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La menace d'un grave accident nucléaire demeure

Image satellite de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, 14 mars 2011. [Digital Globe/Handout]
Image satellite de la centrale nucléaire de Fukushima. - [Digital Globe/Handout]
Une nouvelle explosion s'est produite lundi dans la centrale nucléaire japonaise de Fukushima endommagée par le séisme et le tsunami, dont le bilan pourrait dépasser 10'000 morts. Mais Tokyo a exclu la possibilité d'une catastrophe comme celle de Tchernobyl.

Malgré les efforts du gouvernement pour rassurer, le monde entier suit avec une inquiétude grandissante l'évolution d'une situation encore extrêmement mouvante.

Devant la gravité de la situation dans la centrale de Fukushima 1, dont trois réacteurs connaissent des difficultés de refroidissement, le Japon a demandé l'aide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et des Etats-Unis. Et la Commission européenne a demandé la convocation d'une réunion extraordinaire de l'AIEA la semaine prochaine à Vienne sur l'accident nucléaire au Japon.

Recommandations internationales

Face à cette menace nucléaire et aux dizaines de répliques parfois violentes qui se succèdent sans interruption depuis le séisme de vendredi dans le nord-est, de nombreux Etats ont recommandé la prudence à leurs ressortissants. La plupart des pays déconseillent de venir au Japon, notamment à Tokyo ou dans le nord. Les femmes et les enfants sont encouragés à partir vers le sud de l'archipel ou à l'étranger.

L'explosion de lundi à la centrale de Fukushima accentue les craintes d'accident nucléaire majeur. [AFP PHOTO / HO / NHK]
L'explosion de lundi à la centrale de Fukushima accentue les craintes d'accident nucléaire majeur. [AFP PHOTO / HO / NHK]

Depuis vendredi, la centrale de Fukushima 1, située à seulement 250 km de Tokyo, la plus importante mégapole du monde avec 35 millions d'habitants, enchaîne les accidents, faisant craindre une fuite radioactive. Les systèmes de refroidissement sont tombés successivement en panne dans trois des six réacteurs de cette centrale datant des années 70.

Après plusieurs opérations destinées à stopper un début de fusion, deux explosions de vapeur d'hydrogène se sont produites samedi et lundi au niveau des bâtiments abritant les réacteurs 1 et 3. Dans le bâtiment 3, l'explosion a soufflé le toit, mais n'a pas affecté l'enceinte de confinement abritant le réacteur, a précisé l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco).

Un processus similaire s'est engagé autour du réacteur 2 mais une grosse explosion a été jugée improbable lundi soir par le gouvernement. Cependant le niveau d'eau dans le réacteur est retombé en cours de journée. "Il n'y a absolument aucune possibilité d'un Tchernobyl", a affirmé le ministre de la Stratégie nationale, Koichiro Genba, en s'appuyant sur les experts de l'Agence de sûreté nucléaire.

Le gouvernement japonais semble débordé par l'ampleur de la catastrophe.
Le gouvernement japonais semble débordé par l'ampleur de la catastrophe.

Pas de Tchernobyl japonais

A Vienne, le directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano a jugé très improbable que la situation dégénère en un nouveau Tchernobyl. L'accident de la centrale ukrainienne, en 1986, est considéré comme le plus grave de l'histoire. Il a été évalué au niveau 7, le plus élevé, sur l'échelle des événements nucléaires et radiologiques (Ines). L'explosion samedi à Fukushima était de niveau 4.

Dans les zones dévastées par le séisme de magnitude 8,9 suivi du tsunami, les secouristes ont lancé "une course contre la montre désespérée pour sauver ceux qui pourraient être bloqués sous les montagnes colossales de débris", a indiqué le porte-parole de la Croix-Rouge Patrick Fuller. 2000 cadavres ont été retrouvés sur les côtes de la province de Miyagi, où le nombre de morts pourrait dépasser les 10'000, selon le chef de la police locale.

Une équipe de secouristes à Natori, dans la préfecture de Miyagi au Japon, le 14 mars 2011
Une équipe de secouristes à Natori, dans la préfecture de Miyagi au Japon, le 14 mars 2011

Les autorités ont également déployé d'énormes moyens pour porter secours aux 590'000 personnes évacuées, qui soit ont perdu leur logement, soit habitaient dans un rayon de 20 km autour de la centrale. Parmi les seuls enfants, la catastrophe a fait 100'000 déplacés, selon l'ONG de secours Save the Children.

100'000 soldats mobilisés

Le Japon a mobilisé 100'000 soldats, soit 40% des effectifs de son armée, tandis que des équipes de secouristes étrangers arrivaient du monde entier. Huit navires américains participaient aux opérations de sauvetage et cinq autres étaient en route vers l'archipel.

La situation au Japon a ravivé le débat sur le nucléaire civil dans de nombreux pays, dont l'Allemagne où plus de 100'000 personnes ont pris part lundi à des manifestations anti-nucléaires dans 450 villes. Berlin a décidé un moratoire de trois mois sur l'allongement de vie de ses réacteurs. La Suisse a suspendu ses projets de renouvellement de centrales tandis que l'Inde va vérifier la sécurité de tous ses réacteurs.

En revanche, Vladimir Poutine, le Premier ministre russe, a annoncé que Moscou ne comptait pas remettre en cause ses projets nucléaires, tout comme le président français Nicolas Sarkozy qui devrait cependant proposer à ses partenaires du G20 une réunion des ministres de l'Economie et de l'Energie pour parler des énergies et de sûreté nucléaire.

ats/cab

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L'île déplacée de 2,40 mètres

Le séisme semble avoir déplacé l'île principale de l'archipel nippon de 2,4 mètres, selon un sismologue à l'Institut de géophysique américain. Dans leur interprétation des données à propos du séisme japonais et de l'étendue du déplacement des plaques, les experts utilisent les informations des systèmes de géolocalisation mondiale.

"Nous savons qu'une station GPS a bougé de 2,4 mètres et nous avons vu sur la carte de l'Autorité japonaise d'information géospatiale (GSI) que ce déplacement correspondait à un glissement de la masse terrestre de la même ampleur", a déclaré cet expert sur CNN.

Le séisme est le résultat d'un "mouvement de cisaille" le long de la faille entre les plaques terrestres du Pacifique et d'Amérique du Nord. La plaque du Pacifique effectue une poussée contre l'extrémité ouest de la plaque nord-américaine à un rythme de 83 millimètres par an mais une secousse colossale peut déplacer brusquement ces plaques.

"Avec un séisme de cette ampleur, des modifications énormes interviennent. Sur la faille, vous pouvez assister à des mouvements d'une amplitude de 20 mètres à partir de chaque bord", a ajouté l'expert.

91 pays au chevet du Japon

Le gouvernement japonais a reçu des offres d'aide de 91 pays pour secourir les victimes du séisme et du tsunami. Les équipes de 15 pays, dont la Suisse, sont désormais à pied d'oeuvre, a indiqué l'ONU lundi. Une mission de coordination de sept experts de l'ONU est aussi sur place.

Dans un rapport de situation, le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a précisé que les Etats-Unis (148 experts), la France (134), la Corée du Sud (105), l'Australie (74), la Nouvelle-Zélande (65), la Grande-Bretagne (64), la Russie (54) et l'Allemagne (41) ont fourni le plus gros des effectifs. La Suisse est présente avec 27 personnes.

La Croix-Rouge japonaise a déployé 62 équipes avec au total 400 médecins, infirmiers et personnel médical de soutien. La Fédération internationale de la Croix-Rouge a envoyé une équipe de liaison.