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Libye: les forces de Kadhafi attaquent Benghazi

Après Ajdabiyah, les lance-missiles de l'armée libyenne attaquent jeudi le fief de l'opposition Benghazi. [Ahmed Jadallah]
Après Ajdabiyah, les lance-missiles de l'armée libyenne attaquent jeudi le fief de l'opposition Benghazi. - [Ahmed Jadallah]
Le régime libyen est aux portes de Benghazi, épicentre de l'insurrection dans l'est. Mouammar Kadhafi a affirmé jeudi que ses forces gouvernementales allaient attaquer la ville dans la soirée. De son côté, le Conseil de sécurité doit voter jeudi sur un projet de résolution imposant une zone d'exclusion aérienne.

Les forces loyales à Mouammar Kadhafi ont tenté de bombarder des positions de la rébellion à Benghazi, située à un millier de km à l'est de Tripoli, a indiqué la rébellion qui affirme avoir abattu deux avions. Il n'était pas possible dans l'immédiat de confirmer ces informations de source indépendante, alors que les forces fidèles au régime ont réussi dans leur contre-offensive à reprendre plusieurs villes ces derniers jours à coups de raids aériens et terrestres.

Le colonel Kadhafi a aussi affirmé jeudi soir que les forces gouvernementales allaient attaquer le bastion rebelle dans la soirée, dans un message sonore retransmis par la télévision libyenne.

Des informations contradictoires ont été également annoncées au sujet de la ville de Misrata, à quelque 200 km à l'est de Tripoli. Le régime affirme que ses forces armées s'en sont emparées, mais un porte-parole de l'opposition à Misrata a démenti.

Une résolution pour éviter un génocide

L'ambassadeur américaine à l'ONU Susan Rice lors de son intervention au Conseil de sécurité. [KEYSTONE - AP]
L'ambassadeur américaine à l'ONU Susan Rice lors de son intervention au Conseil de sécurité. [KEYSTONE - AP]

Les opérations contre Misrata et Benghazi, symbole de la révolte déclenchée le 15 février contre Kadhafi, avaient été annoncées ces deux derniers jours par le régime libyen qui s'est dit déterminé à mater l'insurrection. Elles surviennent à quelques heures d'un vote prévu au Conseil de sécurité de l'ONU sur un projet de résolution imposant une zone d'exclusion aérienne pour clouer au sol l'aviation utilisée fréquemment par les forces fidèles au colonel.

Soulignant l'urgence d'une intervention de la communauté internationale qui tergiverse, l'ambassadeur libyen adjoint à l'ONU Ibrahim Dabbachi, qui a fait défection, a affirmé dans la nuit que son pays avait besoin d'une résolution "dans les 10 heures" sous peine de "voir un vrai génocide".

"Un projet de résolution a été mis au point... Mais cela ne veut pas dire qu'il est gravé dans le marbre", a souligné un diplomate onusien selon lequel les 15 pays membres peuvent encore modifier le texte. L'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, a estimé que le Conseil de sécurité de l'ONU devrait envisager "d'aller au delà d'une simple zone d'exclusion aérienne".

La Libye fait pression avant le vote

Le vote à l'ONU doit intervenir dès 23h00 (heure suisse) selon une source diplomatique. Si un feu vert est donné, des raids aériens pourraient déjà intervenir dans la nuit de jeudi à vendredi. Mais le ministère libyen de la Défense a mis en garde jeudi contre toute opération militaire étrangère contre la Libye, menaçant de s'attaquer au trafic aérien et maritime civil et militaire en Méditerranée, a rapporté l'agence officielle Jana.

"Toute opération militaire étrangère contre la Libye va exposer tout le trafic aérien et maritime en Méditerranée au danger", selon un porte-parole du ministère. "Et tout élément mobile civil ou militaire sera la cible d'une contre-offensive libyenne", a-t-il ajouté. "Et le bassin méditerranéen sera exposé à un grave danger non seulement à court terme mais aussi à long terme."

