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Les forces pro-Kadhafi intensifient leur offensive

Les rebelles sont sous pression à Ajdabiya. [Goran Tomasevic]
Les rebelles sont sous pression à Ajdabiya. - [Goran Tomasevic]
La télévision d'Etat a annoncé mercredi soir que la ville d'Ajdabiya avait été "purgée" des rebelles. Les forces de Mouammar Kadhafi ont continué de pilonner les insurgés dans la journée et se rapprochaient toujours de Benghazi, le fief principal de l'insurrection dans l'Est de la Libye. Pendant ce temps, les Occidentaux restaient impuissants à faire cesser la répression.

La ville d'Ajdabiya, dernier verrou des rebelles libyens à 160 km au sud de leur fief de Benghazi dans l'Est du pays, a été "purgées" des insurgés, a annoncé mercredi soir la télévision d'Etat. La télévision a diffusé "des images de la ville d'Ajdabiya purgée des bandes de terroristes armés, mercenaires et terroristes liées à Al-Qaïda", a précisé la chaîne dans un bandeau.

Les autorités avaient déjà annoncé mardi qu'Ajdabiya était sous contrôle des forces gouvernementales. Mais selon des témoins, les combats se sont poursuivi dans la ville et aux alentours. "On a entendu des explosions toute la journée", a raconté un employé d'un hôtel. Selon un médecin de l'hôpital de la ville, au moins 26 personnes ont été tuées à Ajdabiya par les bombardements depuis mardi.

Les rebelles se préparent à l'offensive des forces loyalistes sur Benghazi. [KEYSTONE - Tara Todras-Whitehill]
Les rebelles se préparent à l'offensive des forces loyalistes sur Benghazi. [KEYSTONE - Tara Todras-Whitehill]

Les insurgés contrôlaient encore la route entre Benghazi et Tobrouk, à l'extrême est du pays, où tout semblait calme dans l'après-midi, selon des journalistes de l'AFP. A Benghazi, deuxième ville du pays et siège du Conseil national de transition (CNT) mis en place par l'opposition, une atmosphère de nervosité et de défiance prévaut. Certains prédisent un bain de sang alors que d'autres comptent sur les combattants insurgés pour tenir en échec l'offensive gouvernementale.

"Ecraser les ennemis"

Misrata, troisième ville de Libye située à 200 km à l'est de Tripoli, était elle aussi l'objet d'une offensive des forces de Kadhafi. Les combats ont fait au moins quatre morts et une dizaine de blessés. Mais des combattants antikadhafistes se sont dits résolus à se défendre malgré leur infériorité militaire.

Après un mois d'une révolte qui s'est transformée en guerre civile, le numéro un libyen Mouammar Kadhafi a affirmé mardi soir avec assurance qu'il allait "écraser les ennemis". L'armée a repris une série de villes côtières ces onze derniers jours.

Dans un communiqué diffusé à la télévision nationale, les forces armées qualifient cette offensive d'opération humanitaire destinée à sauver la population de "Benghazi la bien-aimée". L'armée a assuré que les soldats n'exerceront pas de représailles sur ceux qui se rendraient.

Pour Saïf al Islam, fils de Kadhafi, les forces régulières libyennes auront repris le contrôle de tout le pays dans moins de deux jours. "Les opérations militaires sont finies. Dans 48 heures, tout sera fini. Nos forces sont presque à Benghazi", a-t-il affirmé à la chaîne de télévision Euronews.

"Pas encore trop tard"

Les efforts diplomatiques visant à empêcher Mouammar Kadhafi d'écraser l'insurrection se sont enlisés. Les ministres des Affaires étrangères du G8 n'ont pas pu s'entendre sur la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye.

Des réfugiés continuent de fuir le pays, que ce soit en Tunisie, comme ici à Ras Ajdir, ou en Egypte. [KEYSTONE - Emilio Morenatti]
Des réfugiés continuent de fuir le pays, que ce soit en Tunisie, comme ici à Ras Ajdir, ou en Egypte. [KEYSTONE - Emilio Morenatti]

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, estime toutefois qu'il n'est "pas encore trop tard" pour intervenir en Libye. "Il faut se donner les moyens d'aider efficacement ceux qui ont pris les armes contre (la) dictature" de Kadhafi, écrit-il dans un billet publié mercredi sur son blog.

Ban Ki-moon veut un cessez-le-feu immédiat

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a exigé mercredi un cessez-le-feu immédiat en Libye. Dans une déclaration lue par son porte-parole, Martin Nesirky, Ban Ki-moon s'est dit "gravement préoccupé" par les signes d'un prochain assaut des forces de Mouammar Kadhafi contre Benghazi.

Bombarder la deuxième ville du pays "ferait courir des risques importants à la population civile", estime le secrétaire général de l'ONU.

Par ailleurs, un nombre croissant de Libyens franchissent la frontière égyptienne pour échapper aux troupes de Kadhafi, a encore indiqué le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.

agences/vkiss

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Quatre journalistes disparus

Le "New York Times" est sans nouvelle depuis mardi matin de deux journalistes et de deux photographes couvrant le conflit en Libye. Ils ont disparu dans la région d'Ajdabiya, selon le quotidien. Ils sont entrés pour la dernière fois en contact avec leur rédaction mardi de la ville d'Ajdabiya, dans l'est de la Libye, où les combats se sont poursuivis mercredi.

"Nous avons parlé à des responsables au sein du gouvernement libyen à Tripoli et ils nous ont déclaré qu'ils tentaient de déterminer l'endroit où se trouvent nos journalistes", a écrit Bill Keller, directeur de la rédaction du "New York Times", dans un communiqué. Le gouvernement libyen a assuré que si ces journalistes avaient été arrêtés, ils seraient immédiatement libérés sains et saufs.

Le quotidien indique avoir reçu "des informations de seconde main" selon lesquelles des membres du journal avaient été "emmenés par les forces gouvernementales libyennes" dans la ville d'Ajdabiya. La Maison Blanche a appelé mercredi les autorités au Moyen-Orient et en particulier celles en Libye à protéger les journalistes.

Un journaliste du quotidien britannique "The Guardian", arrêté récemment en Libye, a en revanche été libéré. Il se trouve "hors du pays, sain et sauf", a indiqué mercredi sans autre détail le chef de la rédaction du quotidien dans un message posté sur Twitter. De nationalité irakienne, ce journaliste avait été arrêté le 2 mars par les autorités libyennes pour "s'être rendu illégalement dans le pays", selon l'explication du ministère libyen des affaires étrangères.

Un journaliste brésilien d'un quotidien de Sao Paulo, arrêté en même temps, avait été libéré jeudi dernier en Libye après huit jours de détention.