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Le dalaï-lama va quitter la vie politique

Le dalaï-lama a annoncé lors d'un discours à Dharamsala vouloir laisser sa place à un dirigeant librement élu. [Aijaz Rahi]
Le dalaï-lama a annoncé lors d'un discours à Dharamsala sa volonté de laisser sa place à un dirigeant librement élu. - [Aijaz Rahi]
Le dalaï-lama, a annoncé jeudi son intention de renoncer à son rôle politique, estimant que le temps était venu de laisser sa place à un nouveau dirigeant "librement élu". Son retrait de la fonction de chef du gouvernement tibétain en exil n'impliquerait pas l'abandon de son rôle spirituel.

Le dalaï-lama a annoncé jeudi qu'il déposerait un amendement lui permettant de renoncer à ses fonctions politiques au cours de la prochaine session du Parlement tibétain la semaine prochaine. "Mon désir de transmettre l'autorité n'a rien à voir avec une volonté de renoncer aux responsabilités", a-t-il déclaré.

"C'est pour le bien à long terme des Tibétains. Ce n'est pas parce que je me sens découragé", a assuré le prix Nobel de la paix lors d'un discours à Dharamsala, dans le nord de l'Inde où sont basés les Tibétains en exil.

Le dalaï-lama, aujourd'hui âgé de 75 ans, avait seulement 15 ans lorsqu'il fut nommé "chef d'Etat" en 1950 après l'arrivée des troupes communistes chinoises au Tibet. Il s'enfuit de Chine en 1959 pour se réfugier à Dharamsala après l'échec d'un soulèvement contre l'administration de Pékin.

Pour un dirigeant élu librement

Le dalaï lama, le 20 mai 2010 à New York
Le dalaï lama, le 20 mai 2010 à New York

"Dès les années 1960, je n'ai eu de cesse de répéter que les Tibétains avaient besoin d'un dirigeant, élu librement par le peuple tibétain, à qui je pourrai transmettre le pouvoir", a-t-il déclaré. "Aujourd'hui, j'ai clairement atteint le moment pour mettre ceci en application", a-t-il ajouté. Les Tibétains en exil ont élu directement un dirigeant politique pour la première fois en 2001.

Un porte-parole du dalaï-lama avait déjà annoncé en novembre dernier son intention de quitter sa fonction de chef du gouvernement tibétain en exil pour alléger sa charge de travail. Adulé par son peuple, icône en Occident, il incarne aux yeux du monde entier la lutte des Tibétains contre l'administration chinoise au Tibet et les valeurs bouddhistes.

Engagement non remis en cause

Lors de son discours jeudi marquant l'anniversaire du soulèvement de 1959, le dalaï-lama a toutefois assuré qu'il ne se retirait pas de la lutte politique et restait "engagé à jouer son rôle pour la juste cause du Tibet". En dépit de son âge et de plusieurs alertes de santé, il continue de voyager dans le monde entier pour faire valoir la lutte du peuple tibétain.

Il a déclaré jeudi avoir reçu des appels "répétés et sincères" du Tibet mais aussi d'ailleurs pour lui demander de conserver son rôle politique. Abhorré par Pékin qui voit en lui un dangereux séparatiste, le dalaï-lama assure défendre une stratégie conciliante face à la Chine, une "voie moyenne" qui prône une simple "autonomie culturelle".

Craintes pour la succession

L'hypothèse de la disparition du dalaï-lama fait craindre au Tibet et au dehors un affaiblissement de la cohérence du mouvement tibétain, qui milite pour l'indépendance ou l'autonomie de cette région bouddhiste contrôlée par Pékin.

Traditionnellement, la recherche d'un nouveau dalaï-lama est menée par les lamas les plus haut placés dans la hiérarchie, mais le régime communiste chinois a récemment indiqué qu'il se réservait le droit d'avoir le dernier mot. Plus haut rang du bouddhisme tibétain, le dalaï-lama est considéré comme la réincarnation du premier dalaï-lama né en 1391.

"Une ruse", selon la Chine

L'annonce du dalaï-lama de son retrait de son rôle politique est une "ruse" destinée à "tromper la communauté internationale", a déclaré jeudi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Jiang Yu.

"Le dalaï-lama a souvent parlé de retraite ces dernières années. Je pense qu'il s'agit de ruses pour tromper la communauté internationale", a déclaré Jiang Yu lors d'un point de presse. Selon le porte-parole du ministère chinois, "le gouvernement en exil est une organisation politique illégale et aucun pays dans le monde ne le reconnaît".

agences/mre/hof

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Soulèvement du 10 mars 1959 commémoré

Plusieurs centaines de personnes, des Tibétains en exil comme des Suisses, ont défilé jeudi à Berne à l'occasion de l'anniversaire du soulèvement populaire du 10 mars 1959 au Tibet. Ils ont à nouveau lancé un appel en faveur d'un Tibet indépendant de la Chine.

Les orateurs qui se sont succédé devant les manifestants ont affirmé que la situation des droits de l'homme s'était encore détériorée dans la région himalayenne. Face à ce constat, la conseillère nationale Maya Graf (Verts/BL) a encouragé les Tibétains à poursuivre leur lutte pacifique en faveur de l'autodétermination.

La conseillère nationale a promis qu'elle allait évoquer les droits du peuple tibétain lors des négociations sur un éventuel accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine. Elle estime qu'il n'y peut pas y avoir d'accord sans mention des droits de l'homme, des droits des minorités et de critère écologiques.

Cette commémoration du soulèvement a aussi eu lieu ailleurs en Suisse. Des drapeaux tibétains ont été hissés jeudi dans plus d'une centaine de communes pour rappeler "l'occupation illégale du Tibet par la Chine", a relevé l'Association d'amitié Suisse-Tibet.