Malgré l'annonce d'un nouveau "vendredi de la colère", les rues de Ryad et des autres villes d'Arabie Saoudite sont restées calmes vendredi. La capitale était quadrillée depuis le matin par les forces de sécurité, et des dizaines de voitures de police avaient pris position à Olaya, une zone commerciale dans le nord de Ryad.
Autour de la mosquée d'où devait partir une manifestation, des centaines de policiers étaient déployés et vérifiaient les identités des conducteurs. Aucune manifestation n'a été signalée non plus à Jeddah, la grande ville portuaire de l'ouest du royaume. La situation était calme également dans la province orientale.
La police était massivement déployée dans cette région où trois manifestants chiites ont été blessés jeudi soir lors de la dispersion par la police d'une manifestation à Al-Qatif appelant à la libération de prisonniers, selon des témoins.
Les chiites, qui forment 10% des quelque 28 millions de Saoudiens, s'estiment victimes de discriminations dans le royaume gouverné par une dynastie sunnite qui défend une vision stricte de l'islam. Les autorités saoudiennes ont récemment rappelé que les manifestations étaient interdites dans le royaume.
Les Etats-Unis défendent la liberté d'expression
Un point de vue que leur allié américain ne partage pas: "Ce que nous avons dit aux Saoudiens et à tout le monde dans la région, c'est que nous allons soutenir un ensemble de valeurs universelles", a déclaré jeudi Ben Rhodes, un conseiller du président Barack Obama. Parmi ces valeurs figurent "le droit à se rassembler pacifiquement, à la liberté d'expression", a-t-il souligné.
Les militants à l'origine des appels à manifester, souvent basés à l'étranger, demandent aussi un salaire minimum à 10'000 rials (2667 dollars) et des créations d'emplois pour les Saoudiens dans un pays où le taux de chômage est évalué à plus de 10%, et à 30% parmi les jeunes de 20 à 30 ans.
Le 23 février, le roi Abdallah a annoncé un ensemble de mesures sociales pour plus de 35 milliards de dollars. D'autres monarchies du Golfe ont fait de même et jeudi, le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) a apporté un soutien financier de 20 milliards de dollars à Bahreïn et Oman, ses deux membres les plus touchés par la vague de révolte.
agences/vkiss
"Jour de colère" plutôt modéré
YÉMEN: Les forces de sécurité ont ouvert le feu vendredi sur les manifestants, qui défilaient dans plusieurs villes du Yémen, dans ce qui semble être la plus importante mobilisation à travers le pays depuis le début de la contestation il y a un mois. Ils réclament le départ du président Saleh au pouvoir depuis 32 ans. Six manifestants ont été blessés à Aden, dans le sud du pays, dont un grièvement. Des dizaines de milliers de personnes voulaient signifier à leur dirigeant qu'ils rejettent l'offre de compromis de Saleh. Ce dernier a proposé jeudi d'élaborer une nouvelle constitution, garantissant l'indépendance du parlement et du judiciaire. En outre, quatre soldats yéménites ont été tués vendredi dans l'attaque de leur patrouille par des hommes armés dans la région de Moukalla (sud-est), où Al-Qaïda est implantée, selon un responsable des services de sécurité.
BAHREIN: La police a lancé des grenades lacrymogènes vendredi pour disperser des manifestants et empêcher un affrontement avec des partisans de la monarchie près du palais royal à Manama.
EGYPTE: Des centaines d'Egyptiens tenant à la main des croix et des corans se sont rassemblés sur la place Tahrir du Caire pour dénoncer le sectarisme, après des heurts entre musulmans et chrétiens qui ont fait au moins 13 morts mardi soir.
JORDANIE: Des centaines d'islamistes ont manifesté à Zarka (nord), pour réclamer des réformes, promettant de durcir le ton si leurs revendications n'étaient pas satisfaites. La crise s'est envenimée entre le gouvernement et les islamistes, qui ont refusé de participer à la commission de dialogue national.
KOWEIT: Les forces anti-émeutes ont dispersé à coups de grenades lacrymogènes des centaines d'apatrides arabes qui manifestaient à Jahra, à l'ouest de Koweït, pour réclamer leur naturalisation. Ces personnes n'ont pas accès aux services publics comme l'éducation et la santé, gratuits pour les Koweïtiens.
MAROC: La presse marocaine saluait vendredi les réformes démocratiques annoncées par le roi Mohammed VI, les qualifiant d'"historiques", tout en s'interrogeant sur l'avenir de certains proches du souverain, dont les manifestants ont réclamé le départ.
TUNISIE: Une cour d'appel de Tunis a confirmé l'arrêt des activités de la Commission chargée des affaires de corruption et malversations, selon les médias locaux. Créée le 18 février, cette commission était chargée d'enquêter sur les 23 années de pouvoir du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. Par ailleurs, deux personnes sont mortes et 20 autres ont été blessées vendredi lors de violences qui ont éclaté dans la ville de Metlaoui, une ville du bassin minier de Gafsa, dans le centre-ouest tunisien, a annoncé l'agence officielle TAP.