"Après le dîner, nous descendions dans un hall au rez-de-chaussée où commençait le bunga bunga", explique la jeune Karima El Mahroug, alias Ruby Rubacuore ("Ruby la voleuse de coeurs"), dans des déclarations publiées par le quotidien de gauche La Repubblica. "Toutes les filles étaient nues et j'avais l'impression qu'il y avait une émulation entre elles avec des gestes sexuels de plus en plus osés pour que Berlusconi les remarque", ajoute-t-elle.
Harem inspiré par Kadhafi
Ruby est à l'origine du procès qui s'ouvrira le 6 avril pour Silvio Berlusconi, accusé de prostitution de mineure - elle n'avait pas encore 18 ans lors de ces nuits dans la luxueuse villa d'Arcore, près de Milan -, et d'abus de pouvoir pour l'avoir fait libérer alors qu'elle avait été arrêtée pour vol.
Selon le Parquet, le Cavaliere voulait empêcher qu'elle ne révèle à la police une relation tarifée avec lui. Ses avocats affirment eux qu'il cherchait à éviter un incident diplomatique, pensant que Ruby était la nièce du président égyptien Hosni Moubarak.
Dans une de ses déclarations, la voluptueuse jeune Marocaine a aussi décrit sa première rencontre avec Silvio Berlusconi dans sa résidence en février 2010. "Ce soir-là, Berlusconi m'a expliqué que le bunga bunga était un harem inspiré par son ami (le leader libyen Mouammar) Kadhafi, avec des filles qui se déshabillent et lui donnent des +plaisirs physiques+", a-t-elle affirmé, toujours selon la presse.
Participation "prude"
"Le Premier ministre m'a emmenée dans son bureau et m'a fait comprendre que ma vie pourrait complètement changer si je participais au bunga bunga," a-t-elle ajouté. Elle affirme avoir refusé d'y prendre part la première fois, mais avoir rejoint Silvio Berlusconi la deuxième fois, en mars, en gardant toutefois ses vêtements. "Je ne me suis pas déshabillée et je n'ai pas fait d'exhibition sexuelle. J'étais la seule fille à garder mes vêtements et pour avoir quelque chose à faire j'apportais de temps en temps au Premier ministre des Sanbitter", une boisson non alcoolisée populaire en Italie.
Le "bunga bunga", objet de multiples articles dans la presse italienne depuis des mois, a donné lieu aussi à d'innombrables blagues et parodies, notamment sur le net. Silvio Berlusconi a admis être "un pécheur, comme tout le monde", mais a accusé les magistrats et les opposants "puritains" de chercher à le chasser de son poste. Il a à la fois fermement démenti les charges retenues contre lui et dénoncé une atteinte à sa vie privée.
afp/jzim
Immunité pour Berlusconi?
Le gouvernement italien a approuvé vendredi le principe d'une nouvelle réforme de la justice. Elle inclut une immunité parlementaire qui pourrait profiter à Silvio Berlusconi.
Parmi les mesures, qui doivent encore être adoptées dans le détail en conseil des ministres puis par le parlement à la majorité des deux-tiers, figure un rétablissement de l'immunité parlementaire totale, qui couvrirait Berlusconi en sa qualité de député.
Est également prévue une réduction drastique des écoutes téléphoniques, méthode utilisée par les juges italiens dans plusieurs enquêtes contre le Cavaliere.
Autre mesure: le placement des procureurs sous tutelle du ministère de la Justice, réclamée avec force par les partisans du chef du gouvernement qui accuse les juges de fomenter un complot contre lui.