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Révolte dans le monde arabe: le bilan s'alourdit

Un manifestant yéménite à Sanaa. [Ahmad Gharabli]
Un manifestant yéménite à Sanaa. - [Ahmad Gharabli]
Une vague de manifestations sans précédent contre plusieurs régimes autoritaires en place depuis des décennies au Moyen-Orient continuaient d'être réprimées dans le sang. De violents affrontements ont fait neuf morts en Libye, trois au Yémen et quatre au Bahreïn.

La contestation populaire en Tunisie et en Egypte, où les présidents Zine El Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak ont été chassés du pouvoir, a encouragé les mouvements de protestations dans d'autres pays arabes ayant en commun déficit démocratique, corruption, népotisme et problèmes économiques et sociaux.

Face à ce déferlement de protestations, la communauté internationale, Etats-Unis en tête, de même que les organisations de défense des droits de l'Homme appellent à tue-tête à ne pas recourir à la force contre les manifestants et à écouter leurs doléances.

Sortant de sa réserve habituelle, le chef de l'ONU Ban Ki-moon a même donné une leçon de démocratie à ces pays, estimant qu'il fallait promouvoir "des réformes audacieuses" et bannir la répression.

Violents affrontements en Libye

De violents affrontements ont de nouveau opposé jeudi des manifestants aux forces de sécurité en Libye, au troisième jour d'un mouvement de contestation sans précédent contre le régime du colonel Kadhafi qui a fait au moins neuf morts et des dizaines de blessés.

"Sept manifestants ont été tués dans les manifestations de jeudi à Benghazi", a déclaré une source médicale locale sous couvert de l'anonymat, bilan confirmé par le journal Quryna, proche de Seif al-Islam, fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, qui a cité une "source sécuritaire responsable".

Obsèques très suivies au Bahreïn

Des milliers de personnes participaient vendredi dans la banlieue est de Manama, à Bahreïn, aux obsèques de deux chiites tués la veille dans un raid sanglant des forces de sécurité. Ces dernières s'en sont prises à un sit-in de protestation antigouvernementale dans la capitale. Suivant deux véhicules sur lesquels reposaient les corps de Ali Khodeir, 53 ans, et de Mahmoub Mekki, 23 ans, enveloppés du drapeau national, la procession avançait à Sitra, un village chiite, en scandant des slogans patriotiques: "Ni chiites, ni sunnites. Unité nationale" ou "Sunnites et chiites sont frères", selon des témoins. Certains scandaient également "Le peuple veut la chute du régime" et "les privilèges vont aux forces anti-émeutes et le peuple reçoit les balles".

Bahreïn, un petit archipel du Golfe, est gouverné par une dynastie sunnite mais sa population est majoritairement chiite. Cinq morts au total Les deux hommes ont été tués dans un raid lancé par les forces de sécurité jeudi avant l'aube contre des centaines de protestataires qui campaient sur la place de la Perle à Manama pour revendiquer des réformes politiques.

Le raid a fait trois morts et près de 200 blessés selon les autorités, quatre morts selon l'opposition chiite. Au total, cinq personnes ont été tuées depuis le début de la contestation lundi selon des sources officielles. Un troisième chiite tué devait être inhumé plus tard dans la journée à Sitra et un quatrième dans un autre village chiite, selon un porte-parole du principal mouvement de l'opposition chiite, Matar Ibrahim Matar.

Des milliers de protestataires au Yémen

Des groupes d'opposants à Sanaa. [NOTIMEX - CORTESÍA]
Des groupes d'opposants à Sanaa. [NOTIMEX - CORTESÍA]

Trois personnes ont été tuées et 19 blessées par balles lors de violents heurts nocturnes entre la police et des centaines de manifestants hostiles au régime à Aden, principale ville du sud du Yémen, selon une source hospitalière vendredi.

Comme la nuit précédente, les manifestants, scandant "Ali, dégage", ont cassé les devantures de magasins, mis le feu à des pneus et placé des tonneaux dans les rues pour bloquer la circulations, selon le correspondant de l'AFP sur place.

Les protestataires réclament le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans et de meilleures conditions de vie. Les nouveaux décès portent à cinq le nombre de morts à Aden depuis mercredi. Selon un responsable de l'hôpital Al-Joumhouriya, les corps de trois personnes tuées par balles réelles se trouvaient vendredi à la morgue.

Répétant "le peuple veut la chute du régime", les centaines de jeunes manifestants en colère dans le quartier de Moualla à Aden ont déchiré les portraits du président ornant les rues. La police a eu recours aux gaz lacrymogènes et a tiré des coups de feu pour disperser les manifestants, qui ont riposté en lançant des pierres. Une poignée de manifestants étaient armés, selon des témoins.

Siège d'un parti pris d'assaut en Irak

En Irak, le mouvement de contestation sociale lancé le 3 février s'est étendu au Kurdistan autonome (nord) où deux personnes ont été tuées et 47 blessées par balles à Souleimaniyeh. Près de 3000 personnes, en majorité des jeunes, ont manifesté en accusant de "corruption" les deux partis traditionnels kurdes.

Des manifestants ont tenté de prendre d'assaut le siège d'un parti, mais des gardes ont tiré en l'air. La veille, au sud de Bagdad, un manifestant de 16 ans avait été tué et 27 autres blessés lors de violentes protestations.

afp/jzim

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