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Le Conseil des droits de l'homme condamne la Libye

Le diplomate Adel Shaltut a affirmé que la mission libyenne a décidé de représenter le peuple libyen, et non le régime de Kadhafi. [EPA/UN/JEAN-MARC FERRE]
Le diplomate Adel Shaltut a affirmé que la mission libyenne a décidé de représenter le peuple libyen, et non le régime de Kadhafi. - [EPA/UN/JEAN-MARC FERRE]
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a condamné vendredi les violations massives des droits humains en Libye, assimilables à des crimes contre l'humanité. Il a décidé d'une enquête internationale et recommandé la suspension de la Libye Plus tôt, la représentations libyenne avait annoncé sa défection du régime de Mouammar Kadhafi.

Le texte adopté par consensus condamne fermement les violations systématiques des droits de l'homme en Libye, dont "des attaques indiscriminées contre des civils, exécutions sommaires, détentions arbitraires, arrestation et torture de manifestants pacifiques, dont certaines peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité". Il demande aux autorités libyennes de respecter la volonté du peuple.

La résolution présentée par l'Union européenne (UE) a été adoptée sans opposition, malgré des réserves exprimées par quelques Etats sur la demande d'exclusion de la Libye, membre de cet organe depuis mai 2010. Formellement, c'est à l'Assemblée générale de l'ONU de prendre la décision. Des pays ont craint que cette décision ne crée un précédent.

Commission d'enquête

Le Conseil a décidé d'envoyer d'urgence une commission d'enquête internationale indépendante pour faire la lumière sur toutes les violations des droits humains en Libye, identifier leurs responsables et de faire des recommandations pour les traduire en justice. Les membres de la commission d'enquête seront désignés par le président du Conseil.

Le siège libyen est resté vide durant les débats. [KEYSTONE - Martial Trezzini]
Le siège libyen est resté vide durant les débats. [KEYSTONE - Martial Trezzini]

La Suisse a exprimé son soutien à la suspension des droits de la Libye en tant que membre du Conseil des droits de l'homme et à la résolution de l'UE. "La Suisse exprime ses condoléances aux familles des victimes et rend hommage à leur mémoire et à leur courage.

Eu égard à son expérience avec les autorités libyennes, la Suisse est très consciente du courage dont ils font preuve en descendant dans la rue en Libye et en revendiquant leurs droits démocratiques", a déclaré l'ambassadeur de Suisse auprès de l'ONU Dante Martinelli. Il a "condamné avec fermeté" les violations des droits humains qui ont eu lieu en Libye, "en particulier les exécutions extrajudiciaires de manifestants par les forces de sécurité libyennes".

Coup de théâtre

La réunion a été marquée par un coup de théâtre. Un diplomate libyen a pris la parole pour saluer les victimes de la révolution en Libye et annoncer que la mission de Libye auprès de l'ONU à Genève se rallie aux insurgés. Le diplomate libyen Adel Shaltut, deuxième secrétaire de l'ambassade, a affirmé que la mission libyenne à Genève a décidé de représenter le peuple libyen, et non le régime de Kadhafi. Son intervention a été vivement applaudie.

Pour Navi Pillay, le régime Kadhafi se conduit de manière méprisante avec ses concitoyens. [KEYSTONE - Martial Trezzini]
Pour Navi Pillay, le régime Kadhafi se conduit de manière méprisante avec ses concitoyens. [KEYSTONE - Martial Trezzini]

Le siège de la Libye était resté vide le matin à l'ouverture de la session. Plus tôt, la Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay avait ouvert les débats en dénonçant la "poursuite alarmante de la répression" et en demandant l'arrêt du bain de sang. Elle a dénoncé "les tueries de masse, arrestations arbitraires, détentions et tortures de manifestants". "Les attaques massives et systématiques contre la population civile peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité", a insisté la Haut Commissaire.

Les violences perpétrées en Libye ont été dénoncées par la quasi-totalité des Etats, y compris le groupe arabe et celui de l'Organisation de la conférence islamique (OCI).

Le Conseil des droits de l'homme entamera lundi sa session régulière au niveau ministériel pour quatre semaines. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, la représentante de l'UE Catherine Ashton et le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini sont notamment attendus à Genève.

agences/cab

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Des sanctions de l'UE

L'UE a décidé vendredi de décréter un embargo sur les armes et le matériel de répression, ainsi que des gels d'avoirs et des interdictions de visas à l'encontre de Mouammar Kadhafi et ses proches.

Les 27 Etats de l'Union européenne se sont mis d'accord vendredi pour décréter un embargo sur les armes, ainsi que sur le matériel pouvant servir à réprimer des manifestations, ont confirmé des sources diplomatiques à l'AFP.

Ils ont également acté le principe de gels d'avoirs, d'interdictions de visas à l'encontre de Mouammar Kadhafi et de sa famille, mais la liste précise des personnes visées doit encore être élaborée, ont précisé ces diplomates.

Selon une source gouvernementale allemande, les sanctions pourraient entrer en vigueur "dès le début de la semaine prochaine".

S'il y a consensus sur le type de mesures, le détail doit encore être finalisé par les experts de l'UE très prochainement, a précisé un autre diplomate européen.

Plusieurs dirigeants européens, dont le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, réclamaient ces derniers jours des sanctions contre le dirigeant libyen.

Longtemps réticents, les Italiens ont fini par se rallier mercredi au principe de sanctions, sans définir précisément lesquelles dans un premier temps.

L'ONU se penche aussi sur la Libye

En parallèle, à New York, les quinze pays du Conseil de sécurité de l'ONU se réunissaient vendredi pour étudier à leur tour des sanctions contre le régime du dirigeant libyen.

Des sanctions de l'ONU ne seront pas adoptées dès vendredi, mais certains pays membres devaient discuter entre eux, en marge de la réunion au cours de laquelle le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, doit faire une présentation de la situation en Libye, ont indiqué des diplomates.

Un texte circule déjà entre les Quinze contenant des éléments d'une résolution qui pourrait être proposée à l'adoption ce week-end ou en début de semaine prochaine, selon ces diplomates.