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Contestations au Maghreb et au Moyen-Orient

Démonstration des opposants à Tunis. [Hichem Borni]
Démonstration des opposants à Tunis. - [Hichem Borni]
Les contestations sociales et politiques au Maghreb et au Moyen-Orient, parfois réprimées dans le sang par des régimes autoritaires, ne faiblissent pas. Selon les derniers développements, une bataille rangée a régné à Tunis, tandis qu'au Yémen d'importants chefs tribaux se sont ralliés à l'opposition.

Tunisie

Trois personnes sont mortes dans les affrontements samedi entre manifestants et forces de l'ordre en plein centre de Tunis, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Ces trois personnes ont trouvé la mort "parmi les douze qui ont été blessées lors de ces heurts et qui ont été transférées dans un hôpital pour y être soignées". Le communiqué précise aussi que 100 personnes ont été arrêtées samedi et 88 la veille.

Les Tunisiens ont repris les protestations face au gouvernement de transition malgré la chute de Ben Ali. [AFP - Hichem Borni]
Les Tunisiens ont repris les protestations face au gouvernement de transition malgré la chute de Ben Ali. [AFP - Hichem Borni]

Le ministère attribue ces actes de violence contre la police "à un groupe d'agitateurs infiltrés dans les rangs de manifestants pacifistes et qui se sont servis de jeunes lycéens comme boucliers humains pour se livrer à des actes de violences, d'incendies visant à semer la terreur parmi les citoyens et visant les forces de sécurité intérieures".

Auparavant, le ministère avait annoncé l'interdiction de circuler pour les piétons et les voitures dans l'avenue Habib Bourguiba dans le centre de Tunis, théâtre de violents affrontements, à partir de ce samedi 18h00 jusqu'à dimanche minuit, a rapporté l'agence TAP. Cette avenue centrale a été livrée samedi à une véritable bataille rangée entre forces de l'ordre et manifestants, que la police a dispersés à plusieurs reprises en faisant usage de gaz lacrymogènes.

Vendredi, vingt et un policiers ont été blessés et au moins trois commissariats incendiés ou saccagés lors des heurts en plein centre de Tunis, a annoncé samedi le ministère. Plus de 100'000 personnes, mobilisées via Facebook, avaient réclamé dans la journée le départ du gouvernement de transition dirigé par Mohammed Ghannouchi au cours de la plus grande manifestation depuis la chute du président Ben Ali le 14 janvier.

Yémen

Scène de protestation à Sanaa. [AFP - Ahmad Gharabli]
Scène de protestation à Sanaa. [AFP - Ahmad Gharabli]

D'importants chefs tribaux ont annoncé samedi devant un vaste rassemblement près de Sanaa leur ralliement à la contestation du président du Yémen Ali Abdallah Saleh. Dans le sud, de véritables scènes de guerre ont fait au moins trois morts.

Le ralliement d'importants chefs tribaux, après celui de l'opposition parlementaire et des rebelles zaïdites (chiites) dans le Nord, élargit encore le cercle des contestataires du régime de Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

Ce ralliement intervient au lendemain d'une journée de forte mobilisation à travers le pays où des dizaines de milliers de personnes ont participé à des prières collectives et des marches. A Aden, la grande ville du Sud à la pointe de la contestation, a vécu dans la nuit "de véritables scènes de guerre menées par des éléments de la garde républicaine qui ont pris pour cible des jeunes", selon un habitant.

Bahreïn

Le roi de Bahreïn Hamad ben Issa Al-Khalifa a nommé samedi trois nouveaux ministres à des postes clefs dans les domaines sociaux. Mais ce remaniement a été rejeté par l'opposition qui demande la démission du gouvernement. Le roi a également annoncé la réduction de 25 % des remboursement des crédits immobiliers pour 30'000 foyers.

Ces mesures interviennent près de deux semaines après le début des révoltes populaires qui ont fait sept morts parmi les manifestants qui exigent un changement de régime dans ce petit royaume à majorité chiite gouverné par la dynastie sunnite des Al- Khalifa depuis plus de deux siècles.

Des milliers de manifestants ont aussi défilé samedi à Manama aux cris de "va-t'en Hamad", le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa Al-Khalifa, au lendemain d'une marche massive demandant la chute du gouvernement.

Jordanie

L'opposition jordanienne a décidé de monter d'un cran son mouvement de contestation, accusant samedi le gouvernement de "manque de sérieux" dans les réformes, au lendemain de la plus grande manifestation dans la capitale depuis le début de la protestation en janvier.

Vingt-cinq activistes politiques ont décidé par ailleurs de camper dans la nuit de vendredi à samedi sur la place de la Mairie, entamant une contestation qui, disent-ils, "se poursuivra jusqu'à la réalisation de réformes".

Algérie

Une centaine de manifestants pour un changement politique en Algérie ont été bloqués samedi par la police dès leur arrivée au lieu de rendez-vous dans le centre d'Alger, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le président du Parti pour la Culture et la Démocratie (RCD), le député Saïd Sadi, s'est retrouvé encerclé, avant même l'heure prévue du début de la marche, par les forces de l'ordre sur la Place des Martyrs. Les forces de l'ordre ont réussi à repousser vers le front de mer tout proche les partisans du RCD.

Egypte

Au Caire, des dizaines de milliers d'Egyptiens ont paradé avant que les choses ne s'enveniment avec l'armée. [AFP - Khaled Desouki]
Au Caire, des dizaines de milliers d'Egyptiens ont paradé avant que les choses ne s'enveniment avec l'armée. [AFP - Khaled Desouki]

L'armée égyptienne a présenté ses excuses après des affrontements dans la nuit entre des militaires et des manifestants sur la place Tahrir au Caire, mais des militants ont appelé à de nouveaux rassemblements samedi pour dénoncer ces violences.

Peu après minuit vendredi soir, la police militaire a encerclé quelques centaines de manifestants et les a dispersés à coups de matraques et d'armes à électrochocs de type Taser, selon un responsable de sécurité et des témoins.

Mauritanie

La police mauritanienne a dispersé sans heurts dans la nuit de vendredi à samedi de 200 à 300 jeunes rassemblés depuis plusieurs heures sur une place de Nouakchott pour protester contre le régime, a-t-on appris auprès des manifestants.

Iran

Les sites de l'opposition réformatrice iranienne ont appelé à de nouvelles manifestations le 1er mars pour protester contre le placement "illégal" en résidence surveillée de ses deux principaux dirigeants, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi.

Irak

Le guide spirituel de la communauté chiite, le Grand Ayatollah Ali Sistani, a exigé la suppression des avantages que se sont octroyés les hommes politiques irakiens, au lendemain des manifestations de colère qui ont fait seize morts.

agences/jzim

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