Les quinze membres du Conseil de sécurité "appellent toutes les parties à la retenue la plus grande pour empêcher" une nouvelle guerre civile et résoudre leurs différences pacifiquement, a souligné l'ambassadeur de Chine Li Baodong, qui exerce la présidence tournante du Conseil. Le chef des opérations de maintien de la paix Alain Le Roy a estimé que le pays était "au bord de la guerre civile".
Les membres du Conseil de sécurité condamnent "les menaces, les destructions et les actes de violence gratuite", a-t-il ajouté. Ils "demeurent profondément inquiets de la récente escalade de la violence en Côte d'Ivoire, spécialement à Abidjan, après des attaques contre des civils, y compris des femmes", a-t-il dit.
"Faillite morale" de Laurent Gbagbo
Les Etats-Unis ont dénoncé jeudi la "faillite morale" de Laurent Gbagbo après la mort d'au moins six femmes, tuées par balles à Abidjan par les forces fidèles au président ivoirien sortant. Les membres du Conseil de sécurité ont réitéré leur demande pour que Laurent Gbagbo lève "sans délai" le siège de l'hôtel du Golf où le président Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, a établi son quartier général.
Ils "condamnent les restrictions placées sur l'exercice des droits fondamentaux à la liberté d'expression en Côte d'Ivoire comme l'illustrent les tentatives d'empêcher les émissions radio de l'Unoci (mission de l'ONU) et l'utilisation de la (radio-télévision d'Etat) RTI pour inciter à la haine et à la violence, de même que les actes d'intimidation contre des journalistes", a-t-il encore indiqué.
Détérioration de la situation
Les membres du Conseil "encouragent l'Onuci à surveiller le respect de l'embargo sur les armes et de fournir des informations vérifiées sur toute possible violation". "Ils réitèrent qu'ils sont prêts à imposer des mesures, y compris des sanctions ciblées contre tous ceux qui menacent le processus de paix dans ce pays et font obstruction au travail de l'Onuci".
Alain Le Roy a souligné de son côté que la situation "se détériore clairement". "Nous sommes au bord de la guerre civile. La violence augmente, à Abidjan, dans l'Ouest", a-t-il dit. Il a souligné que les "six à huit" femmes qui manifestaient jeudi matin à Abidjan et qui ont été abattues l'ont été "par des mitrailleuses lourdes" de calibre 12,7.
"Nous utilisons maintenant des gaz lacrymogènes à chaque fois que nous sommes bloqués pour forcer le blocus", a-t-il dit. "Nous insisterons sur le fait que nous avons accès partout, y compris pour des enquêtes sur les violations des droits de l'homme", a-t-il déclaré.
Le rôle de l'ONUCI en question
L'ambassadeur de Côte d'Ivoire à l'ONU, Youssoufou Bamba, nommé par Alassane Ouattara, a quant à lui demandé que le mandat de l'Unoci change pour passer du maintien de la paix à celui "d'imposition de la paix". L'ambassadeur a estimé que les événements en Libye monopolisaient l'attention du monde au détriment de la situation en Côte d'Ivoire qui "est très grave".
Il a accusé Laurent Gbagbo de commettre un "génocide" et confirmé que des responsables ivoiriens avaient rencontré le procureur de la Cour pénale internationale. Il a estimé que la déclaration du Conseil de sécurité n'était pas assez ferme. L'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, a estimé quant à lui qu'il fallait que les Casques bleus remplissent leur mandat "de façon plus robuste".
afp/mre
200'000 personnes en fuite à Abidjan
Plus de 200'000 personnes ont fui un quartier d'Abidjan où s'affrontent policiers et soldats rebelles, ont annoncé jeudi les Nations Unies. Des combats intenses opposent depuis plusieurs jours dans le quartier d'Abobo des policiers fidèles au président sortant Laurent Gbagbo à des soldats rebelles soutenant son rival, Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le vainqueur de l'élection présidentielle du 28 novembre.