L'opposition yéménite et des chefs religieux ont proposé au président Ali Abdallah Saleh un plan de sortie de crise qui prévoit le départ du chef de l'Etat avant fin 2011, a annoncé jeudi un porte-parole de l'opposition parlementaire. Le mandat du président Saleh expire en 2013. "C'est au président de décider s'il accepte cette proposition ou la refuse", a-t-il ajouté.
La pression s'est accentuée mercredi sur le président yéménite avec le ralliement des sudistes au mouvement de contestation qui prend de l'ampleur. Le Mouvement sudiste a appelé ses partisans à mettre de côté les velléités sécessionnistes et à se joindre à la révolution des jeunes.
A Sanaa et à Taëz, au sud de la capitale, des milliers de contestataires ont continué à camper pour réclamer la chute du régime. En outre, 17 personnes ont été blessées à Hodeïda (ouest) dans des affrontements entre des manifestants et des partisans du pouvoir, selon des témoins.
Réponse cinglante de Washington
Le régime du président Saleh est contesté depuis la mi-janvier avec des manifestations à Sanaa, Taëz, et surtout à Aden, dans le sud du pays. Selon Amnesty International, au moins 27 personnes ont été tuées au cours de ce mouvement de protestation.
Affaibli sur le plan intérieur, le président yéménite s'est en outre attiré mardi une riposte cinglante des Etats-Unis après avoir critiqué leur ingérence dans la révolte arabe. "Nous ne pensons pas que désigner des boucs émissaires constitue une réponse adéquate aux yeux des Yéménites ou d'habitants d'autres pays", a déclaré le porte-parole du président américain.
Il a appelé Ali Abdallah Saleh à mener des réformes politiques pour répondre aux "aspirations légitimes" de son peuple. Le président yéménite a fait amende honorable mercredi en exprimant à la Maison Blanche des "regrets" pour le "malentendu" relatif à ses propos, a affirmé mercredi la présidence américaine.
agences/vkiss
LES TENSIONS RESTENT VIVES DANS LE MONDE ARABE
ÉGYPTE:
L'armée égyptienne au pouvoir a annoncé jeudi que le Premier ministre Ahmad Chafic, qui avait été choisi par le président déchu Hosni Moubarak, avait démissionné. le Conseil suprême des forces armées précise qu'il est remplacé par l'ancien ministre des Transports, Essam Sharaf, qui a été chargé de former un nouveau gouvernement. Ancien officier de l'armée de l'air, Ahmad Chafic avait été nommé à la tête du gouvernement égyptien par Hosni Moubarak peu après la grande manifestation populaire du 25 janvier. Le président égyptien avait démissionné le 11 février, mais Chafic était resté en poste.
BAHREÏN: L'opposition, dont le puissant mouvement chiite Wefaq, a précisé ses demandes au gouvernement. Elles comprennent notamment une constituante afin élaborer une nouvelle loi fondamentale pour ce petit royaume du Golfe. Depuis le 14 février, des manifestations exigent un changement politique dans cet archipel à majorité chiite gouverné depuis plus de 200 ans par la dynastie sunnite des Al-Khalifa. Les affrontements avec la police avaient fait sept morts aux premiers jours de la contestation.
ARABIE SAOUDITE: Des appels ont été lancés sur une page Facebook pour une "journée de colère" vendredi dans l'est à majorité chiite de l'Arabie saoudite, à la suite de l'arrestation d'un dignitaire religieux chiite. L'appel invite "les jeunes de la région d'Al-Ihsaa à une journée de colère pour réclamer la libération du cheikh Toufic al-Aamer", arrêté dimanche "après avoir appelé à l'instauration d'une monarchie constitutionnelle" dans le royaume, une monarchie absolue. Les chiites, qui se concentrent notamment dans la province orientale riche en pétrole, constituent environ 10% de la population de l'Arabie saoudite. Cette communauté se plaint de marginalisation dans un pays régi par le wahhabisme, une doctrine rigoriste sunnite.
SYRIE: Des militants syriens ont lancé des appels à des réformes politiques, une priorité selon eux. Les organisations de défense des droits de l'Homme en Syrie dénoncent régulièrement le contrôle étroit de la société à travers des détentions arbitraires, des entraves à la liberté d'expression et des actions de répression. "Nous devons nous accorder sur l'élaboration d'une nouvelle constitution adaptée à la société syrienne à laquelle participeront tous les mouvements", estime un militant.
IRAN: Le Parlement a réclamé le jugement des deux chefs de l'opposition réformatrice, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, accusés d'être des "traîtres" et des "contre-révolutionnaires", la justice démentant une nouvelle fois les avoir emprisonnés. L'opposition a appelé à trois manifestations interdites depuis le 14 février, les premières depuis un an, provoquant la colère des conservateurs au pouvoir bien que la présence massive de la police ait empêché tout rassemblement important. Deux personnes ont péri depuis le 14 février.
agences/vkiss