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Libye: Kadhafi prépare l'offensive contre Benghazi

Les rebelles se préparent à l'offensive des forces loyalistes sur Benghazi. [KEYSTONE - Tara Todras-Whitehill]
Les rebelles se préparent à l'offensive des forces loyalistes sur Benghazi. - [KEYSTONE - Tara Todras-Whitehill]
Les forces pro-Kadhafi ont repris l'avantage mardi en Libye, pilonnant la ville rebelle d'Ajdabiya (est) et annonçant une opération imminente sur Benghazi, le fief des rebelles. Pendant ce temps, le G8 n'est pas parvenu mardi à s'accorder sur une intervention militaire.

Pour les insurgés, il n'y a que "deux possibilités: se rendre ou fuir", a assuré le colonel Mouammar Kadhafi dans un entretien au quotidien italien Il Giornale. Il a exclu toute négociation avec les rebelles mais a promis de ne pas tuer ceux qui se rendraient.

Offensive sur Benghazi imminente

Les forces gouvernementales ont lancé l'aviation et l'artillerie lourde contre Ajdabiya, noeud de communication stratégique et dernier verrou tenu par les rebelles avant Benghazi, 160 km plus au sud, coupant la route entre les deux villes. Des centaines de civils et d'insurgés ont fui Ajdabiya vers Benghazi, selon l'AFP.

Selon la télévision officielle libyenne, "la ville d'Ajdabiya est totalement contrôlée (par les forces loyalistes, ndlr) et elle est en train d'être purgée des gangs armés". Les insurgés ont toutefois assuré qu'ils contrôlaient toujours la ville.

Aucune solution n'a pour l'heure émergé des hautes instances internationales. [KEYSTONE - Ian Langsdon]
Aucune solution n'a pour l'heure émergé des hautes instances internationales. [KEYSTONE - Ian Langsdon]

Dans la soirée, l'armée a annoncé le lancement imminent d'une opération contre Benghazi, où siègent les instances dirigeantes de l'opposition. Il s'agit, selon elle, d'une "mission humanitaire" destinée à "ramener le calme et la vie normale" dans la deuxième ville du pays.

Communauté internationale hésitante

Le régime libyen est également en passe de prendre de vitesse une communauté internationale hésitante. Réunis à Paris, les ministres des affaires étrangères du G8 ont écarté faute de consensus l'option d'une intervention militaire pour ralentir les forces de Mouammar Kadhafi - une option rejetée notamment par l'Allemagne et la Russie.

Ils se sont bornés à soutenir l'examen "en urgence" par le Conseil de sécurité de l'ONU d'"une large gamme de mesures visant à assurer la protection des populations libyennes", mais sans sauter le pas d'une intervention militaire. Un groupe de puissances comprenant les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France espérait présenter à l'ONU dès mardi un projet de résolution durcissant les sanctions contre la Libye.

Alors que Kadhafi chancelle, Le Temps revient sur les tentatives d'assassinat d'ennemis politiques par des puissances étrangères. [SABRI ELMHEDWI]
Alors que Kadhafi chancelle, Le Temps revient sur les tentatives d'assassinat d'ennemis politiques par des puissances étrangères. [SABRI ELMHEDWI]

Les pays de l'OTAN ont pour leur part examiné pour la première fois mardi les options militaires à leur disposition si l'Alliance atlantique décidait d'intervenir en Libye, bien que la probabilité d'une résolution de l'ONU les y autorisant diminue, a indiqué une source diplomatique.

La France défaitiste

"Ils veulent tellement bien explorer l'ensemble de la question que Kadhafi a le temps d'entrer à Benghazi à peu près quinze fois", a déploré un diplomate. "On est train de jouer une course contre la montre entre bâtir une opération politiquement légitime et agir dans les jours qui viennent."

"Kadhafi marque des points", a de son côté regretté le chef de la diplomatie française Alain Juppé. "Nous avons peut-être laissé passer une chance de rétablir la balance", a-t-il ajouté, estimant que la communauté internationale ne pourrait pas empêcher les forces gouvernementales de reprendre Benghazi.

Il a également jugé que l'idée d'instaurer une zone d'exclusion aérienne en Libye était désormais "dépassée". Un avis partagé par son homologue italien Franco Frattini, pour qui "une zone d'exclusion aérienne ne garantirait pas à elle seule la fin des combats".

ats/bkel

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MSF quitte le navire

Sur le plan humanitaire, un bateau du CICR a apporté mardi matin 180 tonnes d'aide alimentaire et non-alimentaire à Benghazi, afin de reconstituer les stocks du Croissant-Rouge. "On craint le pire si les combats progressent plus près de la ville", a expliqué l'organisation.

En raison des combats, l'organisation Médecins sans frontières (MSF) a pour sa part décidé de retirer tout son personnel du territoire libyen. Elle n'est plus en mesure d'assurer sa mission sanitaire, affirme-t-elle. Les migrants recevront toujours un soutien psychologique de MSF à la frontière entre la Libye et la Tunisie.