Samedi soir, on apprenait par l'opérateur d'une centrale nucléaire du nord-est du Japon qu'un deuxième réacteur donnait des signes de problèmes, avec un risque d'explosion. Aucune autre information n'a été donnée sur cet incident.
Quant à l'explosion de samedi, elle a fait s'effondrer les murs du bâtiment abritant l'un des réacteurs de la centrale de Fukushima, qui risquait d'entrer en fusion après la défaillance du système de refroidissement.
Niveau de radioactivité inconnu
Selon un porte-parole du gouvernement Yukio Edano, le sarcophage métallique abritant le réacteur n'a pas été affecté par l'explosion. Il a précisé que le niveau de radiation autour de la centrale n'avait pas augmenté après la déflagration, mais au contraire était en train de diminuer, tout comme la pression à l'intérieur du réacteur.
Les autorités nippones n'ont pas donné d'évaluation précise des niveaux de radioactivité à l'extérieur de la centrale. Mais avant l'explosion, un responsable de l'agence japonaise de sûreté nucléaire, Ryohei Shiomi, avait précisé qu'à un certain point, la centrale relâchait en une heure le niveau de radiation qu'une personne absorbe normalement en un an.
Accident niveau 4
L'accident a été évalué au niveau 4 sur l'échelle des événements nucléaires et radiologiques (INES), a annoncé l'Agence japonaise de sécurité nucléaire et industrielle. L'importance d'un problème intervenant dans un site nucléaire est évaluée au moyen de cette échelle, le niveau 0 correspondant à l'absence d'anomalie et le niveau 7, le plus important, à un accident majeur. Le niveau 4 qualifie les accidents n'entraînant pas de risque important hors du site, selon les documents de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)
Les autorités comptaient distribuer de l'iode aux habitants de la zone, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique. L'iode permet de lutter contre les effets de la pollution radioactive.
Trois personnes irradiées
Selon des médias, au moins trois Japonais habitant une ville proche de la centrale nucléaire ont été exposés à des radiations. Ces trois personnes faisaient partie d'un groupe de quelque 90 patients internés dans un hôpital de la ville de Futaba-machi et ont été choisis au hasard par les médecins pour subir des tests consécutifs à un incident nucléaire, a rapporté la télévision publique NHK. Les médecins ont découvert qu'ils avaient tous les trois été irradiés, ont indiqué NHK et l'agence Jiji citant le gouvernement local de Fukushima.
Les patients ont attendu les sauveteurs dans une école où ils avaient été transférés et ont ensuite été hélitreuillés par un hélicoptère, au moment où une explosion s'est produite dans la centrale nucléaire de Fukushima N°1. Ces trois personnes, dont on ignore l'âge et le sexe, vont devoir subir un lavage spécial pour se débarrasser des radiations, mais leur état de santé ne présente rien d'anormal, a dit NHK.
La zone d'évacuation autour de la centrale a été étendue à un rayon de 20 kilomètres contre dix initialement et la population invitée à quitter les lieux rapidement. Quelque 51'000 personnes avaient déjà été évacuées précédemment.
Défaillance du refroidissement
D'après l'Agence météorologique nippone, le vent dans la région est faible et orienté vers le nord-est, vers la mer. La compagnie TEPCO (Tokyo Electric Power), qui exploite la centrale, rapportait que quatre employés avaient été blessés et hospitalisés pour des fractures et hématomes.
Les images de la télévision japonaise montraient les murs d'un bâtiment effondrés, laissant voir la structure métallique encore debout. Des petits nuages de fumée blanche s'échappaient de la centrale.
Les problèmes ont commencé dans le réacteur No1 de la centrale située dans la localité d'Onahama (270km au nord-est de Tokyo), après le séisme de magnitude 8,9 et le tsunami qui a suivi vendredi. L'alimentation électrique a été coupée, provoquant la défaillance du système de refroidissement.
Pas de risques pour la Suisse
La pression s'est alors accumulée dans le réacteur, pour atteindre le double du niveau normal. L'Agence japonaise de sécurité nucléaire avait alors informé la presse que des "vapeurs radioactives" étaient relâchées pour faire baisser la pression. Un responsable de cette agence, Ryohei Shiomi, a prévenu ensuite qu'une fusion du réacteur était possible.
Avant même l'explosion de samedi, le réacteur No1 avait déjà laissé échapper de la radioactivité. Des niveaux de radioactivité huit fois supérieurs à la normale avaient ainsi été mesurés à l'extérieur de la centrale et un millier de fois supérieurs à la normale à l'intérieur de la salle centrale du réacteur No1.
Même si la centrale atomique commençait à émettre une grande quantité de radiations, la Suisse ne serait pas menacée, selon Christian Fuchs, porte-parole de la Centrale nationale d'alarme (CENAL). Le Japon est beaucoup trop loin pour qu'un tel danger soit réel. Contrairement aux gouvernements allemand et autrichien, le Conseil fédéral n'a pas organisé de séance de crise sur cette question, a indiqué samedi son porte-parole, André Simonazzi.
Le séisme et le tsunami qui a suivi ont fait plus d'un millier de morts et de disparus et le bilan augmente d'heure en heure.
agences/cer
Les centrales suisses vulnérables
Pour les exploitants des centrales nucléaires suisses, il n'y a pas de nécessité d'agir après l'accident qui a eu lieu samedi à Fukushima au Japon. Pourtant, il est reconnu que les sites atomiques en fonction ne sont pas construits pour résister à un tel séisme.
Un tremblement de terre peut certes se produire en Suisse, "mais à un tout autre niveau", a indiqué Georg Schwarz, chef de la division techniques des installation à l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN). Si un séisme de l'ampleur de celui qui a secoué le Japon vendredi devait avoir lieu en Suisse, les centrales du pays rencontreraient aussi des problèmes, a-t-il ajouté.
"Nos centrales ne sont pas construites pour faire face à de telle secousses", a admis Georg Schwarz. Mais depuis quelques années, la Suisse travaille à améliorer la résistance aux tremblements de terre de ses sites.
Pour Christian Wasserfallen, membre du comité directeur du Forum nucléaire suisse, il n'y a pas de sécurité absolue, que ce soit pour l'énergie nucléaire ou tout autre domaine dans notre société. Il est surtout important qu'après une éventuelle fusion du coeur d'un réacteur toute fuite radioactive soit évitée.
Geri Müller, président de la Fondation suisse de l'énergie, s'est montré lui très inquiet à l'annonce de l'incident sur le site de Fukushima 1. "Cela me donne des maux de ventre", a déclaré le conseiller national écologiste argovien. Ce séisme révèle un accident qui ne semble pas si rare que ça. La Suisse a aussi vécu des tremblements de terre, à l'instar de celui de force 7 il y a 600 ans. "Nos moins vieilles centrales nucléaires résisteraient sans dommage à un séisme de force 5, mais pas Mühleberg ou Beznau", a estimé le député Vert.
Le parti écologiste a demandé samedi que le Conseil fédéral suspende le processus en vue de construire trois nouvelles centrales nucléaires en Suisse.