Selon les médias, les forces de l'ordre sont intervenues pour mettre fin à des affrontements entre des partisans du leader libyen Mouammar Kadhafi et des opposants qui s'étaient rassemblés à Bengazi, à 1000 kilomètes à l'est de Tripoli, pour réclamer la libération d'un avocat représentant des familles de prisonniers tués en 1996 dans une fusillade dans la prison d'Abou Salim à Tripoli.
Selon des sites internet, les manifestants de Benghazi ont scandé des slogans contre le régime: "Benghazi, réveille-toi, c'est le jour que tu attendais", "le sang des martyrs n'est pas versé en vain", ou encore "le peuple veut faire tomber la corruption". Policiers et partisans armés du gouvernement ont rapidement sévi, tirant des balles en caoutchouc. Le calme était toutefois revenu mercredi matin.
Selon une source libyenne bien informée, les autorités ont lancé mercredi une "campagne d'interpellations", dans la ville frondeuse de Benghazi, bastion des opposants du régime, "parmi les activistes", a indiqué cette source qui n'était pas en mesure de donner plus de détails.
42 ans de pouvoir pour Kadhafi
A part à Benghazi, deuxième ville du pays, des centaines de manifestants pro-régime ont défilé mais aussi à Syrte (est), Sebha (sud) et Tripoli, selon des images de le télévision d'Etat.
Les comités révolutionnaires, épine dorsale du régime libyen dirigé d'une main de fer depuis 42 ans par le colonel Kadhafi, ont prévenu mercredi qu'ils "ne permettraient pas à des groupes s'activant la nuit de piller les acquis du peuple menacer la sécurité du citoyen et la stabilité du pays".
Ces manifestations interviennent à la veille de la "journée de colère" libyenne prévue jeudi, selon des appels lancés sur Facebook. Sous le slogan "Révolte du 17 février 2011: pour en faire une journée de colère en Libye", un groupe Facebook, qui appelle à un soulèvement contre le régime de Mouammar Kadhafi, est passé de 4400 membres lundi à 9600 mercredi matin.
Révolution peu probable
Il est impossible à ce stade d'évaluer les conséquences de ces événements.
La plupart des analystes s'accordent toutefois à penser qu'un scénario à la tunisienne ou à l'égyptienne est peu probable en Libye, pays qui dispose d'importantes ressources financières pouvant être utilisées pour calmer les esprits.
En outre, la société libyenne est structurée sur un système de liens tribaux et familiaux. Dans ce cadre, s'il devait y avoir contestation du régime de M. Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, elle se développerait plutôt en coulisses que dans les rues.
agences/boi
L'Union européenne demande la "libre expression"
L’Union européenne a réagi mercredi à la dispersion par la force du sit-in contre le pouvoir à Benghazi.
"Nous appelons les autorités libyennes à écouter tous les gens qui participent aux protestations et ce que la société civile dit, et à permettre l'expression libre", a souligné la porte-parole de la Haute Représentante de l'Union européenne aux Affaires étrangères Catherine Ashton.
"Nous appelons également au calme et à ce que toute violence soit évitée", a-t-elle précisé, avant d'assurer que "l'Union européenne suit la situation de très près".