens ont passé la nuit sur la place Tahrir, au Caire, pour célébrer la démission du président Hosni Moubarak. Les cris de joie n'ont cessé de retentir et, au matin, certains sont encore montés à la tribune pour exhorter la foule à poursuivre le combat en vue d'une Egypte démocratique.

Sur le pont menant à l'une des entrées de la place Tahrir, symbole de la contestation populaire qui a chassé Hosni Moubarak après près de 30 ans de règne, de nombreux jeunes dansaient encore à l'aube, arborant des drapeaux égyptiens et arrêtant les voitures pour féliciter les conducteurs. D'autres demandaient la libération immédiate de tous les prisonniers politiques.

Pendant toute la nuit, les Egyptiens ont dansé, ri, chanté dans l'espoir d'assister à l'avènement d'une nouvelle ère. L'euphorie n'a pas seulement envahi la place Tahrir, mais a gagné tout le pays, d'Alexandrie à Suez, où une nation entière paraît être descendue dans les rues.

Postés à certaines entrées de la place, les tanks ont commencé à libérer le passage et l'armée a commencé à enlever les barricades et les barbelés sur la place centrale du Caire. Les soldats évacuent aussi les carcasses de voitures brûlées, traces des récents affrontements, avec l'aide de nombreux civils.

Le ministre de la Défense, nouvel homme fort

La rue égyptienne a fêté toute la nuit, mais c'est désormais l'armée qui est maître du jeu. [AFP - PATRICK BAZ]
La rue égyptienne a fêté toute la nuit, mais c'est désormais l'armée qui est maître du jeu. [AFP - PATRICK BAZ]

Après ce long bras de fer de 18 jours, qui a fait au moins 300 morts selon l'ONU, Hosni Moubarak a finalement admis sa défaite vendredi. A 82 ans, l'ancien homme fort, qui s'apprêtait encore il y a quelques semaines à préparer une transition dynastique, s'est réfugié à Charm el-Cheikh, station balnéaire de la mer Rouge où il dispose d'une résidence.

L'armée a pris directement les rênes du pays via un conseil militaire, qui n'a guère donné de détails sur la "phase de transition" qui vient de s'ouvrir, ni sur le calendrier électoral. Ce Conseil suprême des forces armées, dirigé par le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui, qui devient ainsi le nouvel homme fort du pays, a promis de "réaliser les espoirs de notre grand peuple".  L'armée a assuré qu'elle ne désirait pas se substituer à la légitimité voulue par le peuple.

Le vice-président Omar Souleimane a pour sa part demandé au Premier ministre Ahmed Chafik de désigner un vice-Premier ministre chargé de réfléchir à la transition politique. Issu du "comité des sages", il supervisera le "dialogue national" entre le pouvoir, l'opposition et des personnalités indépendantes.

Prudence israélienne, joie du Hamas

Hosni Moubarak sur le départ? [Keystone - EPA - STR]
Hosni Moubarak sur le départ? [Keystone - EPA - STR]

Alors que le monde occidental a unanimement applaudi le départ de Moubarak, le monde arabe et Israël est resté partagé entre prudence et satisfaction. L'Etat hébreu, qui redoute une montée de l'islamisme, a réagi avec prudence, espérant que la transition se fera "sans secousse". A l'inverse, le mouvement islamiste palestinien Hamas a salué le départ de Moubarak comme "le début de la victoire de la révolution".

L'Iran a estimé que les Egyptiens avaient obtenu une "grande victoire", estimant que ce départ de Moubarak témoigne de "l'échec des Etats-Unis et du sionisme dans la région". En Jordanie, les puissants Frères musulmans ont évoqué une "leçon pour beaucoup de régimes arabes".

En Tunisie, la chute de Moubarak a provoqué une explosion de joie, alors que le gouvernement tunisien a salué "la lutte du peuple égyptien et ses sacrifices". Enfin, le président soudanais Omar el-Béchir a salué le "triomphe de la révolution".

agences/boi

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Réactions unanimes en Occident

Le président américain Barack Obama a affirmé que l'Egypte "ne sera plus jamais la même", après ces événements, et appelé l'armée à assurer une transition "crédible" vers la démocratie. La Maison Blanche a également appelé l'Egypte à honorer les accords de paix avec Israël.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton s'est félicitée que Hosni Moubarak ait "écouté la voix du peuple égyptien".

"La voix du peuple égyptien a été en- tendue", s'est félicité de son côté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki- moon, appelant à "une transition transparente, en bon ordre et pacifique".

La démission du président Moubarak est "un changement historique", a déclaré de son côté la chancelière allemande Angela Merkel, appelant toutefois le futur régime égyptien à respecter "la sécurité d'Israël" et le traité de paix avec ce pays.

Il faut "aller vers un gouvernement civil et démocratique" en Egypte, a souligné pour sa part le Premier ministre britannique David Cameron.

Le président français Nicolas Sarkozy a salué la décision "courageuse et nécessaire" de Moubarak et souhaité que les nouvelles autorités organisent des élections "libres et transparentes".