Des policiers à moto ont pourchassé les manifestants sur la place et dans les rues voisines. Des manifestants ont répliqué en enflammant des poubelles. "Un Iranien meurt mais n'accepte pas l'humiliation", "Mort au dictateur", scandaient les manifestants en référence au président Mahmoud Ahmadinejad, dont l'élection en 2009 a été contestée par l'opposition. Un Iranien a été tué par balle, rapporte Fars, et plusieurs autres ont été blessés. L'agence de presse iranienne a imputé les tirs à des manifestants.
Les autorités iraniennes avaient coupé le téléphone d'un des leaders de l'opposition, Mir Hossein Moussavi, et fait cerner sa maison, pour l'empêcher de participer à une manifestation de soutien aux Egyptiens, selon un site Internet réformateur. D'après Kaleme.com, la police a dépêché plusieurs véhicules devant son domicile. Hossein Moussavi et une autre figure du mouvement réformateur, Mahdi Karroubi, ont été placés en résidence surveillée depuis la semaine dernière et l'annonce de cette manifestation.
Une année après la contestation postélectorale
Il s'agissait de la première démonstration de force depuis plus d'un an de l'opposition, écrasée par une féroce répression. La dernière grande manifestation contre le régime Ahmadinejad remontait à décembre 2009. Des centaines de milliers d'Iraniens étaient descendus dans les rues après le scrutin de juin 2009, dénonçant pacifiquement jour après jour la réélection frauduleuse d'Ahmadinejad, avant que la répression sanglante ne s'abatte sur ce "mouvement vert".
Les réformateurs iraniens estiment aujourd'hui que leur combat a été le détonateur des révolutions tunisienne et égyptienne du mois écoulé. Dimanche, l'opposition avait accusé le régime d'hypocrisie, Téhéran déclarant son soutien aux mouvements populaires égyptien et tunisien et affirmant qu'ils tiraient leur inspiration de la révolution de 1979, tout en interdisant aux Iraniens de manifester dans le même sens. Répondant aux tirs de gaz lacrymogènes de la police, les manifestants ont mis le feu à des poubelles, tandis que les motards de la police et des très redoutées milices pro-gouvernementales donnaient la chasse aux protestataires dans les rues.
Comme lors du mouvement de contestation postélectorale de l'été 2009, la presse étrangère s'est vue interdire la couverture des manifestations de rue. Les lignes téléphoniques ont également été coupées. Comme à l'époque aussi, dès l'aube, les partisans de l'opposition s'étaient mis à crier "Allah Akbar" depuis les toits et balcons, signe de ralliement et de défiance au régime des mollahs.
agences/ps
Washington appuie les manifestants
Les Etats-Unis soutiennent les revendications des manifestants iraniens, a dit la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui a exhorté l'Iran à suivre l'exemple égyptien en "ouvrant" son système politique. Hillary Clinton a salué le "courage" des manifestants qui ont protesté contre le gouvernement lundi à Téhéran pour la première fois depuis un an. "Nous souhaitons la même chance à l'opposition et aux personnes courageuses qui sont descendues dans la rue à travers l'Iran que celle qu'ont su saisir leurs homologues égyptiens la semaine dernière,", a-t-elle lancé au cours d'une visite au Congrès.
Le département d'Etat a même commencé dimanche a écrire des micro-messages sur le site Twitter en persan pour s'adresser aux Iraniens. Au moment de lancer ce nouveau compte, @USAdarFarsi, les Etats-Unis évoquent "le rôle historique" que les médias sociaux jouent chez les Iraniens. "Nous voulons vous rejoindre, dans vos conversations au quotidien", est-il écrit dans ce message. Les USA en ont profité pour accuser les autorités iraniennes de faire preuve d'hypocrisie. "L'Iran a montré qu'il saluait les Egyptiens pour leur action mais qu'il jugeait illégal et illégitime ce type de comportement quand il s'agissait de son propre peuple", est-il écrit dans un des trois messages qui a été mis en ligne lundi matin.