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Pas d'issue en vue au Bahreïn, en Libye et au Yémen

L'armée s'est retirée de la place de la Perle, mais reste bien présente à Manama. [Hassan Ammar]
L'armée s'est retirée de la place de la Perle, mais reste bien présente à Manama. - [Hassan Ammar]
L'opposition ne lâche rien au Bahrein: la police a dispersé samedi à coup de gaz lacrymogènes des manifestants qui commençaient à converger sur la place de la Perle à Manama après le retrait de l'armée. En Libye, où l'internet a été coupé, le bilan des victimes atteint 84 morts, selon Human Rights Watch.

Au moment même où l'armée commençait à se retirer de la place, des appels ont été lancés sur Facebook pour une nouvelle marche en direction de la place de la Perle dans l'après-midi. La police a procédé à au moins trois interpellations parmi les manifestants, vite arrivés sur place à pied et en voiture, et bloqué les accès de la place.

Le retrait de l'armée hors de Manama a été ordonné par le prince héritier, Salman ben Hamad Al-Khalifa, en sa qualité d'adjoint du commandant suprême des forces armées, a précisé un communiqué officiel. Le texte indique que la police continuera à assumer les tâches de maintien de l'ordre dans la capitale. Ce retrait était l'une des conditions posées par l'opposition pour entamer un dialogue avec le pouvoir. Les chars et les autres véhicules blindés, qui s'étaient déployées jeudi dans ce secteur après la dispersion par la force d'un sit-in sur la place de la Perle, ont formé une colonne qui s'est ébranlée en direction de l'ouest.

Refus de négocier

Les opposants du roi ne sont pas près de céder au Bahreïn. [Hamad Mohammed]
Les opposants du roi ne sont pas près de céder au Bahreïn. [Hamad Mohammed]

L'opposition bahreïnie a rejeté samedi l'offre de dialogue faite par le prince héritier, exigeant au préalable la démission du gouvernement et le retrait de l'armée des rues de Manama où la répression du mouvement anti-régime a fait six morts en moins d'une semaine. L'armée avait tiré vendredi soir sur des manifestants à Manama, faisant des dizaines de blessés.

"Nous ne sentons pas une véritable volonté de nouer le dialogue étant donné la présence de l'armée dans les rues", a déclaré samedi Ibrahim Mattar, membre du Wefaq, le principal groupe de l'opposition chiite. "Nous n'assistons pas à un langage de dialogue mais à celui des armes", a renchéri Abdel Jalil Khalil Ibrahim, chef du bloc parlementaire du Wefaq.

Ce dernier évoquait notamment les tirs de l'armée vendredi soir contre des manifestants, qui ont fait 95 blessés, dont "trois dans un état de mort clinique". Ces tirs sont survenus alors que le prince héritier, Salmane Ben Hamad Al-Khalifa, s'exprimait à la télévision d'Etat pour promettre un dialogue avec l'opposition une fois le calme revenu.

Obama s'entretient avec le roi

La crise au Bahreïn a fait pour l'heure six morts et des centaines de blessés, après que l'armée a tiré sur un millier de personnes qui voulaient reprendre un sit-in à Manama. Vendredi, Barack Obama, a parlé au roi. Condamnant la violence, il a vivement pressé le gouvernement de Bahreïn de faire preuve de retenue. "La situation se complique et je crains qu'elle n'échappe à tout contrôle", a averti Ibrahim Mattar, dont le groupe s'est retiré du Parlement, où il compte 18 des 40 élus de la Chambre des députés.

Bahreïn, un petit royaume peuplé majoritairement de chiites, est gouverné depuis le 18ème siècle par une dynastie sunnite. Le chef du Wefaq, cheikh Ali Salmane, avait déclaré jeudi que l'opposition voudrait qu'un "nouveau gouvernement propose des réformes politiques, qu'on puisse réviser la Constitution qui consacre le principe d'une alternance pacifique au pouvoir et mette en place une monarchie constitutionnelle". Le premier ministre, cheikh Khalifa ben Salman Al-Khalifa, oncle du roi, est à ce poste depuis l'indépendance de Bahreïn, en 1971. Les ministères sont tenus par des membres de la famille royale sunnite.

agences/ps

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Libye, Yémen, Djibouti: la situation

Selon l'ONG Human Right Watch, qui s'appuie sur des témoignages du personnel hospitalier et des témoins, les forces de sécurité gouvernementales ont tué au moins 84 personnes en Libye durant les trois jours de manifestations. Un précédent bilan fait par l'agence de presse AFP parlait de 40 victimes vendredi soir.

Le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, tente d'empêcher les manifestants anti-gouvernementaux de s'organiser et de communiquer entre eux. Selon Arbor Networks, société spécialisée dans la surveillance du trafic internet basée aux Etats-Unis, l'accès à l'internet a été coupé dans la nuit de vendredi à samedi.

Parallèlement au Yémen, de violents heurts opposaient samedi manifestants et partisans du régime autour de l'Université de Sanaa. Un étudiant a été tué par balle et cinq autres ont été blessés, selon un journaliste de l'AFP témoin de la scène. Il s'agit du premier mort à Sanaa depuis le début de la contestation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh il y a une semaine, par les jeunes, notamment les étudiants. Les partisans du président ont tenté d'entrer en force dans le campus d'où sortent quotidiennement depuis une semaine des manifestations demandant le départ du chef de l'Etat, au pouvoir depuis 32 ans.

Des affrontements ont également repris samedi matin dans une banlieue populaire de Djibouti entre partisans de l'opposition qui réclament la fin du régime du président Ismaël Omar Guelleh, et forces de l'ordre. Au lendemain d'un grand rassemblement de l'opposition dans la capitale qui avait dégénéré en violences dans la soirée, des heurts ont repris dans la banlieue de Balbala.