Le conflit s'intensifie à l'est de la Libye

Le monde entier est "révolté" par la violence contre les Libyens, a déclaré le président américain Barack Obama, réitérant son appel au dirigeant Mouammar Kadhafi à "partir", en prévenant que les Etats-Unis examinaient "toutes (leurs) options" dans cette crise. Il a également annoncé avoir approuvé l'envoi de moyens pour participer aux opérations humanitaires dans le cadre de la crise libyenne, en particulier afin de contribuer au pont aérien pour les réfugiés.

Pour la première fois depuis le début le 15 février de cette révolte contre le "Guide la révolution", des soldats étrangers, trois Néerlandais, ont été capturés par des hommes loyaux au régime, lors d'une opération d'évacuation à Syrte, selon les Pays-Bas.

Des opposants ont aussi annoncé avoir fait au moins une centaine de prisonniers parmi les combattants loyaux au colonel Kadhafi lors de la contre-offensive lancée mercredi à Brega. Selon des habitants de Brega, au moins cinq personnes ont été emmenées par les forces pro-Kadhafi au cours de cette offensive appuyée par l'aviation et l'artillerie lourde, qui a fait au moins 12 tués.

Mercenaires du Tchad

Jeudi, des insurgés ont quitté Ajdabiya, à 70 km à l'est, pour venir prêter main-forte à Brega, que l'opposition dit toujours contrôler. Peu après, "des avions de guerre ont lâché une bombe dans le secteur situé entre la compagnie pétrolière et la zone résidentielle", a dit un responsable de l'hôpital de Brega, AbdelFattah al-Moghrabi, qui n'a pas fait état de victimes.

A Benghazi, un porte-parole de l'opposition a évoqué un renforcement de l'armée régulière en direction de Ras Lanouf, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Brega. Selon lui, l'armée est appuyée par des "mercenaires" venus du Tchad, pays frontalier avec la Libye.

Accord franco-britannique

Le fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, a affirmé jeudi que son père obtiendrait 80 % des voix si des élections étaient organisées. Selon la Ligue libyenne des droits de l'Homme, la répression a fait 6000 tués, dont 3000 à Tripoli et 2000 à Benghazi, un bilan nettement plus important, dans cette dernière ville, que les 220 à 250 tués avancés par des sources hospitalières locales et le CICR.

La communauté internationale a une marge de manoeuvre limitée. L'OTAN ne prévoit pas d'intervention mais se prépare "à toute éventualité", a affirmé jeudi le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen.

La France et la Grande-Bretagne sont d'accord pour une zone d'exclusion aérienne en Libye, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, après une rencontre avec son homologue William Hague. Les Etats-Unis sont eux plus prudents.

Mesure lancée par Chavez

En revanche, Paris et Londres rejettent le scénario d'une médiation latino-américaine, européenne et proche-orientale du président vénézuélien Hugo Chavez. Le gouvernement libyen, contrairement à l'opposition, s'est rallié à cette proposition sur laquelle la Ligue arabe dit se pencher.

Sur le plan judiciaire, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a ouvert une enquête contre le colonel Kadhafi et de hauts responsables libyens soupçonnés de "crimes contre l'humanité". Les sanctions européennes - gel des avoirs et interdictions de visas - à l'égard de huit personnes, dont Mouammar Kadhafi et trois de ses fils, sont entrées en vigueur jeudi.

Côté humanitaire, la situation a atteint un niveau de "crise" à la frontière tuniso-libyenne, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a organisé une conférence par vidéo jeudi avec des agences onusiennes et des institutions internationales pour coordonner l'aide humanitaire à la Libye.

Près de 200 000 déplacés

Au total, près de 200'000 personnes ont fui la Libye en Tunisie, en Egypte et au Niger, a précisé l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Un pont aérien a été mis en place par les Européens.

Un premier appareil affrêté par la France a quitté la Tunisie pour Le Caire jeudi après-midi avec à bord 168 réfugiés égyptiens. Trois avions gros porteurs feront chacun deux aller et retour vendredi et samedi avec la capitale égyptienne.

Mais un bateau du Programme alimentaire mondial (PAM), en route pour Benghazi avec 1000 tonnes de farine, a fait demi-tour jeudi vers Malte sans pouvoir décharger sa cargaison en raison d'inquiétudes concernant des informations faisant état de bombardements aériens.

L'Union européenne a annoncé une aide de 30 millions d'euros. L'OIM a commencé aussi à évacuer les premiers des quelque 5500 immigrés bloqués dans le port de Benghazi, originaires pour la plupart du Bangladesh, de l'Inde ou du Soudan.

Choc pétrolier?

Face à la flambée des cours du pétrole provoquée par les soulèvements populaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, un dirigeant de la banque centrale américaine (Fed), Dennis Lockhart, a estimé que le risque d'un "choc pétrolier durable" était bien réel.

agences/cht