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Le roi de Bahreïn proclame l'état d'urgence

Le roi de Bahrein a chargé l'armée, les forces de police et les unités de la Garde nationale de rétablir l'ordre. [Hasan Jamali]
Le roi de Bahrein a chargé l'armée, les forces de police et les unités de la Garde nationale de rétablir l'ordre. - [Hasan Jamali]
Le roi de Bahreïn Hamad Ben Issa Al-Khalifa a proclamé l'état d'urgence mardi pour trois mois, au lendemain de l'arrivée de troupes du Golfe venues l'aider à contenir la contestation chiite. Au Yémen, une première victime des violences politiques a été confirmée.

Le roi de Bahrein a chargé le commandant des forces armées de rétablir l'ordre en faisant appel à l'armée, aux forces de police, aux unités de la Garde nationale et "toute autre force, si cela s'avère nécessaire". Cette dernière mention semble faire référence aux mille soldats saoudiens qui ont déjà été déployés à Bahreïn ainsi qu'aux 500 policiers envoyés par les Emirats arabes.

Mardi, des affrontements ont éclaté et, selon un médecin, plusieurs centaines de manifestants ont été blessés par des tirs de fusil et des coups de matraque. L'un d'entre eux est mort d'une balle dans la tête. Un des soldats saoudiens a par ailleurs été tué par un protestataire, selon un responsable de la sécurité à Riyad.

Des manifestants chiites bloquent des rues à Manama et sont rassemblés sur une place de la capitale suite à l'arrivée de troupe du Golfe. [KEYSTONE - Hasan Jamali]
Des manifestants chiites bloquent des rues à Manama et sont rassemblés sur une place de la capitale suite à l'arrivée de troupe du Golfe. [KEYSTONE - Hasan Jamali]

Cette décision intervient alors que des manifestants chiites bloquent des rues à Manama et sont rassemblés devant l'ambassade saoudienne, au lendemain de l'arrivée de troupes de la force commune du Conseil de coopération du Golfe (CCG), appelée "Bouclier de la péninsule", dans ce petit royaume gouverné par une dynastie sunnite.

Intervention "inacceptable"

Bahreïn a également annoncé mardi avoir rappelé son ambassadeur à Téhéran pour protester contre les critiques iraniennes sur le déploiement de forces du Golfe, notamment saoudiennes, dans le petit royaume pour contenir la contestation contre la dynastie sunnite."Bahreïn condamne avec force la déclaration iranienne qui est une ingérence flagrante dans ses affaires intérieures. Il la rejette dans sa totalité y voyant une menace pour la sécurité de la région", a déclaré Hamad al-Amer, sous-secrétaire au ministère à l'agence officielle Bna.

A Téhéran, le ministère iranien des Affaires étrangère a qualifié l'intervention de forces étrangères à Bahreïn d'"inacceptable" et estimé qu'elle "rendra la situation plus compliquée et plus difficile" à résoudre. "La déclaration iranienne ne respecte aucun des principes du bon voisinage, de la loi internationale, de la charte des Nations unies et de celle de l'Organisation de la conférence islamique", a dit le porte-parole bahreïni.

Dialoguer avec l'opposition

L'Iran a également dénoncé "le soutien des Etats-Unis à l'intervention militaire" à Bahreïn, jugée "contraire aux règles et lois internationales". "La République islamique d'Iran proteste et affirme que les Etats-Unis sont responsables des conséquences dangereuses de cette action illégale", a déclaré le responsable du ministère qui a reçu l'ambassadrice de Suisse à Téhéran.

Les policiers ont tiré au fusil de chasse sur les manifestants. [KEYSTONE - Mazen Mahdi]
Les policiers ont tiré au fusil de chasse sur les manifestants. [KEYSTONE - Mazen Mahdi]

De son côté, l'Union européenne a exhorté mardi les troupes du Golfe déployées à Bahreïn pour aider la dynastie chiite au pouvoir à respecter les "libertés fondamentales" de la population, notamment le droit de manifester pacifiquement. "Nous sommes très préoccupés par les informations faisant état de graves violences dans les rues à Bahreïn", a déclaré Maja Kocijancic, la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

"Nous appelons les forces de sécurité présentes à respecter les droits de l'homme et les libertés fondamentales, y compris le droit de se rassembler librement et pacifiquement", a-t-elle ajouté devant les journalistes, estimant que le pouvoir devait "sans délai" engager un dialogue avec l'opposition.

afp/jbu

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Première victime au Yémen

Les contestations et violences se poursuivent au Yémen avec notamment la mort d'un opposant dans un affrontement armé avec des partisans du président Saleh dans la ville de Jouf, au nord-est de Sanaa.

Il s'agit de la première victime confirmée des violences politiques dans Jouf, chef-lieu de la province du même nom, frontalière de l'Arabie saoudite.

Le mouvement de contestation du président yéménite Ali Abdallah Saleh continue de s'étendre et les tribus, l'un des piliers de son régime, commencent à basculer dans l'opposition.

A Sanaa, le sit-in en cours depuis le 21 février place de l'Université s'est transformé en un immense camp de toile qui déborde sur les rues environnantes.

Les forces de sécurité ont bloqué tous les accès menant à la place à l'exception d'une entrée, pour tenter de limiter l'afflux des manifestants.

Des centaines de membres de tribus se sont joints ces deux derniers jours aux manifestants, installant des tentes marquées au nom de leurs provinces.