La motion doit permettre au Parlement d'octroyer durant la prochaine législature déjà un crédit pour acquérir les appareils destinés à remplacer la flotte des "Tigers". La droite a réagi ainsi à l'annonce faite en août dernier par le Conseil fédéral d'ajourner sa décision.
Sous la pression d'Ueli Maurer, le gouvernement avait alors fait valoir des soucis financiers. L'achat de 22 nouveaux avions coûterait entre 3,5 et 5 milliards de francs, selon le ministre de la défense. Son département et celui des finances ont été chargés de trouver une solution.
Si la position du Conseil fédéral a ravi la gauche - le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) a entretemps retiré son initiative pour un moratoire jusqu'en 2020 sur l'achat d'avions de combats -, elle a fait grincer des dents dans les rangs bourgeois.
Jets "indispensables"
De nouveaux avions sont indispensables pour assurer la protection de l'espace aérien suisse, a critiqué Bruno Zuppiger (UDC/ZH) au nom de la commission. Les offres déposées par les constructeurs ne sont valables que jusqu'à fin 2011. Commander une nouvelle évaluation au lieu de libérer les moyens nécessaires coûtera plus cher et serait un mauvais signal, a ajouté Pius Segmüller (PDC/LU).
Ueli Maurer s'est voulu "réaliste". Pour libérer les fonds nécessaires et respecter le frein à l'endettement, il faudrait couper à court terme quelque 4 milliards de francs dans les dépenses d'autres départements, a averti le conseiller fédéral. Fer de lance de l'initiative du GSsA, Josef Lang (Vert/ZG) a brandi la menace d'un référendum. En vain. Si une dépense est nécessaire, il faut savoir délier les cordons de la bourse, a répété M.Zuppiger.
Trois constructeurs sur les rangs
Jusqu'à présent, trois constructeurs étaient sur les rangs pour fournir de nouveaux jets à la Suisse: le consortium européen EADS avec l'Eurofighter, le suédois Saab avec le Gripen et le français Dassault avec le Rafale. E
En février, le commandant des Forces aériennes Markus Gygax a évoqué la possibilité d'élargir l'appel à d'autres entreprises si le gouvernement tarde à trancher. Parmi les avionneurs envisageables, les américains Joint Strike Fighter et Boeing, ce dernier construisant le Super Hornet, successeur des FA-18. Le Conseil fédéral n'a par ailleurs pas totalement exclu l'option d'un achat d'avions remplaçant à la fois les Tigers et les FA-18.
ats/nr
La langue de Molière malmenée
La langue française a été malmenée lors du débat sur les avions de combat. Au point de faire bondir Jean-François Rime à la tribune pour appeler ses collègues romands à protester.
Si la Chambre du peuple a déjà vu deux Alémaniques lui rapporter les travaux de la commission préparatoire, l'un d'eux s'est toujours efforcé jusqu'ici de s'exprimer en français. Mercredi toutefois, les deux rapporteurs ont tenu leur discours dans la langue de Goethe.
Ulcéré, Jean-François Rime est intervenu. "Il y a bientôt huit ans que je siège dans ce Parlement et ce qui est en train de se passer cet après-midi est unique. On a deux rapporteurs de langue allemande sur un objet et on n'est pas supposé, même s'il y a une traduction simultanée, parler allemand. C'est la fin du Parlement avec bilinguisme!", s'est exclamé. Il a appelé dans la foulée ses collègues romands à s'abstenir avec lui lors du vote en guise de protestation.
Pris à partie, Pius Segmüller (PDC/ SZ) a bredouillé quelques excuses dans un français bancal, évoquant ses difficultés avec la langue de Molière. Il s'est rattrapé à la fin de débat en exposant les vues de la commission, les lisant dans un français correct. Il en profité pour présenter une nouvelle fois ses excuses.
Le président du National Jean-René Germanier est lui aussi intervenu. Il a appelé les commissions à désormais veiller à prévoir un rapporteur dans chaque langue. Rassurés, les députés romands ne sont pas massivement abstenus.