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Grippe A: pas de conflits d'intérêts à l'OMS

Un homme qui pourrait avoir contracté la grippe A(H1N1) est examiné dans un hôpital d'Amsterdam le 12 août 2009.
L'OMS s'est bien acquittée de sa tâche pendant la pandémie, mais a quand même montré des carences.
Le comité d'experts indépendants chargé d'examiner la réponse à la pandémie de grippe A en 2009 a critiqué jeudi quelques carences de l'OMS. Mais il n'a trouvé aucun élément montrant que des intérêts commerciaux auraient influé sur les décisions de l'organisation.

Dans son rapport préliminaire transmis aux gouvernements et publié jeudi, le comité d'experts, dirigé par l'Américain Harvey Fineberg, affirme "qu'à de nombreux égards, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est bien acquittée de sa tâche pendant la pandémie".

L'agence de l'ONU "s'est aussi heurtée à des difficultés systémiques et a montré quelques carences", en particulier sur la définition de la pandémie. Mais le comité n'a constaté aucun manquement aux règles.

Impossible de démontrer l'influence des pharmas

Sur la critique principale de conflits d'intérêts entre l'OMS et les comités d'experts conseillant sa directrice générale Margaret Chan, le comité d'examen affirme qu'"aucun détracteur de l'OMS n'a produit de preuve directe démontrant l'existence d'une quelconque influence du secteur commercial sur la prise des décisions". "Le comité d'examen n'a trouvé aucun élément montrant que des intérêts commerciaux auraient influé ou tenter d'influer sur les conseils donnés l'OMS ou sur les décisions qu'elle a prises", ajoute le rapport de 37 pages.

La directrice générale de l'OMS Margaret Chan lors d'une conférence de presse à Genève, le 10 août 2010
La directrice générale de l'OMS Margaret Chan lors d'une conférence de presse à Genève, le 10 août 2010

Toutefois, les experts critiquent la décision de ne pas dévoiler l'identité des membres du comité d'urgence chargé de conseiller Margaret Chan. Cette décision "a alimenté les soupçons en portant à croire que l'organisation avait quelque chose à cacher", affirme le document. Il dénonce "l'absence de procédures suffisamment solides, systématiques et transparentes pour révéler, reconnaître et gérer les conflits d'intérêts parmi les experts consultés".

Cinq experts ont en effet déclaré des conflits d'intérêt potentiels, mais "aucun de ces conflits n'a été jugé suffisamment important pour justifier d'exclure l'intéressé du comité d'urgence", regrette le comité. Il recommande à l'OMS de "définir des critères plus clairs et d'adopter des procédures plus transparentes pour la nomination des membres de comités d'experts". Leur identité, profil, expérience et leurs liens personnels devraient être rendus publics au moment de leur nomination. Et l'OMS devrait désigner un responsable des questions d'éthique professionnelle.

Confusion sur la définition de la pandémie

Les experts soulignent par ailleurs que "les détracteurs de l'OMS affirment qu'elle a beaucoup exagéré la gravité de la pandémie". Ils font remarquer que "le degré de gravité de la pandémie est resté très incertain pendant tout l'été 2009". Mais ils critiquent en même temps "l'absence de description cohérente, mesurable et compréhensible de la gravité de la pandémie".

"La confusion qui existait au sujet de la définition d'une pandémie n'a pas été correctement dissipée", constate le rapport. Il rappelle que dans un document mis en ligne par l'OMS, les pandémies étaient décrites comme causant un nombre considérable de décès et de malades, alors que la définition officielle repose uniquement sur son extension.

L'OMS a ainsi fait naître un malentendu et entretenu les soupçons, accuse le rapport. Il recommande à l'OMS de concevoir des instruments de mesure permettant d'évaluer la gravité de chaque épidémie de grippe.

Corps de réserve à constituer

En conclusion, les experts affirment que le "le monde reste mal préparé pour faire face à une pandémie de grippe ou à toute autre urgence de santé publique mondiale prolongée". Ils préconisent de constituer un corps de réserve mondial plus important de professionnels de la santé publique, de créer un fonds d'au moins 100 millions de dollars pour les urgences, de parvenir à un accord sur l'échange des virus et l'accès aux vaccins.

Le Conseil exécutif de l'OMS avait décidé en janvier 2010 de lancer une enquête indépendante pour examiner la riposte à la pandémie de grippe dans le cadre du Réglement sanitaire international (RSI). Le rapport final sera discuté en mai lors de l'Assemblée mondiale de la santé.

ats/jzim

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