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Côte d'Ivoire: réunion d'urgence demandée à l'ONU

Un hélicoptère d'attaque Mi-24 survole un village ivoirien lors d'accrochages entre troupes françaises et partisans de Gbagbo en 2004. [Kampbell]
Un hélicoptère d'attaque Mi-24 survole un village ivoirien lors d'accrochages entre troupes françaises et partisans de Gbagbo en 2004. - [Kampbell]
Les partisans de Laurent Gbagbo ont tiré sur des experts de l'ONU lundi. Ce regain de tension survient alors que la situation humanitaire à Abidjan se dégrade après des jours de combats entre forces loyales au président ivoirien sortant et insurgés armés. L'ONU a appelé à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.

La tension est montée d'un cran lundi entre l'ONU et le camp de Laurent Gbagbo. Les partisans du président ivoirien sortant ont ouvert le feu sur des experts de l'ONU à Yamoussoukro et ont brièvement enlevé des employés de la force des Nations unies à Abidjan.

Des membres du Comité des sanctions de l'ONU et un officier des forces de maintien de la paix ont essuyé des tirs provenant du camp pro-Gbagbo à l'aéroport de Yamoussoukro, a indiqué un responsable onusien. Personne n'a été blessé dans ces tirs, a-t-il précisé sous couvert de l'anonymat.

Ces experts s'étaient rendus à l'aéroport de la capitale politique ivoirienne pour vérifier une information faisant état de la livraison d'hélicoptères en provenance du Bélarus (lire encadré). "Mais ils ont été dans l'incapacité de vérifier l'information et ont été obligés de se retirer", avait plus tôt indiqué le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky.

Réunion du Conseil de sécurité demandée

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a demandé une réunion urgente du Conseil de sécurité pour discuter de ces soupçons, tandis que le comité des sanctions sur la Côte d'Ivoire devait se réunir lundi.

Le gouvernement Gbagbo a fustigé un "complot" et un "mensonge pour justifier une attaque" de l'ONU, alors que Minsk a démenti toute violation de l'embargo sur les armes décrété en 2004 et dénoncé une "possible campagne destructrice" à son encontre.

Par ailleurs, deux employés de la force de l'ONU en Côte d'Ivoire (ONUCI) ont été enlevés lundi à Abidjan par des jeunes partisans du président sortant avant d'être relâchés quelques heures plus tard, a affirmé un porte-parole de la mission onusienne.

Un "acte d'hostilité"

Le camp Gbagbo est passé "du harcèlement" contre l'ONU à "l'acte d'hostilité directe", a affirmé lundi à Dakar Choi Young-jin, le chef de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Selon lui, trois Casques bleus ont été blessés par les forces pro-Gbagbo ce week-end à Abobo, un quartier pro-Ouattara dans le nord d'Abidjan.

Le camp Gbagbo accuse l'ONUCI, dont il réclame le départ, d'être complice des "rebelles" des Forces nouvelles (FN), alliés à Alassane Ouattara - reconnu chef de l'Etat par la communauté internationale qui selon lui sont infiltrés à Abidjan. Le chef des "Jeunes Patriotes" fidèles à Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, a appelé la semaine dernière les jeunes à "s'organiser en comités" pour empêcher "par tous les moyens" l'ONUCI de circuler.

Ban Ki-Moon et Barack Obama inquiets

Dans ce contexte, Ban Ki-moon et le président des Etats-Unis Barack Obama sont "inquiets" de "l'escalade de la violence" en Côte d'Ivoire, a déclaré lundi l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice.

A Abidjan, le climat demeurait pesant, avec des tirs sporadiques signalés dans plusieurs quartiers depuis dimanche, y compris dans des zones jusque-là préservées comme le quartier cossu de Cocody. Laurent Gbagbo a reconduit pour trois jours le couvre-feu nocturne dans deux quartiers d'Abidjan - Abobo, devenu la semaine dernière le théâtre d'affrontements à l'arme lourde entre forces pro-Gbagbo et insurgés, et Anyama -, où la situation humanitaire devenait de plus en plus inquiétante, sur fond d'exode de la population.

Quelque 3000 personnes se sont déjà réfugiées dans deux missions catholiques, "dans une promiscuité indescriptible", a dit l'abbé Augustin Obrou, porte-parole de l'archevêché d'Abidjan. Pour ceux qui sont restés chez eux, la vie est de plus en plus pénible, entre coupures d'eau et d'électricité et "problème de nourriture", selon un habitant.

La nouvelle médiation africaine prend quant à elle du retard. Un panel de chefs d'Etat devait annoncer au plus tard ce lundi des solutions "contraignantes", mais il a prévu de ne se réunir que vendredi. Trois mois après la présidentielle du 28 novembre, la Côte d'Ivoire, déchirée entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu chef d'Etat par la communauté internationale, menace de basculer dans la guerre.

afp/cab/hof

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Livraison d'hélicoptères en cause

Les livraisons illégales d'arme de la part du Bélarus portent sur trois hélicoptères d'attaque et de matériel d'appui destinés aux forces du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo.

La première livraison est arrivée par avion tard dimanche et d'autres vols sont prévus lundi.

"Il s'agit d'une grave violation de l'embargo contre la Côte d'Ivoire qui est en vigueur depuis 2004", a ajouté le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon .

"Le Bélarus n'a jamais violé les sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU", a déclaré un porte-parole du ministère bélarusse des Affaires étrangères, Andreï Savinykh, dénonçant une "possible campagne destructrice contre le Bélarus".