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Interdiction de quitter l'Egypte pour Hosni Moubarak

Dix-huit jours de manifestations sans relâche ont fini par avoir raison d'Hosni Moubarak. [Keystone]
L'ancien président Hosni Moubarak se trouve dans la station de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge. - [Keystone]
L'ex-président égyptien Hosni Moubarak et sa famille ont été interdits de quitter le pays et leurs avoirs en Egypte ont été gelés lundi, tandis que les jeunes qui ont initié le mouvement de révolte continuent de réclamer des réformes rapides aux militaires au pouvoir.

La décision annoncée par la justice égyptienne concerne le président déchu, son épouse ainsi que leurs deux fils et leurs épouses. Un adjoint du ministre de la Justice a aussi demandé "que les mesures légales soient prises pour lever le secret sur les comptes bancaires de l'ex-président Hosni Moubarak, son épouse Suzanne Sabet, ses fils Alaa et Gamal, leurs épouses et leurs enfants mineurs".

Selon le gouvernement et la presse, les Moubarak sont partis dans la station égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, après la démission du raïs le 11 février. Aucun membre de la famille n'a fait d'apparition ou de déclaration publique depuis.

Gels des avoirs

La justice avait déjà annoncé il y a une semaine avoir demandé le gel des avoirs à l'étranger de l'ex-président et de sa proche famille. Selon le journal gouvernemental Al-Ahram de lundi, la famille Moubarak aurait "des comptes secrets dans des banques égyptiennes". Il cite des dépôts de 147 millions de dollars pour Suzanne Moubarak, 100 millions pour Alaa et 100 millions également pour Gamal, mais sans chiffrer les avoirs de l'ex-président.

L'Egypte a lancé ces derniers jours de nombreuses opérations judiciaires contre des personnalités politiques et économiques proches de l'ancien pouvoir, en invoquant le plus souvent des accusations de corruption et de fraude. Ces procédures visent tout spécialement les proches de Gamal Moubarak, autrefois dauphin potentiel de son père, proche des milieux d'affaires et mal vu des militaires qui dirigent aujourd'hui le pays.

Figure emblématique de l'ère Moubarak et tenu pour responsable de la répression de la récente révolte, l'ex-ministre de l'Intérieur Habib el-Adli doit comparaître en justice le 5 mars pour blanchiment d'argent. La corruption régnant au sein du régime était l'un des principaux griefs des manifestants qui ont fait tomber Hosni Moubarak. Ce sujet alimente également les conflits sociaux et salariaux qui se sont multipliés après sa chute.

Revendications

La "Coalition des jeunes pour la révolution", un groupe influent par le biais d'internet, a fait savoir sur le site Facebook qu'il avait rencontré dimanche des membres du conseil suprême des forces armées, la junte d'une vingtaine de généraux à qui Hosni Moubarak a légué le pouvoir en partant.

Les jeunes réclament notamment le départ d'ici un mois du gouvernement dirigé par Ahmad Chafic, nommé dans les derniers jours de Hosni Moubarak à la présidence, et son remplacement par un cabinet "de technocrates indépendants, dirigé par une personnalité de consensus". Ce gouvernement a été chargé par l'armée de gérer les affaires courantes. Ils réclament aussi la mise en place d'un "conseil présidentiel" composé de civils et d'une personnalité militaire, ainsi que la libération de tous les détenus politiques et une profonde réforme des services de sécurité.

L'armée a promis un retour à un pouvoir civil dans quelques mois après la tenue d'élections législatives et présidentielle démocratiques. Une commission chargée de réformer une Constitution accusée d'être taillée sur mesure pour assurer une présidence à vie à Hosni Moubarak et la transmission du pouvoir à son fils a rendu ses propositions pour des amendements. Les mandat présidentiels illimités de six ans devraient être remplacés par deux mandats consécutifs maximum de quatre ans chacun, et les conditions de candidature assouplies.

afp/cab

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Le point sur le vent de contestation

OMAN: De nouveaux affrontements ont éclaté lundi dans la ville de Sohar à Oman entre police et manifestants qui dénoncent la corruption du régime, des protestataires bloquant l'entrée du port, le deuxième de ce sultanat du Golfe. Dimanche, un manifestant au moins a été tué au cours d'échauffourées avec la police. Les manifestants réclamaient jusqu'à présent une amélioration des conditions d'emploi, mais lundi ils ont commencé à s'en prendre au régime du sultan Qabous, qui règne depuis 40 ans.

BAHREIN: Le prince héritier du Bahreïn Salman ben Hamad al-Khalifa a considéré lundi que le calme était revenu et les conditions réunies pour entamer des négociations avec l'opposition, au lendemain d'un appui explicite à ce processus par les Etats-Unis. Une marche de protestation est pourtant prévue mardi à l'appel de mouvements chiites.

YEMEN: Le président Ali Abdallah Saleh a mis en garde contre une "partition" du pays si son régime venait à tomber sous la pression populaire et affirmé que ses opposants "ne pourront pas gouverner pendant une seule semaine". Ces derniers ont appelé à une "journée de colère" mardi contre le régime de M. Saleh.

ARABIE SAOUDITE: Des islamistes saoudiens de renom ont à leur tour réclamé lundi des réformes, au lendemain d'une pétition d'intellectuels libéraux appelant à l'instauration d'une monarchie constitutionnelle. L'Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole mondial, s'est engagée lundi à assurer la "stabilité du marché" du brut, après la baisse de la production en Libye, secouée par une révolte intérieure.

TUNISIE: Le ministre tunisien de l'Industrie du gouvernement de transition, Mohamed Afif Chelbi, a présenté sa démission lundi, tout comme le ministre de la Planification et de la Coopération internationale, Mohamed Nouri Jouini, au lendemain de celle du Premier ministre Mohammed Ghannouchi. Mais ces démissions, réclamées par les manifestants, sont restées sans effet immédiat sur les protestataires qui campent dans le centre de Tunis.

IRAN: Les sites internet de Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi ont affirmé lundi que les deux chefs de l'opposition réformatrice iranienne avaient été arrêtés et emprisonnés à Téhéran, une information toutefois démentie par l'agence Fars citant une source judiciaire. Les partisans des deux leaders de l'opposition ont appelé à une nouvelle manifestation mardi, la troisième en deux semaines, pour réclamer leur libération.

ALGERIE: Le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci a déclaré que la liberté d'expression existait dans son pays car elle a permis à ceux qui avaient été récemment empêchés de manifester à Alger de s'exprimer. Par ailleurs, un jeune homme est décédé après s'être immolé par le feu dimanche devant la wilaya (préfecture) de Bordj Bou Arredidj, à 235 km à l'est d'Alger, a rapporté le quotidien El Watan. Il s'agit du cinquième décès par immolation en Algérie.