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Yémen: le président promet de profondes réformes

Ali Abdullah Saleh, président du Yémen, accuse les Etat-Unis d'être à l'origine des manifestations. [Hani Mohammed - Keystone]
Ali Abdullah Saleh, président du Yémen, s'engage aussi à "protéger les manifestants". - [Hani Mohammed - Keystone]
Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, soumis à une contestation populaire croissante, a promis de profondes réformes jeudi dont un référendum cette année sur une nouvelle Constitution mais n'a pas évoqué un départ anticipé réclamé par la rue. L'opposition juge cette proposition "dépassée".

Dans un discours devant des milliers de ses partisans rassemblés à Sanaa, le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 32 ans, a annoncé un référendum d'ici fin 2011 sur une nouvelle Constitution ouvrant la voie à un régime parlementaire voulu par l'opposition.

Il s'est également engagé à "continuer de protéger" les manifestants, qu'ils soient pour ou contre son régime, dans le pays où une trentaine de personnes ont été tuées depuis le début de la contestation fin janvier selon Amnesty International.

Séparation des pouvoirs et décentralisation

Ali Abdallah Saleh a aussi promis une plus grande décentralisation dans un pays où les Sudistes réclament l'indépendance, voire l'autonomie, alors que les rebelles dans le Nord se plaignent de discrimination. "Je propose une nouvelle initiative pour éviter au pays la sédition", a déclaré le président yéménite, précisant qu'il allait charger le Parlement, le conseil consultatif et des personnalités d'élaborer "une nouvelle Constitution stipulant clairement la séparation des pouvoirs".

Selon lui, cette Constitution, qui devrait être soumise à un référendum d'ici fin 2011, viserait à "instaurer un régime parlementaire, donnant tous les pouvoirs exécutifs à un gouvernement élu par le Parlement fin 2011 ou début 2012". Le régime yéménite est actuellement un régime présidentiel.

L'opposition réclamait avant le début des troubles une réforme politique visant à le transformer en régime parlementaire. Ali Abdallah Saleh, dont le mandat s'achève en 2013, s'est cependant déclaré convaincu que "cette nouvelle initiative sera rejetée comme les précédentes par les partis de l'opposition". Un scénario qui s'est d'ailleurs concrétisé, puisque peu après l'opposition parlementaire yéménite a effectivement rejeté le projet, le jugeant "dépassé".

Plan de sortie écarté

Des protestataires mercredi à Sanaa, la capitale du Yémen. [REUTERS - Khaled Abdullah]
Des protestataires mercredi à Sanaa, la capitale du Yémen. [REUTERS - Khaled Abdullah]

La semaine dernière, le chef de l'Etat, un allié des Etats-Unis politiquement de plus en plus isolé, avait rejeté un plan de sortie de crise proposé par l'opposition prévoyant son départ avant la fin de l'année. L'opposition s'était ensuite déclarée déterminée à intensifier la contestation populaire et à évincer le président.

Le président Saleh a affirmé dans son discours avoir demandé au gouvernement "de répondre aux exigences des protestataires" qui campent à Sanaa, Taëz (centre) et Aden (sud) pour réclamer des réformes. Son régime est contesté avec des manifestations quasi-quotidiennes à travers le pays.

Les Etats-Unis se sont déclarés "profondément préoccupés" par les violences au Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique. "Nous restons profondément préoccupés devant la poursuite de la violence au Yémen, et nous continuons à appeler les forces de sécurité, tout comme les manifestants, à montrer de la retenue et à s'abstenir de violence", a déclaré Mark Toner, un porte-parole du département d'Etat.

La détérioration de la situation au Yémen avait incité le Département d'état américain à conseiller à ses ressortissants à quitter le pays. Londres et Ottawa avaient aussi appelé leurs ressortissants à partir.

afp/jzim

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