Inégalité des forces

Une intervention militaire en Libye est-elle encore envisageable? [KEYSTONE - Jerome Delay]
Une intervention militaire en Libye est-elle encore envisageable? [KEYSTONE - Jerome Delay]

Selon la télévision d'Etat, "la ville de Zuwaytinah est sous contrôle des forces armées". Zuwaytinah se trouve à environ 150 km au sud de Benghazi, où siège le Conseil national de transition, l'instance dirigeante mise en place par les insurgés. "Les forces armées ont pris le contrôle de la ville de Misrata et la purgent actuellement des gangs criminels armés", a également dit la télévision, au lendemain de violents combats avec les rebelles qui ont fait au moins 22 morts selon la rébellion.

Le dirigeant libyen, fort des succès de ses forces nettement mieux armées que les rebelles, avait annoncé la veille une bataille décisive" pour prendre Misrata, troisième ville du pays peuplée de 500'000 habitants. Sourd aux appels à cesser la répression et à quitter le pouvoir après plus de quatre décennies de règne sans partage, Il a juré de réprimer la révolte dans le sang. Et l'opposition, qui réclame son départ, multiplie les appels à l'aide internationale pour s'en débarrasser.

Près de 300'000 personnes ont fui

La veille, les troupes du régime ont affirmé avoir repris Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de Benghazi, après une offensive à coups de raids aériens et de roquettes. Au moins 26 personnes y ont été tuées, a dit un médecin en parlant de "combats terrifiants". Outre le repli des insurgés plus à l'Est, cette percée des loyalistes a provoqué un flot sans cesse grandissant vers la frontière égyptienne de Libyens, entassés par familles entières dans des voitures ployant sous les bagages.

Des réfugiés continuent de fuir le pays, que ce soit en Tunisie, comme ici à Ras Ajdir, ou en Egypte. [KEYSTONE - Emilio Morenatti]
Des réfugiés continuent de fuir le pays, que ce soit en Tunisie, comme ici à Ras Ajdir, ou en Egypte. [KEYSTONE - Emilio Morenatti]

Près de 300'000 personnes ont fui le pays depuis le 15 février. La Croix-Rouge internationale a aussi retiré son personnel de Benghazi, disant être "extrêmement inquiète de ce qui arrivera aux civils". Dans l'Ouest, les troupes régulières ont attaqué mercredi à l'arme lourde au sud de la localité de Zenten, à 145 km de Tripoli, selon un témoin.

En revanche, la capitale Tripoli s'efforce de reprendre une vie normale après la répression meurtrière de manifestations fin février. Les enfants ont repris le chemin de l'école et boutiques, cafés et banques sont ouverts. Des embouteillages se forment à nouveau même si la plupart des hôtels et restaurants restent fermés.

agences/jzim

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Une "dernière chance" aux rebelles

L'armée libyenne a annoncé jeudi l'arrêt à partir de dimanche de ses opérations militaires contre l'insurrection, affirmant vouloir donner une "chance" aux rebelles pour qu'ils se rendent, à quelques heures d'un vote à l'ONU destiné à freiner la répression.

"Le comité général provisoire (ministère) pour la Défense a décidé d'arrêter les opérations militaires contre les bandes terroristes armées à partir de dimanche 00h00 (23h00 en Suisse) pour donner une chance (aux insurgés) de remettre leurs armes et qu'ils profitent d'une décision d'amnistie générale", a rapporté l'agence officielle Jana.

Washington redoute un retour de Kadhafi au "terrorisme"

Les Etats-Unis redoutent que le colonel Kadhafi "renoue avec le terrorisme et l'extrémisme violent" s'il l'emporte sur le terrain face aux rebelles libyens, a affirmé un haut responsable américain jeudi.

"Il y a un danger bien réel, si Kadhafi l'emporte sur le terrain, qu'il renoue lui même avec le terrorisme et l'extrémisme violent", a déclaré William Burns, le directeur politique du département d'Etat.

Il a par ailleurs reconnu "la possibilité que des groupes extrémistes" profitent de la rébellion en cours en Libye.