Révoltes arabes: maintien de la tension

En Libye, le sang a continué à couler samedi. Quinze personnes ont été tuées quand des commandos ont ouvert le feu sur des gens qui venaient d'assister aux funérailles de manifestants réclamant le départ de Mouammar Kadhafi, a affirmé samedi une source hospitalière libyenne à Benghazi, la deuxième plus grande ville de Libye située dans l'est du pays. De nombreuses autres personnes ont été blessées lors de ces incidents, précisait-on de même source.

Au total, selon l’ONG Human Rights Watch, les forces de sécurité libyennes ont tué plus de 80 personnes manifestant contre le régime de Kadhafi depuis mardi. Le Royaume-Uni a dénoncé des "violences inacceptables et effroyables".

Au Bahreïn, des milliers de manifestants antigouvernementaux sont revenus sur la place de la Perle à Manama après le retrait de l'armée réclamé par l'opposition, alors que les syndicats ont lancé un mot d'ordre de grève générale à partir de dimanche.

Toujours sur la péninsule arabique mais au Yémen cette fois, de violents affrontements ont opposé à Sanaa des manifestants à des partisans du régime, faisant des blessés, alors qu'Aden, la grande ville du sud, a connu de nouvelles émeutes. Selon l’AFP, un étudiant aurait été tué par balle samedi, ce que le ministère de l’Intérieur a démenti.

Dans la capitale iranienne Téhéran, les autorités ont mis en garde contre toute manifestation de l'opposition dimanche, après la publication par des sites d'opposition, dont ceux des deux leaders Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, d'un appel à un rassemblement en mémoire aux victimes de la manifestation antigouvernementale du 14 février à Téhéran.

Au Maghreb, une dizaine de manifestants ont été blessés en Algérie dans une manifestation de l’opposition bloquée par la police à Alger, a indiqué la Coordination nationale pour le changement et la démocratie. Un député de l'opposition a été grièvement blessé dans la répression de la marche.

Au Maroc voisin, la jeunesse du mouvement islamiste Justice et bienfaisance a appelé à participer "pacifiquement" dimanche à une manifestation en faveur d'une "large réforme politique" dans plusieurs villes du Maroc.

Le gouvernement tunisien et le principal mouvement islamiste, Ennahda, ont pour leur part vivement condamné samedi le meurtre d'un prêtre catholique polonais près de Tunis, où plusieurs centaines de manifestants ont défilé pour réclamer une "Tunisie laïque" et dire "non" au "fanatisme".

L'amnistie générale pour les prisonniers politiques est par ailleurs entrée en vigueur samedi en Tunisie après la promulgation d'un décret-loi par le président de transition. C'est ce qu'a annoncé samedi l'agence officielle TAP.

Au Djibouti, trois importantes figures de l'opposition ont été arrêtées samedi dans la capitale Djibouti au lendemain d'une manifestation sans précédent contre le président Ismaël Omar Guelleh qui a dégénéré en de violents affrontements ayant fait officiellement deux morts. Deux opposants ont ensuite été relâchés en soirée, selon la télévision d’Etat.

En Egypte, le gouvernement va procéder prochainement à la libération de 222 détenus politiques, a annoncé samedi le Premier ministre Ahmad Chafic. Un remaniement "limité" du gouvernement égyptien de transition va bientôt avoir lieu.

Enfin, un regain de tension a été constaté samedi en Côte d’Ivoire, où au moins trois jeunes ont été tués par balles samedi à Abidjan, selon des témoins, lorsque les forces de l’ordre fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo ont dispersé des partisans d’Alassane Ouattara.

agences/bkel