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La colère continue de gronder dans les pays arabes

Une personne a été tuée et 19 blessées dimanche à Sanaa, au Yémen. [Yahya Arhab]
Une personne a été tuée et 19 ont été blessées dimanche à Sanaa, au Yémen. - [Yahya Arhab]
De nombreuses manifestations ont éclaté dimanche dans plusieurs pays arabes. Au Yémen, le sang a une nouvelle fois coulé après les violences de samedi. Des dizaines de milliers de personnes ont aussi manifesté au Liban contre le Hezbollah, alors que le sultan d'Oman a promis de timides réformes.

Les manifestants à Sanaa ont subi dimanche une attaque en règle de partisans du régime, au lendemain de la journée la plus sanglante au Yémen depuis le début des marches exigeant le départ du président Ali Abdallah Saleh fin janvier.

Une personne a été tuée et 19 ont été blessées dans la capitale lorsque la police, soutenue par des partisans du régime, a ouvert le feu et fait usage de gaz lacrymogène contre des manifestants sur la place de l'Université de Sanaa, épicentre de la contestation, ont indiqué des sources médicales.

Samedi, sept manifestants avaient déjà été tués par balles. Des centaines d'autres personnes ont été blessées par des gaz toxiques dans la violente dispersion par la police de protestataires à travers le pays, selon les organisateurs des manifestations. Les autorités ont nié l'utilisation de gaz autres que lacrymogènes. Après ces violences, plusieurs voix se sont élevées dans le monde dont celle du chef de l'ONU, Ban Ki-moon, pour dénoncer "l'usage excessif de la force" par la police.

Des dizaines de milliers de Libanais ont manifesté dimanche à Beyrouth contre l'arsenal du Hezbollah, à l'occasion du 6e anniversaire de la "Révolution du Cèdre" déclenchée après le meurtre de Rafic Hariri pour lequel le puissant parti chiite s'attend à être mis en cause.

Les manifestants à Manama tentaient de bloquer l'accès au district financier. [KEYSTONE - Mazen Mahdi]
Les manifestants à Manama tentaient de bloquer l'accès au district financier. [KEYSTONE - Mazen Mahdi]

"Le peuple veut faire tomber les armes (du Hezbollah)", scandait la foule, rassemblée sous haute sécurité sur la place des Martyrs au centre-ville, en écho au slogan des révoltes arabes, et portant des pancartes proclamant "Non à l'oppression", "Non aux assassinats", "Non au diktat des armes".

"Il est impossible que l'arsenal (du Hezbollah) continue d'être brandi face à la volonté démocratique du peuple, face à la justice et face à la vérité", a déclaré à la tribune le Premier ministre en exercice Saad Hariri, fils du dirigeant assassiné, qui avait appelé à ce rassemblement monstre.

Le Hezbollah chiite, un allié de la Syrie et de l'Iran, est accusé d'avoir mené un "coup d'Etat" en renversant le gouvernement de Saad Hariri le 12 janvier "sous la pression des armes".

Au Bahreïn, des dizaines de personnes ont été hospitalisées après des tirs de gaz lacrymogènes de la police dimanche sur des manifestants à Manama, dont certains tentaient de bloquer l'accès au district financier. C'est la première fois depuis le 19 février que la police attaque les manifestants qui campent sur la place de la Perle pour réclamer des réformes à Bahreïn, petit royaume du Golfe dont la population locale est majorité chiite et qui est gouverné par une dynastie sunnite.

Elle les en avait déjà délogés une première fois le 17 février lors d'un assaut qui avait fait cinq morts parmi les protestataires. Le prince héritier, Salman ben Hamad Al-Khalifa, a de nouveau appelé l'opposition en majorité chiite au dialogue, affirmant que le pouvoir sunnite lui avait fait "la meilleure proposition" possible.

Des milliers de Libanais se sont réunis au sixième anniversaire de l'assassinat d'Hariri. [KEYSTONE - Bilal Hussein]
Des milliers de Libanais se sont réunis au sixième anniversaire de l'assassinat d'Hariri. [KEYSTONE - Bilal Hussein]

L'Union générale des syndicats de travailleurs de Bahreïn a de son côté lancé un appel à la grève générale, qualifiant la dispersion des manifestants dimanche "par la force" de "violation des droits de l'Homme".

Dans un décret publié par l'agence officielle Ona, le sultan d’Oman a ordonné dimanche de donner "les pouvoirs législatifs et ceux de contrôle" de l'action du gouvernement au "Conseil d'Oman", après des semaines de manifestations pour des réformes politiques sur fond de grogne sociale. Ce corps est formé d'un Conseil consultatif élu de 83 membres et d'un Conseil d'Etat, une sorte de sénat, de 57 membres désignés.

Les deux chambres n'ont qu'un rôle consultatif auprès du gouvernement qui s'occupe de l'exécution de la politique générale définie par le sultan. Dans le même décret, le sultan Qabous a demandé à une commission de présenter dans un délai de 30 jours, un amendement de la Constitution pour permettre de donner les pouvoirs législatifs à l'assemblée consultative.

Par ailleurs, le chef d'Etat a ordonné une forte augmentation des pensions de retraite pour les Omanais qui vont de 50 à 100%, selon Ona. Le mécontentement populaire dans ce pays de trois millions d'habitants, dont 20% d'étrangers, ne concerne pas la personne du sultan qui concentre entre ses mains l'essentiel du pouvoir.

Des dizaines de personnes ont été blessées, certaines
grièvement, à Casablanca après que la police marocaine a tenté de pénétrer au
siège d'un parti de gauche où s'étaient réfugiés des manifestants, selon un
journaliste de l'AFP sur place et des témoins.

Au Maroc, des dizaines de personnes ont été blessées, certaines
grièvement, à Casablanca après que la police a tenté de pénétrer au
siège d'un parti de gauche où s'étaient réfugiés des manifestants, selon un
journaliste de l'AFP sur place et des témoins.

Enfin, en Tunisie, un couvre-feu est en vigueur à Metlaoui (centre-ouest de la Tunisie), une ville minière en proie depuis plusieurs jours à des troubles sociaux qui ont fait deux morts et une vingtaine de blessés, a-t-on appris dimanche de source officielle.

Selon l'agence TAP, le couvre-feu entré en vigueur samedi soir dure de 19h à 5h, et ce jusqu'à nouvel ordre. Il "vise à rétablir le calme et à protéger les citoyens et les biens, suite à la dérive sécuritaire et aux actes de vandalisme survenus dans la région", ajoute l'agence officielle citant une source militaire.

agences/bkel

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