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Veto américain à une résolution contre Israël

Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas avait souhaité maintenir l'examen de la résolution. [Abbas Momani]
Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas avait souhaité maintenir l'examen de la résolution. - [Abbas Momani]
Sans surprise, les Etats-Unis ont mis leur veto vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution arabe condamnant la politique de colonisation israélienne.

"Il s'agit d'une décision malheureuse et déséquilibrée, qui affecte la crédibilité de l'administration américaine", a accusé Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et un des principaux négociateurs palestiniens.

Le veto américain "ne sert pas le processus de paix et encourage Israël à poursuivre son entreprise de colonisation ainsi qu'à échapper à ses obligations vis-à-vis de ce processus", a renchéri Nabil Abou Rdainah, proche collaborateur du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. De son côté, le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a dénoncé "une décision arbitraire et scandaleuse contre le peuple palestinien". Un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a accusé Washington de s'être montré une fois de plus "totalement partial envers l'occupant".

Les Etats-Unis esseulés

L'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a expliqué que la résolution, si elle avait été adoptée, aurait pu "encourager les parties à demeurer en dehors des négociations". Elle a néanmoins admis que la colonisation israélienne détruisait "la confiance entre les parties" et menaçait "les perspectives de paix". Les quatorze autres membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution. C'est la première fois que les Etats-Unis opposent leur veto à une résolution du Conseil de sécurité depuis que Barack Obama dirige le pays.

Israël, pour sa part, a appelé à la reprise des négociations directes. Londres appelait un peu plus tard "les deux parties à reprendre le plus tôt possible les négociations directes". Le projet de résolution, parrainé par quelque 130 pays, réaffirmait que "les colonies israéliennes établies dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem- Est, sont illégales et constituent un obstacle majeur à la réussite d'une paix juste, durable et globale". La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a regretté samedi qu'il n'ait pas été possible de "trouver un consensus" sur ce projet de résolution, sans faire de référence aux Etats-Unis qui ont opposé leur véto.

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont rappelé "le caractère illégal" de la colonisation et "la menace" qu'elle constituait pour une solution à deux Etats. Les trois pays européens ont appelé les deux parties à revenir aux négociations directes et souligné que leur objectif restait de parvenir à un accord sur le statut final et que la Palestine devienne membre de l'ONU dès septembre 2011.

Abbas fais la sourde oreille

Les Etats-Unis ont tenté jusqu'à la dernière minute de convaincre les Palestiniens de ne pas procéder à un vote mais, à la place, d'adopter une déclaration de la présidence du Conseil de sécurité. Mahmoud Abbas a rejeté vendredi les appels américains à renoncer à la résolution. Le projet de résolution, déposé à la mi-janvier au Conseil de sécurité à l'initiative du Groupe arabe à l'ONU, a fait l'objet d'âpres tractations avec les Etats-Unis.

Susan Rice avait proposé en échange une déclaration non contraignante de la présidence critique à l'égard de la colonisation israélienne, assortie de la promesse de l'envoi sur place d'une mission du Conseil et d'une référence aux frontières de 1967 dans le prochain communiqué du Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Russie et Union européenne). Les Etats-Unis ont cherché à éviter un veto car celui-ci ne manquera pas de porter tort à leur image dans le monde arabo-musulman, à un moment où plusieurs de ces pays sont confrontés à des manifestations, après celles en Egypte et en Tunisie qui ont fait tomber les régimes en place, relèvent les diplomates.

agences/jzim

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Devant l'Assemblée générale

La direction palestinienne a décidé de demander à l'Assemblée générale de l'ONU une condamnation de la colonisation israélienne avant de retourner devant le Conseil de sécurité, au lendemain du veto américain. "Le veto américain ne nous empêchera pas de nous adresser aux institutions internationales et n'arrêtera pas notre volonté de liberté et d'indépendance", a déclaré samedi Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).