Dans le quartier rebelle de Tajoura, à Tripoli, des affrontements ont opposé une centaine de manifestants scandant des slogans contre le régime aux forces de l'ordre. Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les protestataires, selon des témoins. Les opposants s'étaient rassemblés à l'issue des prières.
Sur la place Verte, dans le centre-ville, une centaine de pro-Kadhafi ont manifesté leur soutien au "Guide de la révolution", selon un journaliste sur place. Des heurts limités ont eu lieu entre des groupes de manifestants pro et anti-Kadhafi, a indiqué un témoin. Les forces de l'ordre bouclaient le secteur, mais elles sont restées en retrait sans intervenir, tirant simplement en l'air.
Des tués à Ras Lanouf
Les rebelles ont annoncé vendredi soir avoir pris le contrôle de Ras Lanouf, à plus de 300 km au sud-ouest de Benghazi, fief de l'insurrection, après de violents combats avec les forces fidèles au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Un bilan fait état d'au moins huit tués et plus de 20 blessées dans cette localité pétrolière stratégique de l'est.
Mais le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a démenti ces déclarations, affirmant que la ville était sous contrôle du régime. Ras Lanouf est un port pétrolier stratégique à une centaine de kilomètres de Syrte, ville natale et fief du colonel Kadhafi.
Samedi, les insurgés ont aussi ouvert le feu sur un hélicoptère survolant cette ville.
Arsenal bombardé à Benghazi
En revanche, Zawiyah, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli, pourrait avoir été repris par les forces loyales au régime libyen. Des combats y ont opposé l'armée régulière aux insurgés, faisant de "nombreux" morts et blessés.
Un militant politique de Zawiyah, Mohammad Qassem, interrogé en direct sur la chaîne qatarie Al-Jazira, a démenti la chute de la ville, tout en reconnaissant qu'elle était encerclée.
Enfin au moins 27 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées dans deux explosions qui ont détruit vendredi un dépôt d'armes près de Benghazi, fief de l'insurrection dans l'est de la Libye, a-t-on appris de sources hospitalières. L'origine des explosions n'a pas été pas établie dans l'immédiat.
Interpol lance l'alerte
Sur le front diplomatique, où le projet de médiation proposé par le Venezuela ne fait pas recette, le président américain Barack Obama a appelé au départ du dirigeant libyen. La France et la GrandeBretagne ont approuvé jeudi le principe d'une zone d'exclusion aérienne si le régime ne met pas un terme à sa répression.
La répression des manifestations qui ébranlent le pays depuis le 15 février aurait fait des milliers de tués et a déclenché l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale. Fait rarissime envers un chef d'Etat en exercice, Interpol a lancé vendredi une "alerte orange" visant à empêcher les déplacements du leader libyen Mouammar Kadhafi et les transferts de fonds.
Interrogée à ce propos sur la Télévision suisse romande, la vice-présidente de la Commission européenne Viviane Reding commentait: "C'est une très bonne chose que les crapules comprennent qu'il n'y a plus d'impunité,(...) que tôt ou tard, ils devront répondre devant un tribunal."
Pont aérien
Le soulèvement en Libye a des conséquences économiques et humanitaires considérables. La production pétrolière du pays, douzième exportateur mondial de brut, est réduite de moitié. Et à la frontière libyo-tunisienne, l'afflux de dizaines de milliers de réfugiés a provoqué une situation de crise humanitaire. Un pont aérien vers l'Egypte organisé par plusieurs pays a quelque peu soulagé la pression.
agences/cht
Le régime réclame la suspension des sanctions de l'ONU
Le régime de Mouammar Kadhafi a réclamé vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU de suspendre les sanctions adoptées samedi dernier contre le dirigeant libyen du fait de la répression contre l'opposition libyenne.
Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité, le régime souligne que le recours à la force contre les manifestants a été "minimal" et que le gouvernement était "stupéfait" par les sanctions adoptées dans une résolution samedi.
Le régime réclame que l'interdiction de voyage et le gel des avoirs contre Mouammar Kadhafi et son entourage "soit suspendue jusqu'à ce que la vérité soit établie".