La ligne de front s'est déplacée davantage vers l'est, les villes tenues par les rebelles tombant l'une après l'autre aux mains des troupes du régime de Mouammar Kadhafi qui s'est dit déterminé à venir à bout de l'insurrection malgré les protestations et sanctions internationales.
Après Al-Uqaila sur la route côtière, c'est la localité d'al-Bicher plus à l'est qui est désormais sous contrôle des loyalistes qui bombardaient aussi Brega, à quelque 240 km de Benghazi, quartier général du Conseil national de transition regroupant l'opposition, selon un journaliste de l'AFP sur place.
La ville de Brega "purgée"
Aux cris de "Allahou Akbar", des dizaines de rebelles ont fui la ville stratégique de Brega à bord de véhicules transportant des batteries anti-aériennes de la DCA, se dirigeant vers la ville d'Ajdabiya à 80 km plus à l'est.
La télévision d'Etat libyenne a ensuite affirmé que Brega avait été "purgée" des insurgés. L'aviation du régime n'est pas intervenue à Brega mais les insurgés tiraient dans leur retraite des tirs de DCA, selon le journaliste de l'AFP. La veille, les insurgés avaient fui Al-Uqaila tombée aux mains des pro-Kadhafi, vers Brega.
A Benghazi, bastion des anti-Kadhafi situé à un millier de kilomètres de la capitale Tripoli, toutes les lignes des téléphones portables étaient coupées, les communications des opérateurs Libyana et Al-Madar ne fonctionnant plus.
Encore des "poches" de rebelles
A mesure que les rebelles se replient vers l'est, ils se rapprochent de la ville d'Ajdabiya, dernier verrou vers Benghazi. Mais malgré les mauvaises nouvelles du front, des volontaires quasi désarmés continuaient de s'enrôler à Benghazi. "Nous n'avons pas peur de cette armée composée à 90% de mercenaires. Nous pouvons les battre", a assuré l'un d'eux samedi.
Dans l'ouest, Zawiyah, qui fut le bastion rebelle le plus proche de la capitale, est tombée aux mains du régime qui a fêté sa "victoire" après plus de deux semaines de résistance acharnée. Des témoins ont parlé de "massacre". En revanche, les rebelles contrôlaient toujours Misrata (150 km à l'est de Tripoli) mais des tirs d'armes automatiques étaient entendus aux abords de la ville, selon un habitant.
Plusieurs villes du nord-ouest, en particulier dans la région montagneuse du Jabal Al-Gharbi, sont également sous contrôle rebelle, selon des témoins. La veille, un cameraman de la chaîne Al-Jazira a été tué dans une embuscade près de Benghazi. C'est la première fois qu'un média étranger annonce la mort d'un journaliste en Libye depuis le début de la révolte le 15 février.
La question d'une zone d'exclusion
Malgré les gains remportés par le régime dans sa contre-offensive, la communauté internationale semble lente à agir. Après des réunions de l'Otan et l'Union européenne qui n'ont pas abouti à des résultats concrets pour stopper la répression, une nouvelle rencontre ministérielle du G8 est prévue lundi.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et ses homologues européens devront se pencher à Paris sur la question de la zone d'exclusion aérienne et se concerter avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, la position de Moscou restant également floue.
Jusqu'à présent, les Européens, divisés entre eux, hésitent à instaurer une telle zone, même s'ils ont souligné la possibilité d'utiliser "toutes les options" contre Mouammar Kadhafi, qui reste sourd aux appels à arrêter la répression et à s'en aller après plus de quatre décennies de règne.
Soutien de la Ligue arabe
Samedi, c'est la Ligue arabe qui a apporté son soutien à une telle mesure pour protéger le peuple libyen. Elle a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à l'autoriser afin de clouer l'aviation au sol, une arme utilisée par le régime pour reconquérir ces derniers jours des villes aux mains des rebelles.
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont favorablement accueilli le soutien arabe à la zone d'exclusion, réclamée avec force par l'opposition libyenne. Washington et Paris ont exigé un mandat de l'ONU pour une telle zone. Londres et Paris travaillent actuellement à un projet de résolution soutenant l'idée de faire de la Libye une zone de survol interdite, qu'ils entendent soumettre au Conseil de sécurité.
Face à la poursuite de la répression sanglante de la révolte qui a fait des centaines de morts et poussé à la fuite plus de 250.000 personnes, la Ligue arabe a aussi estimé samedi que le régime libyen avait "perdu sa légitimité" et annoncé son soutien avec le Conseil national de transition.
afp/sbo