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Egypte: l'armée promet une transition démocratique

L'armée "préparera le terrain à un pouvoir civil élu en vue de construire un Etat démocratique libre", a annoncé le conseil suprême des forces armées. [Dylan Martinez]
L'armée "préparera le terrain à un pouvoir civil élu en vue de construire un Etat démocratique libre", a annoncé le conseil suprême des forces armées. - [Dylan Martinez]
L'armée égyptienne, chargée des affaires du pays depuis la démission vendredi du président Hosni Moubarak, a promis samedi une "transition pacifique" vers "un pouvoir civil élu" et s'est engagée à respecter les traités internationaux signés par l'Egypte.

Dans le même temps, les Egyptiens continuaient à fêter la chute du raïs, tombé la veille sous la pression de la rue après trois décennies au pouvoir. Le conseil suprême des forces armées a également annoncé dans son "communiqué numéro 4" que le gouvernement nommé quelques jours avant son départ par Hosni Moubarak resterait en place provisoirement pour assurer la gestion des affaires courantes.

"La République arabe d'Egypte restera engagée envers tous ses traités régionaux et internationaux", a-t-il ajouté. L'Egypte est, avec la Jordanie, le seul pays arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël, et l'Etat hébreu n'a pas caché ces deux dernières semaines ses craintes sérieuses de voir émerger au Caire un nouveau pouvoir qui serait hostile à cet accord.

Incertitudes autour du calendrier

L'armée s'est aussi engagée à une "transition pacifique du pouvoir" qui "préparera le terrain à un pouvoir civil élu en vue de construire un Etat démocratique libre", a déclaré le conseil dans ce texte lu par un militaire à la télévision d'Etat, sans toutefois donner de calendrier.

La communauté internationale a multiplié les appels à une évolution démocratique du pays et à un retour à un pouvoir civil répondant aux voeux des manifestants qui ont poussé Hosni Moubarak au départ.

"Le gouvernement actuel et les gouverneurs continueront de travailler jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé", a ajouté le conseil, une instance de dirigeants militaires qui a pris la direction de l'Egypte. Ce conseil est dirigé par le ministre de la Défense, Mohamed Hussein Tantaoui, 75 ans, le nouvel homme fort du pays.

Grand nettoyage de la place Tahrir

Quelques milliers d'Egyptiens euphoriques étaient toujours rassemblés samedi place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte lancée le 25 janvier, où beaucoup ont passé la nuit. L'armée commençait à enlever barricades et barbelés autour de la place, et de nombreux civils, armés de balais et de sacs, avaient entrepris de nettoyer la place.

Des milliers d'Egyptions sont venus nettoyer la place Tahrir samedi matin. [REUTERS - Mohamed Abd El-Ghany]
Des milliers d'Egyptions sont venus nettoyer la place Tahrir samedi matin. [REUTERS - Mohamed Abd El-Ghany]

Des grues enlevaient aussi les carcasses de voitures brûlées, rappels des violents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, puis entre pro et anti-Moubarak, au cours de cette révolte qui a fait au moins 300 morts, selon l'ONU et l'organisation Human Rights Watch.

"C'est la fête", a lancé Oussama Taoufik Saadallah, 40 ans. "C'est la fin de l'injustice! Nous étions en retard par rapport à d'autres pays, maintenant, nous avons une valeur aux yeux de l'étranger, du monde arabe".

Policiers en colère

Quelque 600 prisonniers se sont échappés samedi d'une prison du Caire après des émeutes, selon des services de sécurité qui font état de plusieurs morts ou blessés. A Ismaïliya, grande ville située sur le canal de Suez, des centaines de policiers ont manifesté samedi pour protester contre la corruption dans leurs rangs et accuser leurs supérieurs de leur avoir donné l'ordre de tirer sur les manifestants.

La presse gouvernementale égyptienne, jusqu'alors soutien sans faille du régime, saluait la "Révolution des jeunes". Malgré l'euphorie et l'incertitude, la vie reprenait son cours. Le couvre-feu a été allégé: il débutera désormais à minuit au lieu de 20h00 (18h00 GMT), et durera jusqu'à 06h00 (04h00 GMT). La Bourse du Caire, fermée depuis le 27 janvier, doit rouvrir mercredi, a annoncé la télévision d'Etat.

L'annonce de la démission de Hosni Moubarak est intervenue au 18e jour de la révolte populaire, alors que plus d'un million de personnes manifestaient contre le raïs à travers l'Egypte, un pays de plus de 80 millions d'habitants. Selon son parti, le Parti national démocrate, il a quitté Le Caire pour Charm el-Cheikh (Sinaï), où il dispose d'une résidence.

afp/os

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Dignitaires interdits de quitter le pays

L'ancien Premier ministre égyptien Ahmad Nazif et l'actuel ministre de l'Information Anas el-Fekki ont interdiction de quitter le pays, en vertu d'une décision du procureur général, a annoncé samedi l'agence de presse officielle Mena.

"Le procureur général Abdel Maguid Mahmoud a décidé d'interdire à l'ancien Premier ministre Ahmad Nazif et au ministre de l'Information Anas el-Fekki (...) de quitter le pays au vu des plaintes déposées contre eux", a rapporté la Mena, sans plus de précision sur ce qui leur est reproché.

Dans une décision prise au lendemain de la démission du président Hosni Moubarak, le procureur a par ailleurs décidé de "geler les avoirs de l'ancien ministre de l'Intérieur égyptien, Habib el-Adli, ainsi que ceux de sa famille, à la suite de plaintes concernant le transfert de plus de quatre millions de livres égyptiennes (environ 660’000 dollars) d'une société de construction vers son compte personnel", selon l'agence.

Le 3 février, le Premier ministre égyptien Ahmed Chafic avait annoncé que l'ancien ministre de l'Intérieur, dont le départ avait été réclamé avec insistance par les manifestants, allait faire l'objet d'une enquête.

D'anciens ministres et responsables égyptiens, dont Habib el-Adli et le magnat de l'acier Ahmad Ezz, avaient été interdits de quitter l'Egypte et leurs comptes ont été gelés, sur décision du parquet général.

Obama salue la promesse de l'armée

Barack Obama "a salué le changement historique réalisé par les Egyptiens et a réaffirmé son admiration pour leurs efforts. Il a également salué l'annonce aujourd'hui par le Conseil suprême des forces armées promettant une transition démocratique aux civils et le respect des obligations internationales" de l'Egypte, poursuit le communiqué.