Lors d'une réunion avec les responsables des secours, le chef de la police de la préfecture de Miyagi a estimé que le bilan dépassait sans doute les 10'000 morts. La préfecture de Miyagi, qui compte 2,3 millions d'habitants, est l'une des trois préfectures les plus touchées par la catastrophe survenue vendredi. Pour l'heure, le bilan officiel s'y établit à 379 morts.
Deux jours après le séisme, des millions de rescapés se retrouvaient sans eau potable, sans électricité et nourriture appropriée le long de la côte nord-est du pays, dévastée vendredi par le séisme de magnitude 8,9, suivi d'un tsunami (Séisme au Japon). Si le gouvernement japonais a doublé le nombre de soldats déployés dans le cadre de l'effort de secours, qui atteignait désormais 100'000 hommes, il semblait débordé par cette triple catastrophe.
Un bilan très incertain
Le dernier bilan officiel de la police nationale, qui fait état de 688 morts, 642 disparus et 1570 blessés, semble bien en-dessous de la réalité. Rien que dans la préfecture de Fukushima, voisine de la zone la plus touchée, près de 1200 personnes étaient portées disparues dimanche.
Par ailleurs, entre 300 et 400 corps ont été découverts dans le port de Rikuzentakata et 200 autres dans la localité côtière d'Higashimatsushima, dans la préfecture de Miyagi. Ils s'ajoutent aux 200 à 300 cadavres retrouvés sur une plage de Sendai, balayée par un tsunami de 10 mètres de haut. La catastrophe aurait donc fait au moins 3000 morts et disparus, sans compter les 10'000 disparus de Miyagi. La mort d'un premier étranger, un Canadien, a été annoncée dimanche par Ottawa.
Le pape Benoît XVI a déclaré dimanche qu'il priait pour les victimes du séisme et du tsunami qui ont frappé le Japon, saluant "la dignité et le courage" avec lesquels les Japonais font face à la catastrophe. Lors de sa bénédiction dominicale depuis son balcon donnant sur la place Saint-Pierre de Rome, le souverain pontife a encouragé les équipes de secours qui apportent de l'aide aux victimes.
Impact économique "considérable"
Le séisme devrait avoir un impact "considérable sur les activités économiques d'un grand nombre de secteurs", a prévenu dimanche le porte-parole du gouvernement nippon, Yukio Edano, à l'occasion d'une conférence de presse. Le tremblement de terre de magnitude 8,9 et le tsunami qui l'a suivi ont dévasté la côte Pacifique du Tohoku, comptant au total pour 8% du Produit intérieur brut (PIB) de la troisième économie du monde.
Nombre d'activités côtières ont été réduites à néant et les infrastructures ravagées par une vague de dix mètres de haut dans la métropole de Sendai. Pour soutenir l'économie locale, la Banque du Japon a versé dimanche 55 milliards de yen (625 millions de francs) à treize banques implantées dans la région.
La région du Kanto, plus au sud, qui comprend la mégapole de Tokyo et représente 40% du PIB, a été touchée aussi, de façon parfois spectaculaire comme à Iichihara (est de Tokyo), où une raffinerie de pétrole de la compagnie Cosmo Oil a partiellement brûlé. La plupart des infrastructures et bâtiments ont toutefois tenu le choc dans cette zone urbaine stratégique.
L’aide suisse sur place
Sur le plan des secours sur la côte Pacifique, le nombre de sauveteurs a été doublé dimanche, avec 100'000 soldats et secouristes soutenus par 190 avions et des dizaines de navires. Le porte-avions américain Ronald Reagan est arrivé dimanche matin au large du Japon pour aider l'armée japonaise. Les premières équipes de secours envoyées par l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, la France ou les Etats-Unis arrivaient dimanche au Japon.
Les vingt-cinq Suisses et les neuf chiens envoyés au Japon à des fins humanitaires sont arrivés dimanche à la mi-journée (heure locale) à Tokyo. Peu après leur arrivée, ils sont montés dans des bus pour être acheminés dans leur zone d'engagement environ 300 km au nord de Tokyo, a indiqué à l'ATS le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
A 20h00 (12h00 en Suisse), ils se trouvaient à mi-chemin entre la capitale japonaise et la région où ils doivent intervenir. L'équipe est constituée de conducteurs de chien, de spécialistes de la localisation technique, de coordinateurs ou encore d'experts en matière de catastrophes environnementales, d'eau, de médicaments ou de construction.
Probabilités plutôt faibles
Le point fort de l'engagement sera décidé sur place, a dit à la radio alémanique DRS le chef du Corps suisse d'aide humanitaire (CSA), Toni Frisch. La tâche principale des Suisses sera de trouver des personnes ensevelies sous les décombres. Les victimes doivent être localisées dans des maisons endommagées par le séisme et le tsunami avec l'aide de chiens et d'appareils techniques.
La chance pour eux de trouver des survivants est toutefois faible, a déclaré Toni Frisch. Des personnes qui n'auraient pas été blessées peuvent certes survivre plusieurs jours dans des bâtiments touchés s'ils se trouvent dans des cavités. Dans tous les décombres où de l'eau est entrée en raison du tsunami, la chance de retrouver des survivants est toutefois très faible, selon lui.
Risque de grosses répliques
L'Agence météorologique japonaise a mis en garde dimanche contre le risque élevé de réplique de magnitude 7 ou plus jusqu'à mercredi matin. Il évalue sa probabilité à 70%.
Les répliques, d'une magnitude allant de 2 à près de 7, ont été incessantes depuis vendredi, date du premier tremblement de terre, survenu au large des côtes nord-est et de magnitude 8,9 selon l'Institut de géophysique américain (USGS).
ap/afp/sbo
Le DFAE recommande la prudence
Le DFAE n'a pour le moment aucune indication sur des victimes suisses. L'ambassade de Suisse à Tokyo tente de contacter ses ressortissants sur place.
Le DFAE a aussi actualisé durant ce week-end ses recommandations de voyage et conseille de renoncer aux voyages dans le nord-est du pays, dans les préfectures de Nagano et Niigata ainsi qu'aux séjours touristiques et ceux qui ne sont pas urgents dans l'ensemble du pays.
Il recommande aussi aux ressortissants suisses qui se trouvent dans les zones de catastrophe et dans la région de Tokyo/Yokohama d'évaluer si leur présence au Japon est actuellement nécessaire.
S'ils concluent qu'ils ne sont pas obligés de rester dans ce pays, il leur est conseillé de considérer un départ temporaire du Japon. Cette mesure vaut en particulier pour les familles avec des enfants en bas âge.
Un Japonais sauvé des eaux après deux jours
Un Japonais de 60 ans a été secouru dimanche à 15 km de la côte nord-est du Japon après être resté deux jours accroché à un morceau du toit de sa maison emportée par le tsunami, a rapporté le ministère de la Défense.
L'homme est en "bonne santé" mais a quand même été transporté dans un hôpital, par hélicoptère.
Hiromitsu Shinkawa a été repéré par un destroyer de la marine au large de la région de Fukushima vers 12h40 locales (04h40 en Suisse), selon le ministère.